Quatrième vague et vaccination obligatoire: le gouvernement joue-t-il aux fléchettes avec les nerfs des Français?

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Véhicule du SAMU de Paris - Sputnik Afrique, 1920, 21.07.2021
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Montée en flèche du taux d’incidence du Covid-19 et nette progression du variant Delta en métropole… Il n’en faut pas davantage pour que le gouvernement annonce «la quatrième vague» de la pandémie. Présents chaque jour sur le terrain, deux infirmiers d’hôpitaux privés nous livrent un autre constat.

Le mot est lâché: un nouveau tsunami viral déferlerait sur l’Hexagone! «Nous sommes entrés dans une quatrième vague», assenait ce 19 juillet le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, avant d’ajouter: «En une semaine, le taux d'incidence a augmenté de près de 125%.» L’aggravation de la situation parmi les jeunes adultes semble jusqu’ici la marque de ce nouvel épisode. Ainsi, début juillet, la prévalence du variant Delta était quatre fois plus importante chez les 20-30 ans que chez les 50-60 ans!

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Pourtant, la vague ne se fait guère sentir partout. Pauline travaille comme infirmière dans un hôpital privé des Yvelines. Elle ne constate pas d’afflux soudain de patients.

L’hôpital public tient toujours

Bien qu’employée dans un autre service, la jeune femme a dû retrousser les manches de sa blouse et prêter main-forte au service Covid lors des épisodes les plus trépidants de la pandémie. Au micro de Sputnik, elle affirme n’avoir pas observé la moindre surcharge pour l’instant. D’après elle, d’habitude, «c’est l’hôpital public qui est impacté en premier», avant que ça se fasse sentir dans son établissement. Or, là, il «arrive à absorber les malades».

«Comme chez nous on ne voit pas du tout cette vague arriver, je me demande si ce n’est pas une stratégie d’État. On commence à parler de la quatrième vague en été, pour inciter la population à se faire vacciner, en faisant planer la menace d’un nouveau confinement. Je ne trouve pas ça très honnête», s’indigne la jeune femme.

La «vague» constatée par le service Santé Public France se traduit surtout par le taux d’incidence qui grimpe en flèche (+62% sur la semaine du 5 au 11 juillet). En revanche, les décès poursuivent leur décrue (-7% sur la même semaine).

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Adrien est infirmier au sein d’un hôpital privé «dans la région de Versailles». Pour l’instant, son établissement «se cantonne à la chirurgie cardiaque», son activité habituelle, en attendant que la Haute Autorité de santé (HAS) décide éventuellement de répartir les patients en dehors des hôpitaux de la capitale. Une décision qui interviendrait en cas de sur-occupation des lits dans le système public. Mais, selon notre interlocuteur, le ressac de la quatrième vague résonne surtout dans la phraséologie de l’exécutif.

«Notre clinique n’est pas un hôpital de la première garde. On ne reçoit des patients que quand l’hôpital [public, ndlr] est déjà saturé. Nous sommes un hôpital de délestage en termes de réanimation», précise Adrien.

Pourtant, lors de la deuxième vague du Covid-19, l’établissement avait «accueilli le public en réanimation d’une manière intensive». Et on administrait aux autres patients le «traitement autorisé. C’est-à-dire quasi rien: doliprane et corticoïdes

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Si le service de réanimation de la clinique d’Adrien n’est pas sollicité, les urgences y reçoivent toujours les malades «qui ont un Covid se présentant comme une grippe, sans les formes graves». Une conséquence directe de l’augmentation du taux d’incidence. Même si l’infirmier refuse de trancher sur le sujet, des études prouvent l'efficacité des vaccins anti-Covid contre les formes graves. D’ailleurs, la couverture vaccinale progresse en France. Elle s’établit à 56,4% pour une dose et à 41,41% pour une vaccination complète, au 19 juillet.

«Je ne sais pas si c’est une bonne chose de vacciner tout le monde, sachant que certains vaccins ne sont pas optimaux à 100%. Le gouvernement plébiscite Pfizer, qui est [théoriquement] en période de test jusqu’en 2023», nuance Adrien.

L’annonce du début d’un examen continu du vaccin français Sanofi-Pasteur incite le professionnel de santé à stigmatiser l’impasse que «la Haute Autorité de santé fait sur l’efficacité de certains traitements». «La vaccination, ce n’est pas tout!» s’exclame notre interlocuteur. Il accuse également le pass sanitaire «d’introduire plus de ségrégation dans la société» et «de la sévérité non saine envers la population».

Plus de visibilité sur les vaccins!

La déferlante de nouveaux cas alarme le gouvernement. On a comptabilisé plus de 18.000 contaminations en France le 20 juillet dernier. Néanmoins, ni la propagande acharnée en faveur de la piqûre, ni la menace d’une immunisation obligatoire des soignants n’ont ébranlé la résolution de Pauline.

«Je ne suis pas contre le vaccin. Je suis contre l’obligation, on ne peut pas obliger les gens à s’injecter un produit qui est sorti depuis un an, en phase expérimentale. Libre à chacun de disposer de son corps», déclare l’infirmière.

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Pauline, qui «à la base, prend peu de médicaments», ne constitue pas un cas isolé au sein de son service. Elle estime que, «sur une dizaine de personnes, quatre sont non vaccinées». Sans réelle «visibilité dans d’autres services», elle assure que la majorité du personnel est vacciné. Bien que, «depuis l’annonce de l’obligation, on trouve plus de nouveaux “réticents”» qu’avant.

Adrien précise également son attitude par rapport aux contraintes gouvernementales: «Je ne suis pas contre le vaccin, attention! Si on me dit que, de par mon métier, je suis obligé de me faire vacciner, un document à l’appui, je le ferai. Mais je ne veux pas qu’on dise que c’est de mon plein gré, en me poussant à signer une décharge.»
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