"Je vais la terminer": une collégienne agressée et filmée confie avoir eu "peur de mourir"

Filmer avec un smartphone, image d'illustration - Sputnik Afrique, 1920, 20.11.2021
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La violence de trois mineures sur une autre collégienne de 13 ans a coûté à cette dernière un mois d’incapacité totale de travail. Alors que le harcèlement touche l’enfant d’un quart des Français, l’adolescente raconte les détails de l’attaque au Parisien.
Sarah (le prénom a été modifié) a été agressée le 9 novembre à Albertville, en Savoie, non loin du collège Jean-Moulin. Trois assaillantes l’ont rouée de coups et l’ont filmée. Ses parents ont porté plainte et une enquête a été ouverte le 19 novembre pour "violences en réunion sur mineur".
La collégienne de 13 ans et demi raconte au Parisien qu’elle arrivait au collège lorsqu’un groupe de jeunes a croisé son chemin. Trois agresseurs, "plus grandes" que Sarah, de 15 ou 16 ans, étaient en train de "rigoler" en l’insultant.
"On m’a prise par les cheveux et on m’a balancée par terre. On m’a mis des coups de pied dans les jambes, le dos, le ventre… J’essayais de me protéger la tête. Elles m’ont frappée de partout. Sans pitié", s’est-elle souvenue. "Je ne pouvais rien faire pour me défendre. Un garçon qui les accompagnait filmait tout ça. Il rigolait lui aussi."
Le fait que la scène se déroulait devant une caméra semblait les encourager. Les passants adultes n’intervenaient pas.
"À un moment, une des filles a dit: +Je vais la terminer+", a poursuivi Sarah. "En connaissant ces filles, je savais qu’elles pouvaient aller très loin. Donc oui, j’ai eu très peur de mourir."
Finalement, un camarade s’est interposé. L’adolescente tabassée a passé 30 jours en incapacité totale de travail, indique Le Parisien.
La séquence a été ensuite diffusée sur les réseaux sociaux. L’enquête porte aussi sur l’"enregistrement et diffusion d’images relatives à la commission d’une atteinte volontaire à l’intégrité d’une personne".
Selon la collégienne, l’attaque s’est déroulée car elle a demandé aux jeunes de sa commune de ne pas évoquer l’agression sexuelle qu’elle avait subie en mai dernier.

Conséquences et risques

Le harcèlement scolaire peut varier de psychologique et verbal à physique, au moins la moitié des victimes ne confient jamais l’avoir vécu. D’après une étude Ifop, l’enfant d’un quart des Français (24%) a été harcelé.
Plus de 90% des Français estiment que le problème du harcèlement scolaire n’est "pas appréhendé à sa juste mesure par les pouvoirs publics".
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Ses conséquences peuvent être variées. Le mineur risque de perdre son estime de soi, ses notes scolaires peuvent se dégrader. L’absentéisme, des maladies psychosomatiques, les lésions physiques et la dépression figurent également parmi les conséquences possibles du harcèlement à l’école, met en garde l’association Marion La main tendue, se référant au psychologue Dan Olweus.
Vraisemblablement victime de harcèlement dans un collège privé, une adolescente de 14 ans s’est donné la mort dans la région de Lorient, dans le Morbihan, plus tôt en novembre. D’autres élèves auraient partagé des clichés dénudés de ses amies et d’elle sur Snapchat.
La crise sanitaire a en outre fait grandir le phénomène de l’antisémitisme comme source d’inspiration des discours haineux, surtout en ligne, selon un rapport de l’Agence européenne des droits fondamentaux.

Mesures de lutte

Emmanuel Macron a annoncé le 18 novembre de nouvelles mesures pour contrer le harcèlement scolaire, en reconnaissant qu’il "sévit toujours à l’école" en dépit des efforts appliqués. Le Président a notamment évoqué le lancement d’une application pour dénoncer les faits de harcèlement et a souligné la nécessité de sensibiliser les enfants au sujet d’une meilleure utilisation des réseaux sociaux.
De plus, M.Macron a évoqué un renforcement législatif du contrôle parental:
"Nous allons changer la loi pour améliorer le contrôle parental, en faisant en sorte qu’il soit installé par défaut sur tous les téléphones, ordinateurs, tablettes utilisés par les enfants, comme je l’avais annoncé il y a deux ans", a déclaré le chef d’État, qui a, avec sa femme, discuté du harcèlement avec des enfants et des adolescents à l’Élysée le 4 novembre.
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