Accord Israël-Hamas?: "Sans arrêt de la colonisation, il n’y aura pas de paix durable"

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Tel-Aviv et le Hamas se prépareraient à la signature d’un nouvel accord. Une accalmie durable est-elle en vue dans la région? Il ne s’agit que d’un arrangement de circonstance, estime Pierre Berthelot, spécialiste du Moyen-Orient à l’IPSE.
Israël et le Hamas seraient-ils sur le point de parvenir à un accord qui pourrait durablement remplacer le fragile cessez-le-feu en place depuis les affrontements du mois de mai?
C’est en fumant une cigarette au détour de la COP26 à Glasgow que le chef des renseignements généraux égyptiens, Abbas Kamel, a révélé les termes de l’accord dans lequel Le Caire joue le rôle médiateur.
Les discussions seraient en bonne voie, selon les révélations du média américain Axios. Le chef des espions égyptien doit d’ailleurs se rendre à Tel-Aviv "plus tard dans le mois pour s’entretenir avec Bennett et d’autres hauts responsables."
"C’est un accord temporaire, un moindre mal pour éviter aux acteurs de part et d’autre de retomber dans un conflit préjudiciable aux deux camps", relativise au micro de Sputnik Pierre Berthelot, chercheur associé à l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE).
Abbas Kamel, qu’Axios présente comme le "bras droit" du Président égyptien Sissi, a ainsi déclaré que les termes de l’accord espéré entre Israël et le Mouvement de résistance islamique de la Palestine (nom officiel du Hamas) englobaient un cessez-le-feu à long terme, un échange de prisonniers, la fourniture d’aide humanitaire et la reconstruction de Gaza, ainsi que le retour de l’Autorité palestinienne à la Bande de Gaza, bien que celui-ci ne soit que symbolique.

Calculs politiques

Des micro-mesures d’ajustement qui restent circonstancielles, selon le spécialiste du Moyen-Orient à l’IPSE, qui estime qu’elles sont dictées par des calculs politiques.
"Naftali Bennett jusqu’ici semble bien s’en sortir, même si sa coalition reste fragile et pourrait s’effondrer à la première confrontation venue."
Pour prendre le pouvoir à Benyamin Netanyahou, Naftali Bennett s’est présenté aux Législatives avec une large coalition qui allait des partis arabes de la gauche jusqu’à l’ultradroite israélienne, incarnée par Bennett même. Trop souple avec les Palestiniens, il perdrait ses soutiens à droite. À l’inverse,
"Les partis arabes à la gauche [de la coalition gouvernementale, ndlr] pourraient rapidement se désolidariser du Premier ministre et lui faire perdre sa majorité en cas de nouvelles échauffourées entre Israël et le Hamas", fait remarquer le chercheur.
En parallèle, "le Hamas reconstitue toujours des forces après avoir été affaibli" lors de son conflit avec Israël au cours du mois de ramadan en mai 2021. En effet, le mouvement islamiste avait payé un lourd tribut lors les deux semaines de conflit: au moins 256 Palestiniens –dont 66 mineurs– ont été tués, plus de 1.900 personnes ont été blessées et au moins 72.000 ont été déplacées. À cela s’ajoutent des dommages considérables aux infrastructures déjà précaires de la bande de Gaza.

Colonisation de la discorde

Il est donc logique, estime Pierre Berthelot, que les deux parties parviennent à un accord temporaire, qui satisfasse tout le monde. Pour longtemps?
"Les paramètres pour une paix durable ne sont pas là. Tant qu’il n’y a pas d’arrêt de la colonisation, il n’y aura pas de paix durable, le Hamas ne l’acceptera pas", affirme le chercheur à l’IPSE.
En effet, que ce soit en Cisjordanie ou même à Jérusalem-Est, la colonisation est toujours active. Le nouveau gouvernement de Naftali Bennett la poursuit. Le 24 octobre, ce même gouvernement a annoncé la construction de 1.355 nouveaux logements en Cisjordanie occupée. Ces nouvelles implantations s’ajoutent à celles annoncées en août par les autorités, soit plus de 2.000 au total. Un rythme soutenu qui n’est pas acceptable pour le Hamas, ni même pour l’Autorité palestinienne, qui continue de condamner les avancées des colons israéliens.
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Le discours s’est en effet musclé ces dernières semaines. Ainsi, au mois d’octobre, le haut dirigeant du Hamas, le Dr Ghazi Hamad, déclarait que le combat contre l’État hébreu se poursuivrait "par tous les moyens", jusqu’à ce qu’un État palestinien indépendant soit établi.
Malgré cette situation tendue, Palestiniens et Israéliens trouvent leur compte dans un accord temporaire, qui satisfait les intérêts immédiats de chacun.
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