Spectaculaire plongée à bord du sous-marin le plus silencieux du monde

© Sputnik . Andrei Stenavov / Accéder à la base multimédiaПодводная лодка "Новороссийск"
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Même si les destroyers de l'Otan sont au courant de la présence d'un appareil de ce type, leurs sonars ultrasensibles sont souvent incapables d'établir sa position. La veille de la Journée des sous-mariniers, Sputnik a visité le bâtiment de tête Novorossiïsk à Sébastopol, parlé à son commandant et établi dans quelles circonstances les sous-marins classiques étaient plus performants que leurs homologues nucléaires.

Un sous-marin de caractère

A première vue, il pourrait sembler que le Novorossiïsk, amarré au quai par des câbles, somnole paisiblement. Mais à l'intérieur, dans les compartiments cachés des regards extérieurs, les officiers chargés du quart sont en service, les générateurs à diesel claquent et les nombreux mécanismes du bâtiment poursuivent leur travail en ronronnant.

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Sous-marin Novorossiïsk - Sputnik Afrique
Sous-marin Novorossiïsk

La principale et seule entrée dans le sous-marin est un puits vertical avec une échelle. Il est assez difficile de la descendre pour un homme non-expérimenté, qui porte par ailleurs des vêtements d'extérieur et un grand sac à dos avec des équipements photographiques. On peut même se coincer de manière assez gênante. Pour éviter un tel embarras, les sous-mariniers expérimentés conseillent de porter ses bagages au-dessus de sa tête. La descente m'a pris près de deux minutes. Selon les standards, six officiers de quart doivent quitter le banc en 20 secondes en cas de submersion urgente. Le commandant est toujours le dernier à descendre et à fermer la porte. Aucun retard n'est possible: 20 secondes plus tard, le blockhaus plonge dans l'eau.

Ce puits vertical nous mène au deuxième compartiment où se trouve le poste central. Ce dernier rassemble les commandes de tous les systèmes principaux, des appareils hydroacoustiques et de navigation, des blocs radioélectriques et le poste de travail du bosco qui surveille la position des gouvernes. Qui plus est, on voit ici les «yeux» du navire: un périscope optique rotatif. Les postes de contrôle des armes se trouvent à proximité, dans une section isolée. Les armes sont nombreuses: le Novorossiïsk peut porter tout un arsenal de mines, de torpilles et de missiles de type Kalibr, capables de frapper des cibles maritimes et terrestres. Les six tubes lance-torpilles de 533 mm situés au nez du bâtiment sont «omnivores» et constituent donc un système universel de lancement.

Le Novorossiïsk est le premier des six sous-marins construits de ce projet. Il a été mis à l'eau en juin 2014 et est actuellement stationné à Novorossiïsk. Ensuite la Flotte de la mer Noire a reçu ses cinq frères: Rostov-sur-le-Don, Stary Oskol, Krasnodar, Veliki Novgorod et Kolpino. Rostov-sur-le-Don est le premier sous-marin de la Marine russe à avoir lancé une frappe de missiles contre un adversaire réel. En décembre 2015, tous les missiles Kalibr qu'il a tirés ont atteint leurs cibles en Syrie. Ces sous-marins se sont avérés si performants qu'il a été décidé de construire encore six bâtiments de ce type pour la Flotte du Pacifique.

«Tout navire a son propre caractère, affirme le capitaine Konstantin Tabatchny, commandant du Novorossiïsk depuis sa mise à l'eau. Notre groupe est constitué de six sous-marins, et je vous assure que leurs commandants ressentent la différence en mer, bien qu'il s'agisse d'appareils du même projet. Même l'amarrage de chaque navire est une procédure assez individuelle, qui n'est pas liée au niveau d'entraînement de l'équipage».

Des appareils furtifs universels

Le compartiment des générateurs diesel nous accueille avec un bruit assourdissant et une odeur d'huile de moteur. Il est impossible d'y parler normalement, tout le monde est obligé de crier. Ce qui est facilement compréhensible: dans un espace fermé et assez réduit se trouvent deux générateurs diesel d'une puissance de 1 500 kW chacun. Le moteur électrique principal de propulsion affiche une puissance de 5 000 ch. Derrière la chambre des machines se trouve le compartiment électrique avec une constellation de tableaux de contrôle, d'indicateurs et d'interrupteurs.

