La préparation d’un reportage traitant des élections présidentielles russes par un journaliste de la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF) pose, une nouvelle fois, la question de la neutralité des médias mainstream. En effet, pour réaliser son reportage, ce journaliste recherchait une personne russophone capable de traduire les propos exprimés par les citoyens en interviews ou dans les «micros-trottoirs» en Russie. Une traductrice que l’on nommera Vera a donc proposé son aide au journaliste, car, pour elle, «cela représentait une très bonne opportunité».
Sputnik a contacté le journaliste qui n'a pas souhaité répondre à nos questions. Néanmoins, peu importe l'angle du reportage, qui reste à la discrétion de chaque journaliste. On peut se demander de quoi ce biais idéologique envers la Russie est-il le nom.
Méconnaissance de la politique russe?
Si le résultat de l'élection ne faisait effectivement aucun doute, les arguments avancés pour démontrer cet état de fait restent discutables: propagande et régime autocratique. Les prévisions de certains médias ont été parfois pour le moins hasardeuses et ont souligné une méconnaissance de l'échiquier politique russe. On pourrait citer l'exemple de France Infos qui décrivait Ksénia Sobtchak comme la candidate la plus dangereuse. Elle terminera 4e avec 1,68% des voix…
#OnNeRitPas
— Thierry MARIANI ن (@ThierryMARIANI) 18 марта 2018 г.
Félicitations au «spécialiste» de la #Russie pour son analyse perspicace: cette candidate qui est la plus dangereuse et qui a même fait,toujours d’après ce spécialiste, «trembloter #Poutine» finit…4ème avec 2% des voix #OnVousEnfume https://t.co/lq2X6nqnAY
Peu d'intérêt pour l'opinion de ses habitants?
Peu de médias se sont intéressés à l'expression du point de vue du peuple russe, sauf pour trouver des voix expliquant que les «élections étaient une mascarade» ou une «vaste blague», etc. Pourtant, 56 millions de Russes ont voté pour Vladimir Poutine; avec 76,69% des voix, il réalise son plus gros score, avec une participation de près de 67%, qui ôte tout doute quant à la légitimité du scrutin. En outre, le vote des jeunes est très rarement analysé. Comment expliquer que d'après certains sondages officiels publiés avant l'élection, 70% des 18-24 ans déclaraient vouloir voter pour Vladimir Poutine? Une génération acquise à la cause d'Internet, temple de l'information alternative, donc plus éloignée d'une éventuelle propagande des médias d'État traditionnels Russes.
«Si vous additionnez le score de Poutine, de Groudinine [candidat communiste, ndlr] et celui de Jirinovski [candidat nationaliste, ndlr], vous arrivez à un score important de candidats [plus de 94%, ndlr] qui, tout en ayant des idéologies différentes, ne sont pas pro-occidentaux, pro-libéraux, etc. Donc, l'influence du modèle de société ouverte, libérale, multipartite à l'occidentale, ne semble pas beaucoup tenter les Russes.»
Comportement grégaire ou biais idéologique?
Certains médias ont donc, que ce soit par comportement grégaire ou tout simplement par biais idéologique, traité la présentielle russe uniquement sous l'angle de la fraude. Tous les points énoncés ne méritaient-ils pas de s'y attarder un tant soit peu ailleurs que sur Sputnik? Le scrutin quant à lui a bien connu des cas irrégularités (2.300 ont été répertoriés par l'ONG russe Golos). Or le recensement de ces irrégularités a été facilité par la présence, dans chaque bureau de vote, de caméras installées par… le gouvernement russe, un dispositif unique au monde à notre connaissance, ce qu'aucun de nos confrères n'a jugé utile de souligner.