Le Sénat vote un amendement contre les réunions non-mixtes, créant la polémique

© Sputnik . Irina Kalashnikova / Accéder à la base multimédiaLe Sénat français
Le Sénat français - Sputnik Afrique, 1920, 02.04.2021
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Le Sénat a voté un amendement à la loi sur les séparatismes, ciblant les associations qui pratiquent les réunions en non-mixité. Le sujet n’en finit pas d’agiter la sphère politique.

Le Sénat a relancé, si besoin était, la polémique sur les réunions non-mixtes, en votant un amendement à la loi sur les séparatismes. Baptisé amendement UNEF, du nom du syndicat étudiant qui avait mis ce concept sous le feu des projecteurs, le texte permettra la dissolution des associations qui interdisent leurs réunions à des personnes en raison de leur race, de leur origine ou de leur religion.

Présenté par le sénateur LR Stéphane Le Rudulier, l’amendement a fait consensus chez la majorité de droite et du centre, suivie par le groupe socialiste. Mais d’autres figures politiques n’ont pas tardé à faire part de leur indignation. Sur Twitter, Jean-Luc Mélenchon a notamment dénoncé un vote «honteux», affirmant que les réunions non-mixtes n’étaient qu’un «prétexte» à la dissolution de certaines associations.

Le leader de LFI campe sur ses positions depuis plusieurs semaines, puisqu’il avait déjà signé un billet sur son blog visant à «défendre l’UNEF», fin mars. Il y défendait les réunions non-mixtes, qui ont selon lui pour vertu de «libérer les personnes du poids du regard discriminant et surtout de l’intériorisation de l’humiliation des préjugés racistes». Il reprenait ce faisant les arguments de Mélanie Luce, présidente de l’UNEF, qui avait admis sur Europe 1 que des réunions interdites aux Blancs étaient organisées par son syndicat.

Clémentine Autain, députée LFI de Seine-Saint-Denis, a également tiré à boulets rouges sur le Sénat, lui reprochant de s’aligner sur «l’agenda de l’extrême-droite».

Aurélien Taché, député Les Nouveaux Démocrates du Val-d’Oise, s’inquiète pour sa part du consensus entre droite et gauche traditionnelle sur le sujet. Le clivage politique s’effaçant, il voit dans les polémiques à propos des réunions non-mixtes une «fracture générationnelle».

Un sujet brûlant

Le concept des réunions non-mixtes, parfois lié à celui de «safe space», fait florès dans les universités françaises depuis quelques années. Importée des campus américains, la démarche est censée permettre à des groupes se sentant discriminés de discuter entre eux, en excluant d’autres personnes.

La question avait déjà défrayé la chronique en septembre, alors que des réunions de ce type avaient été organisées à l’université Panthéon-Sorbonne par des comités féministes. Les hommes cisgenres, c’est-à-dire les personnes nées hommes et se considérant comme telles, en été exclus. L’UNEF était là encore à la manœuvre.

La polémique a récemment rebondi avec l’aveu de Mélanie Luce sur Europe 1, quant aux réunions interdites aux Blancs. Ses propos ont suscité une réprobation quasi unanime, de la part de personnalités aussi diverses que Marine Le Pen, Anne Hidalgo ou Christophe Castaner.

Des voix discordantes se sont néanmoins fait entendre du côté de LFI, mais aussi du PS avec Audrey Pulvar. La candidate en lice pour les régionales a en effet déclaré que les personnes blanches pouvaient se rendre aux réunions non-mixtes, à condition de «se taire», lors d’un entretien avec BFM TV.

D’aucuns voient dans ces déclarations une dérive de la gauche vers le communautarisme et les théories décolonialistes américaines.

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