Exercices militaires algéro-russes en Ossétie du Nord: quels sont les enjeux?

Des élements des forces spéciales algériennes - Sputnik Afrique, 1920, 22.04.2021
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Dans un entretien à Sputnik, le directeur de Menadefense Akram Kharief livre son analyse sur l’importance des exercices tactiques antiterroristes auxquels prendra part une unité des forces spéciales algériennes en septembre en Russie. Selon lui, «l’échange d’expériences dans la lutte antiterroriste devient crucial».

Dans le cadre de la coopération technico-militaire entre l’Algérie et la Russie, un exercice tactique conjoint entre les deux armées est prévu en septembre 2021 en Ossétie du Nord, au polygone d’entraînement de Tarskoye, près de la frontière géorgienne (sud-ouest de la Russie), indique un communiqué du ministère russe de la Défense. Côté russe, ce sont les forces spéciales appartenant à la 58e armée stationnée à Vladikavkaz (Ossétie du Nord) qui y prendront part.

Par ailleurs, la note explique que l’exercice consiste «en des actions tactiques pour rechercher, détecter et détruire les formations armées illégales». Elle souligne que «le plan d’entraînement au combat 2021 du district militaire Sud prévoit la participation […] d’unités des forces armées d’Abkhazie, d’Ossétie du Sud, d’Arménie, d’Algérie, d’Inde, du Kazakhstan et du Pakistan».

Pour en savoir plus sur les enjeux, les moyens et les objectifs de ces exercices, Sputnik a sollicité Akram Kharief, directeur du site algérien d’information militaire Menadefense. Selon lui, la liste des pays sélectionnés et le choix de la région (l’Ossétie du Nord) offrent des indices de lecture qui renvoient à des enjeux géopolitiques et géostratégiques face auxquels «l’échange d’expérience dans la lutte antiterroriste devient crucial».

Pourquoi le polygone Tarskoye en Ossétie du Nord?

«Le choix fait par l’armée russe d’organiser cet exercice en Ossétie du Nord tient à l’histoire de cette région qui présente un contexte et une topographie idéale pour la lutte antiterroriste de par ses conflits qui se sont déroulés en Tchétchénie, en Ingouchie et au Daghestan», indique l’expert qui précise que cette «région a exactement les mêmes caractéristiques géographiques que ces trois territoires».

Et d’ajouter que «ces exercices vont permettre aux armées russe et algérienne, mais aussi à celles des autres pays participants, de confronter leurs expériences en matière de lutte antiterroriste».

«Deux doctrines antiterroristes différentes»

Concernant l’exercice algéro-russe, M.Kharief rappelle que la Russie – qui a combattu le terrorisme en Afghanistan, en Tchétchénie, en Ingouchie et au Daghestan – «a développé une doctrine antiterroriste différente de celle de l’Algérie qui a eu à faire face à ce fléau de manière intense durant une dizaine d’années (dans les années 1990) et sur des terrains aux reliefs différents: zones forestières et montagneuses dans le Nord, désert dans le Sud».

Dans le même sens, Akram Kharief expose qu’il «y aura une partie militaire pure dans ces exercices, vu qu’ils seront sous l’égide de la 58e armée du district du Sud».

«Cette région a connu un conflit [entre la Russie et la Géorgie en août 2008, ndlr] qui a induit un changement radical dans la doctrine militaire russe», ajoute-t-il, soulignant que «dans ce domaine il y aura également un échange d’expérience en matière de gestion de conflits de basse et moyenne intensité».

Quid des enjeux géopolitiques?

Au-delà des aspects purement techniques de ces exercices, le nombre de pays qui y prendront part séparément avec les forces spéciales russes «informe sur des enjeux importants communs».

En effet, le directeur de Menadefense évoque «l’enjeu de la sécurisation des voies commerciales, de transport de gaz et de pétrole, ainsi que les corridors qui seront développés dans le cadre du projet chinois de la Route de la soie face aux hordes terroristes qui pourraient les saboter est pris en compte».

Depuis la guerre d’Afghanistan, «le terrorisme islamiste international est devenu une arme géopolitique et géostratégique qui sert à faire valoir les intérêts de certaines puissances», explique l’expert, soutenant que «ce qui se passe au Moyen-Orient, au Levant, notamment en Syrie, et dans la région du Sahel, est à ce propos édifiant».

Enfin, Akram Kharief indique que dans ce genre de défis sécuritaires de grande ampleur, «en plus de la formation de forces spéciales d’intervention rapide, une conjonction de moyens humains et technologiques est nécessaire». À titre d’exemples, le directeur de Menadefense cite l’utilisation de «la surveillance par satellite, de drones – y compris d’attaque et de missiles balistiques comme les Iskander – pour frapper vite et avec précision», conclut-il.

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