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à bord du sous-marin Novorossiïsk  - Sputnik Afrique
à bord du sous-marin Novorossiïsk

Le commandant Tabatchny est un partisan fervent des sous-marins à propulsion diesel-électrique, bien qu'il respecte les sous-mariniers des bâtiments nucléaires, parmi lesquels il a beaucoup d'amis. «Les bâtiments nucléaires sont les navires de l'avenir. Ils sont très propres, tout comme leur équipage. Nous n'avons rien de ce genre. A mon avis, tout sous-marinier doit servir un temps à bord d'un bâtiment diesel. Il ne peut tout simplement pas se considérer comme un sous-marinier avant qu'il ne ressente cet espace réduit et l'odeur du gazole. Globalement, le projet 636.6 est très efficace. Nous avons les mêmes armes que les sous-marins nucléaires", souligne le capitaine.

Les sous-marins à propulsion diesel-électrique ont en effet beaucoup d'avantages. Ils sont plus compacts, peuvent agir en eaux peu profondes, déployer des nageurs de combat ou des saboteurs, se poser sur le sol et miner les passages étroits. Les systèmes modernes de survie lui permettent de rester submergé pendant cinq jours, et son autonomie générale atteint 45 jours.

Qui plus est, ces sous-marins font beaucoup moins de bruit. De ce point de vue, le projet 636.3 est le meilleur du monde: il n'y a pas de sous-marins plus silencieux. Selon Tabatchny, lors de longs déplacements le Novorossiisk est souvent accompagné d'une «escorte d'honneur» composée des corvettes et des frégates de l'Otan. Ces dernières perdent pourtant tous les traces du sous-marin après sa submersion. Ainsi, un destroyer américain a été incapable de repérer le bâtiment russe pendant trois jours, jusqu'à ce que ce dernier regagne la surface.

Certains affirment que lors de ses manœuvres furtives il est interdit de parler à haute voix à bord du sous-marin, mais c'est faux. Même les sonars les plus performants de l'adversaire ne sont pas en mesure de capter les conversations à l'intérieur d'une coque très épaisse et couverte de caoutchouc. Le bruit repérable est d'habitude produit par les nombreux systèmes de bord, qu'on tente généralement d'éteindre pour ne laisser que ceux qui sont strictement nécessaires.

Un foyer sous-marin

Les compartiments résidentiels du Novorossiïsk sont compacts et même confortables à leur manière. La salle d'équipage est vraiment minuscule: son volume est comparable à celui du salon d'un 4x4. C'est le territoire des officiers: on y organise des séances de travail, des déjeuners et des réunions. On voit sur un mur un grand tableau de la forteresse Pierre-et-Paul. Selon la signature, il s'agit d'un cadeau du ministre de la Défense Sergueï Choïgou. Sur un autre mur: une plaque dorée avec les noms des membres du premier équipage de Novorossiïsk, un drapeau plié avec la croix de Saint André et une icône orthodoxe.

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à bord du sous-marin Novorossiïsk

En face se trouve le compartiment d'équipage. Il rappelle un wagon de deuxième classe avec des banquettes plus courtes et étroites situées l'une au-dessus de l'autre. Les lits sont faits de manière méticuleuse. Les marins passent pratiquement tout leur temps libre sur leurs banquettes, car les passages et les corridors sont trop étroits pour aller se promener. «Si un homme n'est pas en service, on ne lui recommande pas de se déplacer à bord du sous-marin. Couche-toi, repose-toi, respire moins d'air», s'amuse le commandant.

