RSA pour les chômeurs non vaccinés: plusieurs départements ne veulent pas payer pour l’État

© AFP 2023 CHRISTOPHE SIMONManifestation soignants Marseille
Manifestation soignants Marseille - Sputnik Afrique, 1920, 03.11.2021
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Quinze conseils départementaux refusent d’assumer seuls le payement du revenu de solidarité active aux personnes suspendues pour absence de vaccination. Leurs présidents socialistes dénoncent l’absence de consultation au préalable.
Un bras de fer est-il engagé entre l’État et les départements au sujet du revenu de solidarité active (RSA)? Pas encore, mais, le 29 octobre 2021, les présidents de quinze départements ont envoyé une missive au Premier ministre: ils refusent d’assumer seuls le versement du RSA aux salariés suspendus du fait de leur non-vaccination.
Depuis le 15 septembre dernier, des milliers de salariés ont vu leur contrat de travail suspendu pour défaut de vaccination contre le Covid.
"Il ne faut pas que la crise sanitaire aggrave la crise sociale. Il faut ouvrir un vrai droit au chômage aux salariés privés de travail aujourd’hui", souligne au micro d’Europe Midi Fabien Bazin, président PS du Conseil départemental de la Nièvre.
L’opposition entre les conseils départementaux et l’État sur le financement du RSA ne date pas d’aujourd’hui. En juin 2020, le Calvados, la Manche et l’Orne ont obtenu du tribunal administratif de Paris que l’État compense les augmentations successives du RSA octroyées sous le quinquennat Hollande. À l’époque, l’État avait fait appel.

Un clivage creusé avec les vaccinés?

Pour Philippe Martin, le président du conseil départemental du Gers et l’un des signataires de la tribune, il est inacceptable que le gouvernement "transfère les responsabilités aux départements". "Nous ne refusons pas de verser le RSA aux salariés suspendus pour non-vaccination, écrit-il. Nous disons à l’État qu’il doit assumer les conséquences de cette décision de les licencier pour cette raison", a-t-il fait savoir sur les réseaux sociaux le 31 octobre dernier.
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Les internautes n’ont pas étés indulgents avec les responsables des départements, les accusant d’"approfondir le clivage entre les vaccinés et les non-vaccinés". À tel point que Christian Coail, président des Côtes-d’Armor, a été obligé de s’en défendre dans les colonnes du Télégramme.
Pour Alexandre Langlois, ancien secrétaire général du syndicat de policiers Vigi qui s’est déclaré candidat à l’élection présidentielle, une telle situation aurait pu être évitée, si tous les Français avaient étés envoyés voir leurs médecins traitants "pour qu’ils soient conseillés sur la vaccination". À l’en croire, "la pédagogie, ce n’est pas le truc du gouvernement".

Persuader ou obliger?

Dans son ouvrage Essayez la démocratie (éd. Talma), Alexandre Langlois estime que "le gouvernement a inventé un concept révolutionnaire: le “nudge totalitaire”". Le concept du "nudge" ("coup de coude" en français) est tiré des théories comportementales en vogue sur les campus américains. L’idée est d’inciter les gens à faire une action d’une façon spontanée parce qu’elle leur semble plus amusante.
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Et l’ancien policier de s’appuyer sur l’exemple des soignants, qui ont eu "le choix" de se faire vacciner jusqu’au 15 septembre, puis l’"obligation" au-delà de cette date. Il juge que, jusqu’au sommet de l’État, "les gens n’assument même pas de donner des ordres !" Un verdict formulé avec amertume…
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