Espionnage d'alliés européens: Macron et Merkel attendent des explications des USA

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Emmanuel Macron et Angela Merkel, photo d'archives - Sputnik Afrique, 1920, 31.05.2021
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Le lendemain de la révélation par la télévision danoise des allégations d’espionnage de hauts responsables de plusieurs pays européens, dont la France et l’Allemagne, par les Américains, les dirigeants français et allemand qualifient une telle situation d’«inacceptable» et affirment attendre des explications de Washington et de Copenhague.

Emmanuel Macron et Angela Merkel ont appelé lundi les États-Unis et le Danemark à s'expliquer sur les allégations d'espionnage de certains responsables, dont la chancelière allemande.

«Si l'information est juste [...] ce n'est pas acceptable entre alliés» et «encore moins entre alliés et partenaires européens», a réagi à l'issue d'un conseil des ministres franco-allemand le Président français, dont la chancelière allemande a aussitôt approuvé les propos.

«Je suis attaché au lien de confiance qui unissent Européens et Américains» et «il n'y a pas de place entre nous pour le soupçon», a-t-il ajouté.

«C'est pourquoi ce que nous attendons, c'est la clarté complète. Nous avons demandé à ce que nos partenaires danois et américains apportent toutes les informations sur ces révélations et sur ces faits passés et nous sommes en attente de ces réponses».

«Je ne peux que m'associer aux propos d'Emmanuel Macron», a répondu Angela Merkel.

«J'ai été rassurée par le fait que le gouvernement danois, dont la ministre de la Défense, a également fait savoir très clairement ce qu'il pensait de ces choses [...] C'est une bonne base non seulement pour clarifier les faits mais aussi pour rétablir des relations de confiance», a-t-elle ajouté.

Enquête danoise

L'espionnage par Washington de ses alliés européens jusqu'au plus haut niveau est largement connu depuis les révélations du lanceur d'alerte Edward Snowden, mais le rôle qu'auraient pu jouer certains pays de l'Union européenne dans l'opération accroît encore la portée du scandale.

Selon DR, la National Security Agency américaine (NSA) a pu accéder aux SMS, aux appels téléphoniques et au trafic Internet -y compris les recherches, les chats et les services de messagerie- de responsables, parmi lesquels également le ministre allemand des Affaires étrangères de l'époque, Frank-Walter Steinmeier.

Les révélations de DR reposent sur un rapport confidentiel du renseignement militaire danois (FE). Baptisé Operation Dunhammer, il avait été commandé à une date inconnue par la direction du FE après l'affaire Snowden -suggérant que le service aurait pu ne pas être au courant- puis remis en mai 2015.

Sollicité par l'AFP, le FE s'est refusé à tout commentaire. Sans s'exprimer directement sur les faits, la ministre de la Défense, Trine Bramsen, a jugé «inacceptable» dans un bref communiqué «l'espionnage systématique de ses proches alliés».

«C'est inacceptable si des pays qui entretiennent une coopération étroite entre alliés ressentent le besoin de s'espionner», a également estimé la Première ministre norvégienne, Erna Solberg.

«C'est pourquoi nous souhaitons en savoir le plus possible de la part du Danemark. Il a mis en place une commission d'enquête. Nous avons demandé les informations en sa possession», a-t-elle déclaré, citée par la radiotélévision NRK.

La Suède a aussi affirmé avoir demandé des explications.

«Nouvelles pièces du puzzle»

L'affaire éclaire d'un jour nouveau le limogeage en août 2020 du chef du FE, Lars Findsen, de son prédécesseur, Thomas Ahrenkiel -alors promis à un poste d'ambassadeur à... Berlin- et de trois autres agents. Ils avaient été renvoyés par Mme Bramsen qui, selon DR, a justement été informée de l'espionnage des Européens au même moment.

La raison précise de leur mise à l'écart n'a jamais été rendue publique. Mais le gouvernement leur a reproché d'avoir «caché des informations essentielles et cruciales» et «fourni des informations incorrectes» sur des renseignements obtenus entre 2014 et 2020.

Le service s'est aussi vu reprocher d'avoir obtenu de manière «non autorisée» des informations sur des citoyens danois et de ne pas «avoir suivi ni enquêté davantage sur des indications d'espionnage».

«Ce sont de nouvelles pièces du puzzle. C'est exactement le même scandale que celui montrant que les services allemands avaient aidé les Américains à espionner il y a quelques années», a souligné pour l'AFP Thomas Wegener Friis, un expert du renseignement à l'université du Sud-Danemark.

Seul pays nordique membre à la fois de l'Otan et de l'UE, le Danemark figure parmi les plus proches alliés des États-Unis en Europe.

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