Le bras de fer entre Ankara et Washington s'est récemment intensifié sur fond d'informations attestant que le Pentagone était en train de réarmer les Kurdes des Forces démocratiques syriennes. Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a déclaré que la Turquie était prête à intervenir militairement à Afrin et Manbij, en Syrie, en réponse à la menace que représentent les Kurdes. Selon lui, les États-Unis mettent sur pied une «armée terroriste» en guise de forces frontalières dans le nord de la Syrie. Rex Tillerson a cependant démenti les informations selon lesquelles les États-Unis avaient l'intention de créer des forces frontalières kurdes.
Un partenaire couvert de sang
Quelques jours après que Donald Trump a reconnu Jérusalem comme capital d'Israël, en suscitant ainsi la colère et l'indignation de plusieurs pays musulmans, Recep Erdogan a pris la parole pour critiquer cette décision. Il s'en est également pris à Israël en le qualifiant d'«État terroriste» qui «tue des enfants».
«Israël est un État terroriste, oui, terroriste! Occuper et tuer: c'est tout ce qu'ils savent faire […] En reconnaissant Jérusalem en tant que capitale d'Israël, les USA assument une part de responsabilité pour le sang qui est versé aujourd'hui», a déclaré le président turc en décembre dernier.
Les complices des terroristes?
En novembre 2017, le Président turc a férocement critiqué les actions des États-Unis en Syrie, en accusant Washington de financer Daech et de ne pas tenir leurs promesses de retirer les forces kurdes syriennes des régions libérées des terroristes.
«Les États-Unis nous ont beaucoup déçu. Ils ont dit qu'ils se battaient contre Daech, mais ils ont fait quoi? Énormément de dollars ont été donnés à Daech… Nous ne voulons pas entrer dans une alliance avec eux à Afrine», a déclaré M. Erdogan.
Les liens turco-américains «perdent de leur validité»
La condamnation par la justice américaine du banquier turc Mehmet Hakan Atilla, accusé d'avoir aidé l'Iran à contourner des sanctions, a monté d'un cran les tensions entre les deux pays, en poussant Recep Erdogan à remettre en cause la validité de leurs relations bilatérales.
«Si c'est la manière dont les États-Unis conçoivent la justice, alors le monde est condamné […] Que les États-Unis nous excusent, mais les lois dans nos relations bilatérales et les accords bilatéraux entre nous perdent de leur validité. Je suis désolé de le dire, mais ce sera comme cela à partir de maintenant», a-t-il dit.
Le ministre turc des Affaires étrangères a qualifié cette décision d'«ingérence sans précédent dans les affaires intérieures du pays».
Une «mare de sang»
En février 2016, l'ambassadeur américain en Turquie, John Bass, a été convoqué par les autorités turques après que le porte-parole de la diplomatie américaine John Kirby a déclaré que Washington ne considérait pas les Kurdes syriens comme des terroristes et les a qualifiés de «combattants efficaces dans la lutte contre l'Etat islamique».
Le Président n'a alors pas hésité à accuser les États-Unis d'être incapable de percevoir la «vraie nature» du Parti kurde de l'union démocratique (RYD).
«Depuis que vous refusez de les reconnaître (comme une organisation terroriste, ndlr), la région s'est transformée en une mare de sang», a martelé M. Erdogan.
Le refuge d'«un terroriste»
Recep Erdogan a, à plusieurs reprises, critiqué les États-Unis de protéger l'ex-imam Fethullah Gulen, soupçonné d'avoir ordonné la tentative de coup d'Etat du 15 juillet 2016. M.Gulen, leader de l'organisation FETO, est exilé en Pennsylvanie depuis 1999.
«Les Etats-Unis devront tôt ou tard faire un choix. Soit la Turquie, soit la FETO. Soit la FETO qui organise des putschs terroristes, soit la Turquie démocratique. Ils devront faire leur choix», a déclaré le Président turc.
Depuis plusieurs années la Turquie insiste sur l'extradition de Fethullah Gulen. Les États-Unis n'y ont toujours pas consenti, ce qui ternit les relations entre ces deux pays.