Découverte d’un charnier au Canada: qui étaient ces enfants victimes de la mission civilisatrice imposée par l’Occident?

CC BY 2.0 / Claude Robillard / Chef de tribu abénaqui d'Odanak, Canada
Chef de tribu abénaqui d'Odanak, Canada - Sputnik Afrique, 1920, 18.06.2021
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Tandis que le Premier ministre canadien Trudeau critique la Chine sur les droits de l’homme, la découverte des restes de 215 élèves d’un ancien pensionnat canadien fait polémique. Décryptage de Glenn Babb, ancien diplomate sud-africain, au micro de Rachel Marsden.

Quel est le rapport entre la découverte d’un charnier de 215 enfants autochtones sur le site d’un ancien pensionnat dans une province de la côte ouest du Canada et l’hypocrisie occidentale sur les droits de l’homme? Voyez plutôt.

Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, en compagnie des autres chefs d’État occidentaux du G7, a fait la leçon à la Chine sur les droits de l’homme. Ceci alors que la macabre découverte de cette fosse commune dans la ville de Kamloops, en Colombie-Britannique, est un rappel choquant des écoles créées dans les années 1800 par l’Église et le gouvernement pour assimiler de gré ou de force environ 150.000 enfants autochtones à la culture européenne.

Autochtones du Canada (image d'illustration) - Sputnik Afrique, 1920, 01.06.2021
Les restes de 215 enfants autochtones découverts au Canada: «La vérité n’est pas connue dans toute son ampleur»
La dernière école de ce type, où les enfants recevaient une formation linguistique, académique et professionnelle, n’a été fermée qu’en 1996. Les abus étaient fréquents, les soins médicaux bien moins, et parfois les enfants disparaissaient à l’insu de leurs parents. Glenn Babb, ancien diplomate sud-africain qui a été notamment ambassadeur au Canada, rappelle qu’il faut contextualiser la situation:

«Quand les Occidentaux sont arrivés en Australie, au Canada, en Nouvelle-Zélande, ils ont créé ce qu’ils appellent "la mission civilisatrice". Ils voulaient que les autochtones deviennent des quasi-Occidentaux. Et ils ont créé des écoles pour cela.»

Il revient sur les conditions dans lesquelles étaient scolarisés ces élèves:

«Le taux de décès dans ces écoles était de 42%. La plupart mourraient de la tuberculose et d’autres maladies. Il n’y avait pas de contrôles du ministère de la Santé. On n’allait pas voir si tout se passait bien. Les inspections avaient noté qu’un enfant recevait un morceau de pain et un peu de lait chaque jour. Cela ne suffit pas pour maintenir une santé durable. On ne faisait rien pour améliorer la situation et on obligeait les autochtones à se scolariser dans ces écoles pour ne pas manquer à la mission civilisatrice que l’Occident avait imposée. C’était pour la plupart du temps de la négligence, mais il y a eu des maltraitances et des abus.»

Le diplomate compare l’état actuel des autochtones et le système des centaines de réserves à la situation en Afrique du Sud. Il estime qu’il faut changer radicalement le système canadien:

«En Afrique du Sud on avait créé des réserves. Maintenant tous les Sud-Africains sont répartis dans l’ensemble de l’Afrique du Sud. Au Canada on parle d’une seule voix pour les Indiens mais cela n’améliore en rien leur sort.»
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