Oubliez le franglais. Bientôt l’heure sera au fransuisse. Une valeur cependant moins appréciée que son homophone, le franc suisse!
Conseiller national de l'Union démocratique du centre (UDC) pour le canton suisse de Vaud, Michaël Buffat ne fait pas mystère de son hostilité à cette mesure. Outre «l’attaque contre la langue française», il mentionne au micro de Sputnik un problème social et «le nivellement par le bas».
«Ça témoigne également d’une décadence de l’école ces dernières années. On ne veut plus apprendre l’effort aux jeunes. C’est positif pour un jeune de devoir apprendre: d’apprendre par cœur et acquérir le goût de l’effort», constate l’élu.
D’ailleurs le «goût de l’effort» deviendrait «gout de l’effort» suivant la graphie «adaptée». La liste des rectifications est longue. Chacun peut jouer à l’apprenti linguiste pour essayer de comprendre la logique des modifications. Pourquoi «douceâtre» est-il désormais figé sous la forme «douçâtre» tandis que la «mûre» perd son accent circonflexe pour devenir «mure»?
Une scission sociale en perspective?
«Pour l’instant, nous sommes dans une société égalitaire. On encourage tout le monde à apprendre. Mais on risque de ne pas pousser à apprendre ceux qui ont des difficultés. On va leur dire: si vous n’arrivez pas à le faire, ne le faite pas», déplore Michaël Buffat.
La maîtrise de la langue semble indispensable pour cet élu qui a déposé l'année dernière au Parlement suisse une motion «pour exiger de meilleures connaissances linguistiques lors de la naturalisation et de l'octroi d'autorisations d'établissement». Et il se bat pour que «toute personne qui veut s’intégrer» maîtrise la langue, «un des principaux moyens d’intégration».
De l’école primaire à l’université
«Ça n’a pas de sens. Ce projet –de faire coexister deux orthographes– me paraît totalement absurde. Ce n’est pas parce que les jeunes qui sortent de nos écoles n’ont plus le goût de l’effort qu’on ne doit plus apprendre la langue correctement. Là, on va dans une mauvaise direction», assure le député.
Et les jeunes de Suisse romande auront bien besoin de garder intact le désir d’apprendre, parce que, arrivés à l’université, ils se retrouveront de nouveau dans le royaume du français classique.
Une mesure également jugée «discutable» par Hélène Richard-Favre, écrivain et linguiste, au micro de Sputnik.
«Ce qui me frappe avant tout est que cette réforme que la Suisse a adoptée ne va concerner que certains degrés de l’enseignement scolaire, mais pas l’université. Il y a là une incohérence qui me paraît plus discutable, sinon inquiétante, que la réforme elle-même», observe l’auteur.