Paris freinerait des accords commerciaux de l’UE, s’attirant les foudres de ses membres

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Union européenne - Sputnik Afrique, 1920, 11.11.2021
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La France a persuadé l'UE de reporter la signature de deux nouveaux accords commerciaux, dont celui avec la Nouvelle-Zélande, jusqu'après ses élections présidentielles d'avril, au grand dam d'autres États membres qui souhaitent qu’ils soient conclus, relate le Financial Times.
Alors que l'UE espérait finaliser des accords commerciaux avec le Chili et la Nouvelle-Zélande cette année, Paris a convaincu la Commission européenne, qui les négocie au nom des 27, de les retarder, provoquant ainsi la colère d’autres membres, rapporte le Financial Times.
À en croire le quotidien britannique, des diplomates européens ont déclaré qu'Emmanuel Macron craignait une augmentation des importations de poulet du Chili et d'agneau de Nouvelle-Zélande, ce que les candidats de l'opposition pourraient utiliser pour mobiliser les agriculteurs et les groupes opposés à la mondialisation en période de campagne pour sa réélection.
Les responsables français ont confirmé que Paris n'était pas prêt à accepter les deux accords comme étant complets, au motif que les quotas d'exportation agricole et la formulation des préoccupations environnementales doivent encore être finalisés.

D’autres membres inquiets

Selon le Financial Times, la résistance de la France a suscité l'inquiétude d'autres pays de l'UE, qui feront pression sur la commission lors d'une réunion des ministres du Commerce à Bruxelles ce jeudi 11 novembre.
"Nous avons eu des bruits très positifs à propos du Chili au cours des deux dernières semaines, puis soudain plus rien. Nous espérons une mise à jour complète de la commission", a déclaré un diplomate de l'UE.
Les 27 donnent mandat aux négociateurs de la commission pour conclure des accords commerciaux, lesquels sont ensuite ratifiés par les Parlements nationaux. Plusieurs États membres estiment que la commission aurait dû rejeter la demande française, a déclaré le diplomate.
Le journal indique que l'accord avec le Chili mettrait à jour une association plus souple et donnerait à l'UE un accès plus facile à des approvisionnements sécurisés en lithium pour stimuler son industrie automobile électrique et réduire sa dépendance à l'égard de la Chine.
Un responsable de l'UE a déclaré qu'il y avait une "petite fenêtre d'opportunité" pour un accord avec le Chili, les pourparlers ayant commencé en 2017.
"C'est un très bon accord. Mais les Français sont contre pour du poulet", a-t-il signalé.
Bruxelles a entamé des négociations commerciales avec la Nouvelle-Zélande en 2018 et a encore des problèmes en suspens, notamment le partage de données et la protection des fromages européens. L'UE veut que les agriculteurs néo-zélandais cessent d'étiqueter le fromage comme de la feta, du gruyère et d'autres marques célèbres.

La Nouvelle-Zélande déterminée à conclure les négociations

Jacinda Ardern, Première ministre néo-zélandaise, a reporté un voyage à Bruxelles ce mois-ci en raison de l'absence de progrès.
Son porte-parole a mis en cause une "gamme de raisons, y compris le meilleur moment pour les négociations".
Le ministre du Commerce Damien O'Connor, qui s'est rendu en Europe cette année pour hâter les pourparlers, a déclaré qu'il était "déterminé à conclure les négociations dès que possible".
"Lors de nos conversations avec les dirigeants de la Commission européenne et avec les États membres de l'UE, nous avons été assurés que l'UE souhaitait conclure un accord de libre-échange complet et de haute qualité. La Nouvelle-Zélande partage cet objectif", a-t-il signalé au New Zealand Herald.
La Commission a déclaré au Financial Times ne pas commenter "les négociations commerciales avec les pays tiers tant qu'elles ne sont pas conclues".
"Nous ne commentons pas non plus les commentaires ou les spéculations."

Les négociations avec l’Australie également reportées à cause de Paris

Début octobre, l’UE avait déjà reporté d’un mois jusqu’en novembre le prochain cycle de négociations sur un possible accord de libre-échange avec l’Australie. Ce report était intervenu suite à la fureur de Paris concernant l’annulation par Canberra du contrat de sous-marins.
Le commissaire européen au Commerce Valdis Dombrovskis avait cependant déclaré que l’UE continuerait "à se préparer pour le 12e cycle de négociations et à travailler à la conclusion d’un accord de libre-échange qui soit dans l’intérêt de l’Australie et de l’UE".
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