La Maison-Blanche admet exiger de Facebook qu’il supprime des publications qu’elle juge «problématiques»

© AFP 2023 OLIVIER DOULIERYPhoto de Donald Trump avec le logo de Facebook en arrière-plan
Photo de Donald Trump avec le logo de Facebook en arrière-plan - Sputnik Afrique, 1920, 16.07.2021
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La porte-parole de la Maison-Blanche a confié que l’administration Biden signalait à Facebook des contenus sur le Covid-19 qu’elle jugeait «problématiques» afin de les faire supprimer. L’annonce a provoqué un tollé chez de nombreux journalistes et personnalités politiques.

La Big Tech devient-elle un bras armé de l’administration Biden? C’est ce qu’affirment certains journalistes et sénateurs après la déclaration polémique de la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki. Jeudi 15 juillet, elle a confié que l’administration Biden identifiait des messages «problématiques» que Facebook devait censurer, car ils contenaient des «informations erronées» sur le Covid-19.

«Nous sommes en contact régulier avec les plateformes de médias sociaux et ces engagements se font généralement par l'intermédiaire de membres de notre personnel supérieur et de notre équipe Covid-19, étant donné que, comme l'a dit le Dr Murthy, il s'agit d'un problème important de désinformation, en particulier sur la pandémie», se justifie Mme Psaki.

En effet, le jour même, l’administrateur de la santé publique des États-Unis, Vivek Murthy, a publié un communiqué pour «avertir le public américain de la menace urgente que représente la désinformation en matière de santé», laquelle «prolonge la pandémie et met des vies en danger». Il réclame également aux entreprises du secteur de la technologie et aux réseaux sociaux de «prendre davantage de responsabilités» pour lutter contre les fausses informations.

Réactions

«Ils travaillent activement contre les droits des Américains garantis par le premier amendement [relatif notamment à la liberté d’expression et de la presse, ndlr]», réagit Tim Young, éditorialiste pour le Washington Times.

Le journaliste Glenn Greenwald, qui fut l’un de ceux à publier les révélations d’Edward Snowden sur la surveillance de masse opérée par la NSA, affirme qu’une telle union entre une entreprise privée et les autorités est «l’une des marques de fabrique du fascisme».

Du côté des politiques, le sénateur républicain Josh Hawley estime sur Twitter que les médias sociaux deviennent «des bras du gouvernement fédéral et de l’administration Biden». «Ce type de coordination entre le gouvernement et une grosse entreprise en situation de monopole [Facebook], c’est quelque chose d’effrayant et c’est vraiment de la censure», complète-t-il auprès de Fox News.

Le républicain Thomas Massie, élu à la Chambre des représentants, n’hésite pas à faire le parallèle avec le roman «1984» de George Orwell, affirmant que la Maison-Blanche se transforme en «ministère de la Vérité». «Lorsque le gouvernement s’emploie à étrangler un discours avec lequel il n’est pas d’accord, il franchit une ligne», fustige-t-il sur Twitter.

Déplacement de la vérité

Lors de la même conférence de presse, Jen Psaki a également reproché à Facebook de ne pas en faire suffisamment pour bloquer les fausses informations sur le Covid-19 et les vaccins contre le virus. La notion de fausse information a pourtant connu des changements au fil de l’épidémie. À l’instar de la France, le gouvernement américain a d’abord conseillé de ne pas porter de masque, avant de faire marche arrière.

Jusqu’à récemment, les messages selon lesquels le Covid-19 a été fabriqué dans l’Institut de virologie de Wuhan étaient systématiquement censurés par Facebook, Twitter et YouTube, qualifiés de complotistes, avant que ces entreprises n’en décident autrement en raison de l’évolution des informations sur cette théorie. Fin mai, Joe Biden a ordonné au renseignement américain de faire la lumière sur les origines du virus, l’hypothèse du laboratoire faisant partie de celles étudiées.

Ces suppressions pour «désinformation» ont également connu des ratés. Plusieurs publicités faisant la promotion du vaccin ont été supprimées à tort par Facebook, bien qu’émanant d’organismes officiels de santé ou d’autorités locales, rapportait Politico en février.

En France, la création d’une agence nationale de lutte contre les fake news a été annoncée le 2 juin. Une soixantaine de personnes, sous l’autorité du Premier ministre, seront notamment chargées de déterminer la provenance de ces fausses informations. Elle devrait voir le jour d’ici le 26 septembre.

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