Les posts mettant en colère étaient plus affichés par Facebook, selon des documents internes

© Photo Pexels/Luca SammarcoFacebook sur l'écran d'un laptop
Facebook sur l'écran d'un laptop - Sputnik Afrique, 1920, 28.10.2021
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Pendant des années, les algorithmes de Facebook s’avèrent avoir boosté la visibilité des publications qui récoltaient beaucoup d’émojis "colère", à la différence de celles recueillant beaucoup de "J’aime", révèlent des documents internes consultés par le Washington Post.
"La colère et la haine sont le moyen le plus simple d’avancer sur Facebook", a constaté la lanceuse d'alertes Frances Haugen le 26 octobre devant le parlement britannique.
En effet, en dotant les réactions émojis d’une valeur supplémentaire, les ingénieurs du réseau social ont fait apparaître les posts énervant plus souvent dans notre fil d’actualité.
Il y a cinq ans, Facebook a permis à ses utilisateurs d’évaluer un post non seulement avec les "J’aime", mais aussi par des émojis "cœur", "haha", "wow", "triste" et "colère". Dans les coulisses, ses algorithmes considéraient chaque émoji comme ayant une valeur cinq fois plus grande que "J’aime", indique le Washington Post se référant à des documents internes.
La logique derrière cette priorité était la suivante: les publications qui suscitaient plus de réactions retiennent les utilisateurs, ce qui est l’objectif de Facebook.
Ainsi, Facebook s’est avéré avoir boosté systématiquement certains contenus de basse qualité depuis plusieurs années, contrecarrant lui-même sa lutte contre la désinformation, le contenu toxique et malveillant.
"Nous travaillons toujours dans le but de comprendre quel contenu produit un effet négatif afin de réduire sa distribution. Cela inclut le contenu récoltant trop de réactions +colère+, par exemple", a déclaré la porte-parole de Facebook, Dani Lever.
Alors que chaque publication a un certain score sur Facebook, il dépend de plusieurs facteurs. Le réseau social prend en compte la longueur des commentaires, l’utilisation des émojis, ainsi que le fait que la vidéo soit en live ou filmée, a appris le Washington Post des documents en question.
Émoji "colère" rétrogradé
En 2018, Facebook a rétrogradé l’émoji fâcheux: il valait quatre fois plus que "J’aime". La valeur des autres émojis est restée la même.
Or, il était évident que les émojis n’ont pas été utilisés de la même manière. "Colère" a été le moins utilisé (429 millions de cliques par semaine). "J’aime" et "Cœur" ont été cliqués 63 milliards et 11 milliards de fois respectivement, d’après un document datant de 2020.
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Facebook touché par une panne géante
"Facebook ne sera pas éternel": critiqué de toutes parts, quel avenir pour le géant américain?
En 2019, les spécialistes des données de l’entreprise ont constaté que les posts marqués le plus fréquemment par l’émoji "colère" incluaient d’habitude de la désinformation, de la toxicité ou des actualités de qualité douteuse, selon les documents.
En avril 2019, un mécanisme d’affichage est mis en place pour rétrograder le contenu qui recueille trop de réactions coléreuses, poursuit le Washington Post.
En 2020, des études ont démontré que les utilisateurs n’aimaient pas quand leurs posts recevaient "colères". Facebook a en conséquence réduit la valeur de l’émoji à 1,5 de celle du "J’aime".
En septembre 2020, sa valeur a été finalement mise à zéro, révèlent les documents. Sa valeur reste estimée à zéro actuellement, confirme la porte-parole Dani Lever.
Dans le même temps, "cœur" et "triste" sont désormais estimés comme deux "J’aime" chacun.
Résultat? Une fois que l’émoji "colère" ne valait plus rien pour les règles d’affichage, les utilisateurs ont commencé à voir dans leur fil d’actualité moins d’intox, de violence et d’autre contenu perturbant, ont déduit les spécialistes des données.
Selon un autre document interne, l’activité des utilisateurs est restée inchangée, résume le Washington Post.
Intox, effet nuisible pour les enfants
Facebook s’est retrouvé ces derniers mois critiqué de tous bords. La lanceuse d'alertes Frances Haugen, ancienne chef de projet dans l’entreprise, a accusé Facebook et ses plateformes de nuire à la santé mentale des enfants et adolescents. Elle a notamment divulgué des documents internes montrant comment l'application Instagram avait provoqué, selon elle, de la dépression et de l'anxiété chez cette catégorie d’utilisateurs.
Les révélations de Frances Haugen ont été suivies par celles d’un autre ex-employé de Facebook qui a dénoncé le fait que le groupe privilégiait le profit plutôt que la lutte contre la désinformation et les discours haineux.
Le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, a rejeté ces accusations assurant qu’elles allaient à l'encontre des objectifs du géant du numérique.
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