Couvre-feu: tolérance pour les musulmans dans plusieurs départements à cause du ramadan

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Un musulman - Sputnik Afrique, 1920, 17.04.2021
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Dans plusieurs départements, les forces de l’ordre ont reçu la consigne de ne pas verbaliser les musulmans qui circulent pendant le couvre-feu en période de ramadan, affirme Le Figaro. Si la préfecture du Tarn a démenti cette information, le ministère de l’Intérieur a reconnu des tolérances locales.

Les policiers et gendarmes ont-ils reçu l’ordre de ne pas verbaliser les musulmans pour violation du couvre-feu pendant la période du ramadan? D’après Le Figaro, des mesures de «tolérance» envers les fidèles ont été transmises au moins dans le Tarn et dans l’Hérault, voire peut-être dans d’autres départements.

L’affaire trouve son origine dans un article du jeudi 15 avril du Journal d’Ici, média local du Tarn, affirmant que des commissariats et gendarmeries du département avaient reçu un mail de la préfecture concernant une tolérance à la fois pour la rupture du jeûne en soirée et la première prière du matin, un peu avant six heures, soit avant la levée du couvre-feu.

«Le créneau nocturne correspond à la rupture du jeûne et il est potentiellement susceptible de générer des rassemblements sur la voie publique ou aux abords des mosquées», indique le message révélé par le journal.

Le Parisien a confirmé l’existence de ce mail. «Ces consignes encouragent les forces de l'ordre au discernement», a expliqué au Journal d’Ici Frédéric Roussel, directeur de cabinet de la préfecture.

Démenti

Le lendemain, face au début de polémique, la préfecture du Tarn a démenti cette information. «Constatant la mauvaise compréhension des consignes données aux forces de l'ordre, la préfète leur rappelle ce jour clairement que toute personne contrevenant aux règles du couvre-feu doit faire l’objet de verbalisation», indique-t-elle sur Facebook.

France Bleu précise que cette tolérance n’a en fait été accordée qu’à l’association «Lueurs de l’islam», basée à Albi, pour faire l’aumône sur la base de celle déjà accordée aux associations comme la Croix-Rouge pour ses distributions de nourriture ou aux livraisons à domicile comme Uber-Eats et Deliveroo. Face à la polémique, l’association musulmane a d’ailleurs décidé de ne plus faire l’aumône.

Autres départements?

Mais la consigne aurait pu être donnée sur l’ensemble du territoire, comme en témoigne le communiqué du 14 avril du Conseil français du culte musulman (CFCM) qui indique qu’«il est toléré de se rendre au lieu de culte le plus proche de son domicile pour accomplir la prière du matin». Cette tolérance a été accordée «par monsieur le ministre de l’Intérieur», précise le CFCM, lequel recommande toutefois de décaler l’heure de cette prière «dans la mesure du possible».

Le Figaro affirme par ailleurs que la consigne a également été donnée dans l’Hérault, sans confirmer si c’était le cas pour d’autres départements.

«Plusieurs responsables locaux du culte musulman ont demandé à pouvoir autoriser leurs coreligionnaires le désirant à pratiquer la prière du matin à 5h30, une demi-heure avant la fin du couvre-feu. […] Le ministère nous informe que cette tolérance est accordée pour ces fidèles», est-il écrit dans le mail transmis à la direction départementale.

Le même a été reçu en Gironde, indique Marianne.

Tolérance locale?

Contacté par Le Figaro, le ministère de l’Intérieur répond pourtant, à l’instar de la préfecture du Tarn, que «toutes les demandes pour dépasser le couvre-feu après 19 heures pour des motifs religieux ont été refusées». Il reconnaît toutefois qu’il peut y avoir «localement» une tolérance de quelques minutes «pour la première prière du matin, qui a lieu entre 5h30 et 6 heures».

De leur côté, des responsables policiers assurent auprès du quotidien que cette mesure de tolérance est «officielle» et que les dérogations sont «nationales» car il s’agit de «consignes ministérielles».

«Cette instruction ministérielle de tolérance a été répercutée dans de nombreux services», confie la direction départementale de la région parisienne.

En tout cas, la mesure ne fait pas l’unanimité auprès des policiers. «On se retrouve dans une position délicate. On va devoir gérer des investigations impossibles à mener: comment voulez-vous qu'un policier sache qu'untel est musulman, juif ou catholique?», réagit un syndicaliste pour Le Figaro. «Ces consignes sont totalement déconnectées du terrain», déplore un autre auprès de Marianne.

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