Qui s’ingère dans la guerre au Yémen?

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Le conflit au Yémen s’installe dans la durée, et aucune issue ne semble en vue. Quelles ingérences se cachent derrière les soutiens des différents belligérants? L’écrivain Fayçal Jalloul et le chercheur Kader Abderrahim sont les invités du Clash.

Depuis 2014, la guerre civile yéménite s'enlise et les jeux d'alliances se complexifient. Au front initial entre le gouvernement appuyé par la coalition saoudienne, et les rebelles Houthis soutenu par l'Iran, s'ajoute une lutte entre le gouvernement et ses anciens alliés séparatistes du sud, proches des Émirats arabes unis. D'après l'ONU, il s'agit ni plus ni moins de la «pire crise humanitaire au monde». Le Royaume-Uni, appuyé par la France et les États-Unis, entend sanctionner l'Iran pour avoir violé l'embargo sur l'envoi d'armes dans la région. Mais les puissances occidentales vendent elles-mêmes des armes à l'Arabie saoudite qui sont responsables de la mort de milliers de civils. Dans ce conflit qui met en scène la rivalité régionale entre l'Iran et l'Arabie saoudite, quels enjeux posent ces questions d'ingérence?

Rachel Marsden reçoit Fayçal Jalloul, écrivain, spécialiste du Moyen-Orient et chercheur à l'Académie de géopolitique de Paris, et Kader Abderrahim, maître de conférences à Sciences Po et directeur de recherche à l'IPSE (Institut prospective et sécurité en Europe).

Fayçal Jalloul juge que le conflit a été déclenché «parce que les Saoudiens voulaient imposer aux Yéménites un redécoupage du pays en cinq provinces indépendantes. Ce faisant, ils espéraient dominer l'une d'entre elles qui est stratégique car elle permet de faire passer le pétrole saoudien directement jusqu'à l'Océan Indien sans passer par le détroit d'Ormuz ou celui de Bab-el-Mandeb.»

Kader Abderrahim estime lui aussi que c'est le royaume saoudien qui est à l'origine du conflit: «Il faut inscrire cette guerre dans un rapport de force régional et une recomposition géopolitique régionale qui est en plein processus. Cette confrontation entre l'Arabie saoudite et l'Iran n'est pour le moment pas directe et rappelle beaucoup des éléments de la guerre froide, c'est ce qu'on appelle un conflit par proxy. Et malheureusement ce sont les Yéménites qui en paient le prix. La majorité des victimes sont civiles. On a du mal à comprendre comment les Nations unies n'ont toujours pas condamné l'action de l'Arabie saoudite, qui est un pays puissamment armé, équipé et bénéficiant d'un appui diplomatique extrêmement important.»

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