Il n'existe à bord du Novorossiïsk aucune discrimination selon les fonctions. Pour le commandant, tous sont égaux, qu'il s'agisse d'un adjudant mécanicien couvert d'huile ou d'un navigateur avec un diplôme d'études supérieures. L'élite est, selon lui, formée de ceux qui connaissent bien leur métier et font leur travail de manière responsable. Il tente toujours de garder ses subordonnés, bien que cela ne soit pas toujours possible. Par exemple, son second expérimenté vient de quitter l'équipage pour devenir le commandant du Krasnodar. Il a été remplacé par le lieutenant-chef Alexandre Doudoukine, 27 ans, qui est désormais l'officier en second le plus jeune de cette brigade isolée des sous-marins de la Flotte de la mer Noire. «Selon la hiérarchie de bord, l'officier en second est de fait le vice-commandant. Avant, j'ai été navigateur et adjoint. Il s'agit naturellement d'une responsabilité énorme, j'ai beaucoup de nouveaux soucis, mais je suis heureux de cette promotion», indique Doudoukine.

En général, les équipages des sous-marins sont plus soudés que ceux des bâtiments de surface. Ils ont un sentiment de responsabilité plus marqué car chacun comprend que l'erreur d'une personne pourrait se répercuter sur plusieurs dizaines d'autres. L'auteur de cette erreur n'est pas vraiment important: qu'elle soit celle d'un matelot ou du commandant, les conséquences peuvent être fatales dans tous les cas. Une subordination stricte, le respect mutuel et la volonté d'aider ses camarades sont les trois fondements cruciaux du métier sous-marin. Ceux qui refusent de le comprendre quittent rapidement ces bâtiments.

«Chaque matelot sait que je suis commandant et que mes ordres doivent être appliqués sans aucune objection. Un matelot ne doit même pas penser quelles sont les raisons de tel ou tel ordre. Si je dis qu'il faut ouvrir une vanne, il faut le faire. La démocratie est inutile à bord du sous-marin. Dans tous les cas, nous arrivons à maintenir des relations humaines et amicales. Nous n'avons pas d'échelles ou de W.C. spéciaux. On partage tout, comme dans une grande famille», souligne Tabatchny.

L'adjudant Nikolaï Sonine, 29 ans, s'est fait transférer à Novorossiïsk depuis une brigade de l'infanterie de marine et ne regrette pas sa décision. «Ici, je gère les torpilles. La nourriture est assez inhabituelle, on a plus de travail et moins d'entraînement physique. Je ne fais pas vraiment attention à l'espace clos, car je n'ai pas tout simplement assez de temps pour cela», reconnaît-il. Les sous-mariniers sont en effet bien nourris: deux cuisiniers de bord leur proposent un menu riche qui comprend notamment 50 grammes de vin rouge par jour et du caviar rouge.

Un vieux pull-over

Comme tous les autres marins, ils ont également leurs traditions spéciales, dont la principale est le rite d'initiation. Tout le monde doit le passer sans aucune exception. «Nous avons la capacité technique d'absorber l'eau environnante à n'importe quelle profondeur, explique le commandant. Ceux qui partent pour leur première plongée, sont appelés au poste central. On met dans une boite de l'eau salée profonde que les nouveaux arrivés doivent boire sans laisser tomber une goutte. On les observe attentivement. Ensuite on leur offre solennellement le certificat de sous-marinier avec un sceau et les coordonnées du lieu d'initiation, un poisson séché et salé, ainsi qu'une boîte de lait concentré. C'est une expérience inoubliable».

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Tabatchny dit ne pas vraiment croire aux présages, mais préfère sortir en mer en portant son vieux pull-over de laine à col roulé, et n'aime pas le faire les lundis. Dans ce dernier cas, son raisonnement est très simple: l'équipage n'arrive à reprendre son rythme de travail après le week-end, est moins attentif et concentré, ce qui pourrait se répercuter sur son travail.

Novorossiïsk devrait bientôt larguer les amarres et partir pour une nouvelle mission. Malgré ces conditions de travail difficiles, les sous-mariniers sont des personnes joviales qui aiment sincèrement leur métier. Les blagues et les sourires ne sont pas considérés ici comme un signe de légèreté. Tout marin expérimenté sait que l'humour est aussi important que l'air lors d'un long voyage autonome, il est un élément de survie.

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