Italie: blocage du port de Trieste sur fond de pressions judiciaires

© AFP 2023 STRINGER/ANSAmanifestations dans le port de Trieste, en Italie
manifestations dans le port de Trieste, en Italie - Sputnik Afrique, 1920, 17.10.2021
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Depuis le 15 octobre en Italie, il est désormais obligatoire d’avoir son pass sanitaire pour pouvoir aller travailler. Si cette journée tant redoutée s’est généralement déroulée dans le calme, des manifestations se sont tenues à Trieste où le syndicat des employés du port a bloqué les infrastructures maritimes.
Depuis le 15 octobre, la paisible ville de Trieste, située à la frontière avec la Slovénie, se retrouve à l’épicentre des contestations liées au pass sanitaire. Le port a vu une grande manifestation se tenir dès le jour de l’entrée en vigueur de l’obligation de présenter son pass vert pour aller travailler, une première en Europe. Le syndicat des employés du port de Trieste (CLPT) mené par Stefano Puzzer avait dans un premier temps menacé de bloquer complètement les infrastructures du premier port de marchandises du pays qui compte le terminal pétrolier le plus important du pourtour méditerranéen. CLPT a notamment lancé un ultimatum au gouvernement en menaçant de bloquer totalement l’Italie si le pass vert n’était pas retiré le 30 octobre.
Finalement, c’est le terminal 4 du port qui a été bloqué. Il faut noter que le premier jour de la manifestation réunissait 9.000 personnes selon le site d’information FanPage.it, et 5.000 selon les services de renseignement italiens (Digos), y compris de nombreux salariés du privé. Par solidarité avec Trieste, d’autres ports transalpins ont été bloqués dont ceux de Gênes et d’Ancône.
Les protestataires contestent l’obligation de présenter un pass sanitaire car cela est contraire à la constitution. En effet, son article 1 stipule que "l’Italie est une République démocratique basée sur le travail".
Au micro de Sputnik, un employé du port de Trieste dénonçait une discrimination des travailleurs par le gouvernement qui crée selon lui des travailleurs de classe A et B. Toujours d’après cet employé, cette mesure va mettre des familles encore plus en difficulté alors que le gouvernement parle dans le même temps de reprise économique. La Stampa, qui cite le CLPT, indique que 40% des dockers n’auraient pas le pass vert qui leur permet de travailler sur le site.

Une mobilisation qui continue

Samedi 16 octobre, le blocage s’est poursuivi et un grand embouteillage impliquant des poids lourds sur l’autoroute à Sezana en périphérie de Trieste a été constaté.
Il faut noter la présence de manifestants qui se sont rendus de toute l’Italie jusqu’à Trieste afin de soutenir les dockers. Parmi eux, l’acteur Enrico Montesano est venu spécialement de Rome.
Selon l’agence de presse ANSA, ils étaient 2.000 à la mi-journée et quatre cars remplis de personnes venues d’autres régions d’Italie étaient en route vers Trieste. Lors de ce second jour de manifestation, l’ambiance était bon enfant avec des chants. Les festivités se sont d’ailleurs poursuivies jusque tard dans la nuit.

Une communication maladroite des syndicats sur fond de menaces

Le 16 octobre à 19h30 était attendue une note du syndicat des travailleurs du port qui coordonne la protestation. Dans un premier communiqué de presse, il est indiqué que les dockers reprendront le travail dès le dimanche 17 octobre et que la mobilisation est suspendue jusqu’au 30 octobre, date à laquelle des représentants du personnel seront reçus à Rome.
Quelques heures plus tard, le CLPT a publié un communiqué de presse rectificatif dans lequel il indique que le mouvement continuera jusqu’au 20 octobre. Il indique que le premier communiqué a été mal interprété, d’où le second.
Dans celui-ci, il affirme avoir gagné la première bataille en ayant obtenu la gratuité des tests PCR pour tous les salariés: les vaccinés uniquement bénéficiaient auparavant de cette facilité. Il précise que les dockers qui le souhaitent pourront reprendre le travail mais que la mobilisation continue.
Le mouvement subit en parallèle des menaces de poursuites pénales de la part des autorités. En effet, d’après une information de RaiNews obtenue auprès d’une source policière, la Digos surveille minutieusement les manifestations de ces derniers jours et des plaintes devraient être déposées dans les prochaines heures par le procureur de Trieste contre les organisateurs du blocage.
Le 14 octobre, la Commission de Garantie, chargée de contrôler les légitimités des grèves dans des secteurs où l’activité est considérée essentielle a jugé que le blocage du port de Trieste à partir du 15 octobre était illégal. Malgré cet avis défavorable, les organisateurs ont choisi de poursuivre le mouvement.
Le préfet de Trieste avait notamment rappelé sur la Rai que le blocage d’infrastructures d’entreprises considérées comme essentielles à l’activité économique tombait sous le coup de la loi. En effet, l’article 340 du Code pénal italien stipule que ce délit est passible d’un an de prison et jusqu’à cinq ans pour les organisateurs.
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