"L’Afrique change de postulats" alors que "l’Occident reste dans une vision colonialiste"

CC BY 2.0 / Jon Evans / rwandaRwanda (archive photo)
Rwanda (archive photo) - Sputnik Afrique, 1920, 09.08.2022
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Alors qu’Antony Blinken effectue son périple en Afrique, un chercheur en relations internationales algérien commente pour Sputnik les perspectives de ce voyage. De son avis, Washington et l’Occident restent dans une optique colonialiste, tandis que l’Afrique n’est plus encline à suivre les puissances coloniales.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken se rend en Afrique pour essayer de rétablir les liens après plusieurs fiascos militaires et diplomatiques de son pays, mais l’Afrique ne s’aligne plus derrière les anciennes puissances coloniales dont le Royaume-Uni, la France et les États-Unis, a déclaré à Sputnik Ahmed Kateb, chercheur en relations internationales algérien.
"Les Européens, les Occidentaux, l’Occident anglo-saxon atlantiste restent toujours dans une optique, dans une vision colonialiste sinon néocoloniale. Ils prennent de très haut les Africains en prétendant être des donneurs de leçons […]. Mais l’Afrique a ses propres intérêts et change un petit peu de postulats", indique M.Kateb.
Le déplacement d’Antony Blinken, qui entend visiter trois pays -l’Afrique du Sud, la République démocratique du Congo et le Rwanda- est une démarche qui "s’inscrit dans un ballet diplomatique" après la visite d’Emmanuel Macron sur le continent et après la tournée du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov dans plusieurs pays africains et surtout à Addis Abeba, siège de l’Union africaine, rappelle l’expert.
Le secrétaire d’État voudrait "essayer de convaincre, de rétablir des liens, surtout avec Pretoria, avec l’Afrique du Sud, et entraîner les Africains dans le sillage des choix occidentaux et atlantistes" après "plusieurs fiascos militaires, plusieurs couacs diplomatiques" des États-Unis.
Mais "aujourd’hui, de nouveaux acteurs arrivent" alors que les puissances coloniales comme la France et surtout le Royaume-Uni, affichent une "perte de vitesse" et qu’on voit "le reflux des États-Unis d’Amérique".
Une politique plus indépendante
Beaucoup de pays africains n’ont pas condamné l’opération militaire spéciale lancée par la Russie en Ukraine en février, bien que les Occidentaux la qualifient d’agression, note l’expert.
"L’Algérie, le Mali, le Sénégal, l’Afrique du Sud, le Rwanda, Madagascar, le Soudan, n’ont pas condamné ce qui se passe en Ukraine à l’Assemblée générale de l’Onu. Et cela c’est une première. On avait l’habitude de voir les pays africains s’aligner tous derrière les anciennes puissances coloniales: Grande-Bretagne, France et États-Unis. Maintenant l’Afrique raisonne d’elle-même".
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