Pécresse s'attaque à l'État après la construction du mur contre les toxicomanes à Pantin - vidéos

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Valérie Pécresse - Sputnik Afrique, 1920, 26.09.2021
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La présidente de la région Île-de-France s’est rendue à Pantin où vient d’être érigé un mur supposé protéger les riverains des dizaines de toxicomanes déplacés à proximité. Elle a insisté auprès de Sputnik sur la nécessité de trouver une solution sanitaire plutôt que de constamment déplacer le problème.
Trois jours après son débat face à Gérald Darmanin sur France 2, Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France et candidate à l'élection présidentielle de 2022, est venue le défier à nouveau, cette fois en se déplaçant à Pantin, en Seine-Saint-Denis. C’est près de cette commune, au square de la Porte de la Villette, que la préfecture, sur instruction du ministre de l’Intérieur, a déplacé vendredi des dizaines de toxicomanes.
Elle y a rencontré des élus locaux, des représentants d’associations et des riverains qui ont fait part de leur mécontentement sur la situation. De plus, un mur a été érigé en urgence sur le passage Forceval, sous le périphérique, fermant l’accès entre le square et la commune, suscitant l’indignation des habitants. La construction a déjà été affublée d’une inscription "mur de la honte, merci Darmanin".
"Cela ne résoudra rien. Malheureusement ce mur ne résoudra pas le problème", lance la présidente de la région Île-de-France au micro de Sputnik. "Créer un mur, ça veut dire enfermer les gens dans leur situation sociale, dans leur territoire, et ça ce n’est pas possible".

Création d’un centre

"On a besoin d’une réponse sanitaire" et pas de les déplacer, plaide-t-elle. Elle prône la création d’un "vrai centre de lutte contre les addictions pour permettre aux toxicomanes de décrocher de la drogue et de les sortir de la rue". Pour le financer, elle estime qu’il faut une participation de la région, de la ville de Paris et de l’État.
"La région est prête à aider, la ville de Paris est prête à financer, l’État doit financer, il faut s’y mettre tous ensemble", poursuit-elle, taclant une nouvelle fois le gouvernement. "La mairie de Paris ne peut pas dire que le problème est réglé parce qu’elle l’a déplacé […]. Nous on est prêts à partager le fardeau, il faut que l’État fasse une structure ad hoc".

Déplacement du problème

Mme Pécresse s’indigne d’autant plus que "le problème a été déplacé en Seine-Saint-Denis", où elle a installé le conseil régional, comme une mesure symbolique pour afficher son soutien à un département qui "n’est pas une poubelle" et où "toute la détresse se concentre".
Même constat pour le maire socialiste de Pantin, Bertrand Kern, lequel déplore la "méconnaissance totale des autorités concernant la géographie parisienne". Il estime que le gouvernement "piétine les élus locaux et s'essuie les pieds sur la Seine-Saint-Denis".
Pour rappel, il s’agit des toxicomanes qui se trouvaient à la porte de la Chapelle appelée "colline du crack", puis déplacés dans le quartier de Stalingrad et les jardins d’Éole, ainsi que dans la rue Riquet adjacente à ce parc.
Pour ce nouveau déplacement, le ministre de l’Intérieur avait promis une présence policière pour les empêcher de se rendre en Seine-Saint-Denis. Les habitants comme la présidente de région ont constaté que ce n’était pas le cas. "Quand il y a un problème à Paris, c’est médiatisé. […] Quand on déplace un problème de l’autre côté, plus personne ne s’y intéresse", dénonce-t-elle. "Ce n’est pas normal qu’il n’y ait pas de policiers".
"Violence sociale et institutionnelle"
Vendredi sur BFM TV, Gérald Darmanin avait également assuré que les toxicomanes avaient été déplacés "dans un autre endroit où il n’y a pas de riverains à proximité". Une affirmation contestée auprès de Sputnik par Nolan, qui habite le quartier depuis un an et empruntait régulièrement le passage désormais emmuré. "Ici il y a un taux de pauvreté de 40%. […] C’est un quartier qui est déjà hyper précarisé", s’indigne-t-il.
Il nous raconte que le parc concerné servait de "lieu de sociabilité" pour les travailleurs migrants vivant à proximité. "Ils allaient pour faire leur barbecue, discuter, prendre un peu l’air parce qu’ils habitent dans des endroits qui ne sont pas très agréables", précise-t-il. Il affirme finalement ressentir ce déplacement de drogués à côté de chez lui comme "une violence sociale et institutionnelle inouïe".
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