Licence de pêche: la France capitule face au Royaume-Uni "libre et indépendant", selon Philippot

CC BY-SA 3.0 / CaptainHaddock / Petit chalutierUn chalutier, image d'illustration
Un chalutier, image d'illustration - Sputnik Afrique, 1920, 19.11.2021
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Paris lâche du lest dans le bras de fer qui l’oppose à Londres sur les licences de pêche. Énième preuve, selon le président des Patriotes, que la France doit retrouver une souveraineté pleine face à une Europe qui ne protège pas.
"Ce n’est pas la guerre" avec le Royaume-Uni, mais "c’est un combat", affirmait le 28 octobre sur RTL la ministre de la Mer Annick Girardin en commentant le bras de fer franco-anglais sur le dossier de la pêche.
Pourtant, sans même qu’il n’y ait de guerre, Paris vient de signer sa capitulation: la ministre a annoncé avoir demandé la préparation d’un "plan de sortie de flotte" permettant d’indemniser les pêcheurs qui ne pourraient pas continuer leur activité dans les eaux britanniques compte tenu du Brexit. Ceux-ci pourront être dédommagés s’ils acceptent de détruire leurs bateaux.

"Ils abandonnent le combat. Ils nous laissent tomber"

Un drame pour ces marins qui, au bout du compte, perdent au change. Ceux-ci vont devoir se contenter de pêcher dans les eaux françaises, dont les poissons se vendent deux à huit fois moins cher que ceux recueillis dans les mers britanniques. En effet, le Brexit a redessiné les zones de pêche autour du Royaume-Uni, plantant depuis le 1er janvier 2021 un nouveau cadre général. Ceci a généré une lutte féroce pour obtenir des licences de pêche dans les eaux voisines.
Méditerranée - Sputnik Afrique, 1920, 19.11.2021
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"Cela fait onze mois qu’ils nous disent de ne pas bouger le petit doigt, qu’ils obtiendront les licences, que s’ils ne les obtiennent pas, il y aura des mesures de rétorsion. Aujourd’hui, on n’a pas les licences et il n’y a pas de mesures de rétorsion. On se sent trahis", regrette sur BFMTV Pierre Vogel, pêcheur à Saint-Malo. "La France baisse son froc", a affirmé à l’AFP le président du comité des pêches des Côtes-d’Armor, Alain Coudray, pour qui "avec les Anglais [...], il ne faut pas lâcher d’un centimètre, il faut montrer les dents sinon...".
Ce scénario du pire était pourtant prévisible, estime au micro de Sputnik Florian Philippot, président des Patriotes:
"Un pays indépendant est toujours plus puissant en négociation qu’un pays en face qui ne négocie pas pour ses propres intérêts. La France a laissé l’Union européenne négocier pour ses pêcheurs. Or, il ne fallait pas être devin pour comprendre que la Commission et la majorité des pays européens n’en ont strictement rien à faire des pêcheurs français."
L’homme politique regrette ainsi que Paris ait négocié au nom de Bruxelles au lieu de protéger ses propres intérêts. "Celui qui gagne, c’est celui qui est libre", résume le candidat à l’élection présidentielle de 2022.

Une "enveloppe de 40 à 60 millions d’euros"

Pour lui, les pêcheurs français ne doivent pas en vouloir au Brexit, mais au gouvernement français "qui est soumis à l’Union européenne qui n’a que faire des pêcheurs français", insiste-t-il, fidèle à son discours eurosceptique:
"Contrairement à ce que l’on dit, ce n’est pas quand on est gros qu’on gagne, mais quand on sait ce qu’on défend. Donc quand on est une nation libre et indépendante."
Mme Girardin a pourtant précisé qu’une "enveloppe de 40 à 60 millions d’euros" pourrait "être mise sur la table", financée par des fonds européens destinés à accompagner les conséquences du Brexit, afin d’indemniser les pêcheurs dont les navires ne pourront pas être repris et finiront à la casse.
La ministre de la Mer a toutefois rappelé que le combat se poursuivait: la "priorité du gouvernement est d’obtenir des licences", mais "cela n’empêche pas de prévoir l’avenir de la filière", y compris en indemnisant ceux qui resteraient à quai, a-t-elle insisté. Elle a concédé que ses annonces avaient pu donner l’impression à certains que la France "baissait les bras", mais elle a assuré qu’elle "continuerait à se battre aux côtés des pêcheurs pour que personne ne reste sur le bord de la route".
Des promesses considérées aujourd’hui comme vaines par des pêcheurs désabusés:

"Le gouvernement est désarmé. Le plan de sortie de flotte, c’est le couperet. Ça veut dire que c’est la fin. [...] Le gouvernement baisse pavillon alors qu’il avait promis des mesures de rétorsion", reproche le président du comité régional des pêches Hauts-de-France, Olivier Leprêtre, sur BFM TV.

Cet épisode constitue un nouveau revers diplomatique pour la France dans le sillage de celui qu’a déjà essuyé l’Hexagone face à la Grande-Bretagne: la rupture du contrat des sous-marins nucléaires avec Canberra au profit de Washington et Londres.
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