«Les systèmes Patriot sont quasiment les seuls qui ont fait leurs preuves de manière opérationnelle aujourd'hui»,
commente Benjamin Hautecouverture, Maître de Recherche, Fondation pour la recherche stratégique (FRS), avant d'ajouter:
«C'était attendu, ça ne représente pas une signification politique particulière de la Pologne dans le cadre de la construction européenne. On l'attendait depuis longtemps, avec une très belle offre.»
Quelques jours plus tôt, la Pologne déclarait vouloir acheter jusqu'à 150 missiles air-air Advanced Medium Range Air-to-Air Missiles (AMRAAM) fabriqué par l'américain Raytheon, un coût estimé à 250 millions de dollars:
«Ce n'est pas une arme véritablement nouvelle, c'est une nouvelle version de cet armement», explique Alexandre Vautravers, expert en sécurité et responsable du nouveau programme de master en sécurité globale au Global Studies Institute de l'Université de Genève.
De leur côté, les États-Unis sont prêts à vendre des services de soutien et de maintien pour la flotte de F-16 polonais, qui «ont fondé leur politique conventionnelle de dissuasion» sur ces appareils, qui côtoient par ailleurs «le reste des Sukhoi su-22 et MiG-21» dans l'armée de l'air polonaise.
Un avis que partage également Alexandre Vautravers, qui rappelle que
«la Pologne est équipée de plus de quatre cents chars de combat allemands. Elle a fait le choix de la Scandinavie pour s'équiper en véhicules blindés de transport de personnels. Donc dire que la Pologne achète américain, mais pas européen, c'est démenti dans les faits.»
Une orientée confortée par le choix de Varsovie d'intégrer, l'année dernière, une «coopération structurée permanente» (CSP), décidée par le Conseil de l'UE. Un projet qui permet aux 25 états signataires de «développer conjointement les capacités de défense, d'investir dans des projets communs et d'investir dans des projets opérationnels des armées et augmenter les budgets de défense», précise M. Hautecouverture.
Pourtant, on se souvent du séisme diplomatico-commercial provoqué par l'annulation unilatérale des négociations concernant les 50 hélicoptères Caracal, représentant près de 3,1 milliards d'euros, en octobre 2016.
«Là, on peut effectivement se dire qu'on doit pouvoir faire une lecture politique de cette suspension», note Benjamin Hautrecouverture.
«Le gouvernement qui avait choisi Airbus était un gouvernement de coalition libérale, mais qui a été battu en 2015 par le parti Droit et Justice de Kazimirski, conservateur, eurosceptique et souverainiste.»
S'ajoute à ce changement politique, le fait que
«le constructeur d'hélicoptère Black Hawk était très présent en Pologne», que la «pression diplomatique américaine [était] extrêmement forte contre l'offre Airbus hélicoptères.»
Finalement, s'il y a «une tendance de la Pologne à se rapprocher de l'Otan, des solutions américaines», plutôt «que d'une Europe de la défense», c'est peut-être parce que pour le moment elle «n'a pas vraiment vu le jour de manière opérationnelle», conclut M. Hautecouverture.