La veuve du chauffeur de bus lynché à Bayonne estime que les propos de Darmanin sont du «blabla»

© AFP 2023 GAIZKA IROZVeronique Monguillot et Philippe Monguillot
Veronique Monguillot et Philippe Monguillot - Sputnik Afrique, 1920, 22.07.2021
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Un an après la mort de Philippe Monguillot, chauffeur de bus frappé à mort par des passagers à Bayonne, sa veuve attend une «justice exemplaire» et qualifie de «blabla» les propos du ministre de l’Intérieur dans un entretien avec Le Parisien.

Philippe Monguillot, 59 ans, chauffeur de bus à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), a été tué le 5 juillet 2020 par quatre voyageurs pour leur avoir demandé de porter un masque et de composter un titre de transport. Laissé inconscient sur un trottoir en état de mort cérébrale, il n’est jamais sorti du coma et est décédé cinq jours plus tard.

«J’ai tout perdu ce jour-là. Ma vie de femme est terminée», vient de confier au Parisien sa veuve Véronique, mariée pendant 28 ans et mère de trois filles.

«Le vrai soutien, il est citoyen»

Deux des agresseurs ont été mis en examen pour meurtre mais contestent les faits. La mort avait suscité une émotion nationale, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ayant même fait un déplacement. «Trop souvent dans notre société, l’autorité n’est pas respectée», avait-il constaté, prônant plus d’éducation au lieu d’une «augmentation de budget ou d’une augmentation d’effectifs pour résoudre le problème intrinsèque de la société française».

«Du blabla», estime Véronique Monguillot. Le vrai soutien est «citoyen», dit-elle en montrant les messages papier et électroniques venus par milliers. Elle a fondé une association pour les chauffeurs de bus. «Certains ont fait 1.000 km pour assister à l’hommage que nous avons organisé le 10 juillet dernier. Ils travaillent la peur au ventre… Nous voulons proposer des mesures pour les protéger, j’ai fait cette promesse à Philippe», a-t-elle annoncé au quotidien.

Son époux a été «tabassé au sol comme un ballon de foot». «Ses fonctions vitales étaient détruites», précise la femme. Elle attend désormais une «justice exemplaire».

La violence en hausse

«La crise sanitaire de ces derniers mois, et notamment l’obligation croissante du port du masque, a engendré un climat de tension et fait resurgir le spectre de la violence. Il y a une ambiance d’insécurité évidente, avec des problématiques d’incivilités qui conduisent à des actes de violence», analysait déjà en 2020 Olivier Hassid, consultant en sécurité chez PwC, pour 20 Minutes.

Face à une telle situation, les agressions contre les chauffeurs se sont en effet multipliées. Certains professionnels du secteur toutefois arrivent à protéger leurs droits. Ainsi, par son arrêt rendu le 8 octobre 2020, la Cour de cassation a stipulé que «les sociétés de transports ont vis-à-vis de leurs chauffeurs une obligation de sécurité de résultat, et ne peuvent les laisser seuls face à un risque permanent d'agression», rapportait le site d'information juridique Juritravail.

Ceci est le résultat des démarches juridiques entreprises par un chauffeur de bus roué de coups dans son véhicule par trois inconnus ayant refusé de présenter un titre de transport. «Cette agression étant un accident du travail, notre client a choisi d'engager une procédure en reconnaissance de la faute inexcusable de l'employeur, en estimant que ce dernier n'avait rien fait pour le protéger d'un danger dont il avait connaissance», précise le site.

 

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