Loi «Climat et résilience»: pour Priscillia Ludosky, le Président a «simplement voulu mettre fin aux Gilets jaunes»

Manifestation "pour une vraie loi climat" 28 mars à Paris
Manifestation pour une vraie loi climat 28 mars à Paris - Sputnik Afrique, 1920, 28.03.2021
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À la veille du débat à l’Assemblée nationale sur le projet de loi «Climat et résilience», partout en France, des militants écologistes manifestent leur colère ce 28 mars. L’objet de leur courroux? Le dévoiement des mesures proposées par la Convention citoyenne. Pour Priscillia Ludosky, ce manque d’ambition relève d’une manœuvre politique.
«On voudrait que vous rentriez chez vous, donc on crée la Convention.»

Si la militante et figure des Gilets jaunes Priscillia Ludosky ironise, le constat reste pourtant amer. Selon elle, il n’y a aucun doute: la mise en place de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) n’était qu’une réponse politique d’Emmanuel Macron afin de mettre «simplement fin aux Gilets jaunes».

«C’était simplement l’engagement d’un Président dans une lettre de mission à reprendre les propositions sans filtre, mais il y a eu des filtres. Emmanuel Macron n’était pas dans l’optique de la co-construction ou encore de respecter les accords de Paris», affirme Priscillia Ludosky, qui a aussi suivi les travaux de la Convention en tant que «reporter citoyen».

La co-auteur de «Ensemble, nous demandons justice– pour en finir avec les violences environnementales» (Éd. Florent Massot), rappelle que la décision d’élaborer ce dispositif découle du collectif gilets citoyens, issus des mouvements sociaux pour le climat et des Gilets jaunes.

La Loi «Climat et résilience» déçoit: manifs partout en France

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C’est pourquoi elle n’est relativement pas surprise du manque d’ambition du projet de loi «Climat et résilience», qui sera présenté à l’Assemblée nationale le 29 mars. Un état de fait déploré par plusieurs membres de la CCC, qui ont lancé un appel pour une «marche pour une vraie loi climat». Près de 400 organisations ont décidé de les rejoindre pour amplifier leur voix, ce dimanche 28 mars. Plus de 170 évènements ont d’ailleurs été recensés à travers la France, selon le site vraie loi climat. À Paris, les manifestants se sont donné rendez-vous Place de l’Opéra pour se diriger ensuite jusqu’à la Place de la République.

​Pour ces militants, il s’agit de tenter de mettre la pression sur les parlementaires afin qu’ils reprennent l’intégralité des propositions émanant de la Convention. En effet, après avoir travaillé d’octobre 2019 à juin 2020, les 150 membres tirés au sort ont proposé 149 mesures dont l’objectif affiché est de lutter contre le réchauffement climatique en réduisant de «40% les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 dans un esprit de justice sociale.»

Un projet de loi «pas à la hauteur»

Des recommandations dont semble avoir fait fi le gouvernement, si l’on en juge la note de 3,3/10 donnée par la CCC sur la «reprise sans filtre» des mesures, lors de la clôture de cet exercice de démocratie participative au début du mois mars. Pis, le texte final a obtenu une moyenne de 2,5/10. Un désaveu cinglant, donc.

​«C’est un plan de société qui a été proposé et non pas des mesures à prendre de manière individuelle en fonction de ce qui arrange l’exécutif», souligne Priscillia Ludosky. Elle estime donc que «cet élan de solidarité est nécessaire», car la loi issue des travaux de la CCC «n’est pas à la hauteur». Néanmoins, elle craint que ces rassemblements ne soient qu’un coup d’épée dans l’eau.

«C’est bien qu’il y ait ces mobilisations. Cependant, est-ce que les parlementaires oseront dire que cette loi n’est pas assez ambitieuse, donc on introduit plus de choses? Je n’y crois pas. De plus, je ne pense pas que le gouvernement nous entendra», regrette la militante.

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Même pour les parlementaires qui souhaitaient augmenter la portée de la loi, la tâche était compliquée. Ainsi, ce sont près de 5.000 amendements qui ont été rejetés en amont de l’examen du texte. Or, des instances comme le Haut conseil pour le climat, le Conseil national de la transition écologique et le Conseil économique, social et environnement, ont également pointé des insuffisances.

Autant d’éléments qui font dire à la militante qu’il est dorénavant primordial d’avoir une «vraie représentation citoyenne au sein des institutions

«Quand on a le nez dans les lois, on est un peu déconnecté de la société […] Il faut mettre en place des mécanismes qui permettent que les préoccupations réelles des citoyens soient prises en compte. Aujourd’hui, le problème est qu’il n’y a pas de lien entre les travaux que l’on fait et l’implémentation des mesures», conclut Priscillia Ludosky.
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