«M.Macron falsifie les faits historiques en les utilisant comme un instrument de politique intérieure. C'est une approche inadmissible. Ce n'est pas aux politiciens d'adopter des décisions de ce genre. C'est à l'Histoire d'examiner les événements de 1915. Il ne s'agit pas d'un génocide.»
Devant près de 500 personnes, le Président a réaffirmé sa position sur le dossier arménien et a promis qu'il inscrirait au calendrier une journée de commémoration des victimes du génocide de 1915. S'il a refusé de condamner la Turquie comme l'auteur de ce génocide, Emmanuel Macron a de plus déclaré:
«Il est essentiel en effet, que la représentation nationale se ressaisisse dans les prochains mois de ce sujet [la pénalisation de la négation du génocide arménien, ndlr] et à nouveau, le porte jusqu'à son terme».
À l'instar de ses prédécesseurs Nicolas Sakozy et François Hollande, le Président veut que les institutions françaises adoptent une loi qui punirait ceux qui conteste l'existence du génocide arménien de 1915.
En effet, à la suite de la reconnaissance de ce génocide par l'Assemblée nationale en janvier 2001, les députés avaient voté une loi criminalisant les dénis des génocides en 2012. Mais quelques mois avant la fin de son mandat, Nicolas Sakozy avait vu le Conseil des sages rendre cette loi anticonstitutionnelle. L'histoire s'est renouvelée en 2017 sous le mandat de François Hollande.
Considérant que le souhait d'Emmanuel Macron est une «initiative inacceptable», le vice-président du parlement turc rappelle que ce n'est pas à la juridiction d'un État de définir les massacres d'arméniens de 1915 comme un génocide:
«La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a adopté en 2015 une décision très importante sur ce dossier. Le gouvernement suisse et le citoyen turc Dogu Perincek ont été parties au procès. La Cour a décrété que le tribunal suisse avait violé la liberté de parole en condamnant Dogu Perincek à la privation de liberté vu son refus de reconnaître les événements de 1915 comme un génocide. En 2017, la CEDH a prononcé un verdict analogue.»
Mécontent des annonces d'Emmanuel Macron, Ahmet Aydin rappelle de plus que les Nations unies estiment que seul un tribunal international compétent peut considérer un certain évènement comme un génocide. Et il ajoute:
«Il devient clair que ces initiatives évoquant les aspects historiques et juridiques en vue de satisfaire les intérêts politiques intérieurs sont infondées, illégales et inadmissibles. Les politiciens doivent contribuer à réunir les conditions nécessaires pour le consensus et le dialogue au lieu de tolérer des falsifications et des spéculations dans l'interprétation des sujets prescrivant un examen historique minutieux.»
Si aucune menace n'a encore été proférée par les officiels trucs contre leurs homologues français, il faudra attendre le jour du vote au parlement, comme cela a pu être le cas en 2012 où Ankara avait menacé Paris de sanctions.
Mais un autre homme politique turc n'a pas attendu ce jour. En effet, Yusuf Halacoglu, ex-président de la Turkish Historical Society et député du Bon parti (IYI Parti), a confié à Sputnik les mesures que pourrait adopter son pays si la France votait pour la pénalisation de la négation du génocide arménien:
«La décision du parlement [français, ndlr] ne sera pas juridiquement valable. Si une telle décision est adoptée, nous pourrons entreprendre des démarches appropriées. Par exemple, nous reconnaîtrons comme génocide leurs actes en Algérie, au Rwanda.»