Umm Ammar qui a perdu dans la guerre contre Daech cinq membres de sa famille qu'elle a enterrés elle-même a raconté son histoire à Sputnik.
«Mon mari est mort le premier. Notre fils Bachar al-Abidi, âgé de 36 ans, l'a suivi. Il était prédicateur dans une mosquée. Les terroristes avaient essayé de lui faire rejoindre Daech, mais il a refusé net. Aussi l'ont-ils exécuté», s'est souvenue l'interlocutrice de l'agence.
Et d'ajouter que lors des bombardements de la ville pendant sa libération, l'épouse de Bachar avait été blessée.
«Elle en reste estropiée et ne peut plus marcher. Leurs enfants sont pratiquement orphelins. Ils ne mangent pas à leur faim et se fatiguent énormément à force d'aider leur mère. Ils la soutiennent et la sortent dans la rue», a poursuivi la femme.
Elle regrette qu'on ne puisse pas parler cette année de l'air pur, l'odeur fétide des corps en décomposition régnant dans toute la ville.
«Plus tard, mon fils Saleh a été tué. Il n'avait que 22 ans. Il avait essayé d'extraire notre voisin des décombres de sa maison après une frappe aérienne, alors que les combats se poursuivaient dans la rue. J'ai dû l'enterrer dans la maison même», a dit Mme Ammar.
Sa tombe est recouverte de deux tapis que montre la femme sur la vidéo tournée par Sputnik.
Umm Ammar a raconté avoir aussi inhumé sa fille et son mari qui avaient été tués lors d'une frappe aérienne. On nous disait que la coalition délogeait ainsi les terroristes de Daech, mais elle tuait en permanence des civils, dont beaucoup sont restés pour toujours sous les décombres de leurs maisons.
L'histoire d'Umm Ammar n'est pas du tout exceptionnelle pour Mossoul, beaucoup d'habitants de cette grande ville autrefois prospère se trouvant à peu près dans la même situation. Elle demande aux ONG, aux bénévoles et à toutes les personnes qui ne sont pas indifférentes de venir pour aider les habitants à mettre des morts en terre, les morts qui n'ont pas encore de sépulture.