Taubira refuse de lancer un appel à la vaccination en Guyane, faute "d’éléments"

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Alors que la situation épidémiologique se dégrade fortement en Guyane, notamment face au faible taux de vaccination, Christiane Taubira n’a pas voulu appeler la population à se faire immuniser contre le Covid-19, faute d’"éléments d'information" nécessaires.
Invitée ce jeudi 23 septembre sur RTL, Christiane Taubira a refusé d'inciter les Guyanais à se faire vacciner contre le Covid-19.

"Je n'ai pas vocation à appeler à la vaccination. Je suis un responsable politique qui n'est pas en exercice et qui par conséquent ne dispose pas des éléments d'information qui lui permettraient formellement, soit de donner une consigne, soit de considérer, aux vues de ces éléments, que "je considère que"...", explique-t-elle.

Estimant tenir un "propos responsable", elle appelle à "prendre au sérieux la question de la santé" avant de "culpabiliser les Guyanais", reconnaissant que "la question du poids de la légitimité de la crédibilité de la parole publique est une vraie question".
L'ancienne garde des Sceaux a déclaré ne pas vouloir "décrédibiliser" sa "parole forte" en Guyane.

"La question n'est pas [de] savoir ce que moi je dis aux gens de faire. Il est temps de nommer une médiatrice ou un médiateur parce que manifestement, il n'y a plus de capacité d'entente entre la parole officielle" et la population, note-t-elle.

Situation en Guyane

La Guyane fait actuellement face à une nouvelle vague de Covid-19. Parmi les autres départements, ce territoire d’outre-mer est le seul à afficher un taux d’incidence supérieur à 400. Le nombre de cas positifs pour 100.000 habitants sur la semaine passée a atteint les 496 au 22 septembre, selon le site CovidTracker.
D’après le dernier rapport épidémiologique, la forte dégradation de la situation est observée sur le littoral ouest.
Bien que le taux d’incidence, d’environ 500, ait été largement dépassé par les territoires voisins de Guadeloupe et de Martinique cet été lors de la reprise de l’épidémie, les chiffres en Guyane n’ont jamais vraiment chuté depuis plusieurs mois.
Du côté des hôpitaux, 41 nouvelles admissions ont été enregistrées le 14 septembre, soit un niveau comparable à celui de la première vague de l’épidémie, en 2020, avec 42 nouveaux patients admis le 28 juillet, lors du pic. Le 22 septembre, ce chiffre montrait une baisse, avec 17 nouvelles admissions.
Pourtant, le Pr Félix Djossou, responsable de l’Unité des maladies infectieuses (Umit) à l’hôpital de Cayenne (CHC), a sonné l’alarme ce 23 septembre lors d’une conférence de presse organisée pour faire un point sur la situation "très préoccupante" des hôpitaux de Guyane, rapporte le site d'actualité Outremer360.

"L’épicentre de l’épidémie s’installe dans l’Ouest. Mais à Cayenne et dans les Savanes, ça ne s’est pas vraiment calmé non plus. Les hôpitaux peinent, avec des capacités dépassées. On a déjà augmenté le nombre de lits. Il nous faut du personnel. Aujourd’hui en Guyane, pratiquement tous les lits sont pleins. On a donc, dans les services d’urgences, des patients qui ont besoin de soins critiques et qui n’y sont pas."

Le mauvais élève de la vaccination

L’ampleur de cette vague hospitalière aurait pu être réduite grâce à la vaccination, mais son taux y était toujours faible au 15 septembre, avec seulement 30,2% des plus de 12 ans vaccinés, soit quasiment plus de deux fois moins qu’au niveau de toute la France, et légèrement derrière la Guadeloupe (34,3%) et la Martinique (32,6%), selon Santé publique France.

"Beaucoup de gens ont encore peur, et ces craintes sont agitées et accentuées par toutes les fake news dont nous sommes largement victimes. Des gens tiennent des propos antivax très violents et ils sont très bruyants", explique au Parisien Clara de Bort, directrice générale de l’ARS de Guyane.

Les communes classées rouges sont soumises à des mesures de confinement strictes: déplacements limités et justifiés avec attestation, restaurants, bars et cafés fermés, rassemblements limités à dix personnes, etc. Mais "les mesures de freinage peuvent être de moins en moins efficaces" face à la lassitude de la population et "le territoire est immense, donc elles sont difficiles à contrôler", poursuit Clara de Bort.
Elle confie cependant avoir "repris espoir en voyant que des évacuations sanitaires avec l’outre-mer et Tahiti sont possibles", sans exclure le transfert prochain de patients vers la métropole en cas de dégradation de la situation.
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