«Ville définitivement perdue»: cible de menaces, un professeur de Trappes placé sous protection

© Photo Pixabay / takenUne école
Une école - Sputnik Afrique, 1920, 06.02.2021
S'abonner
«Les atteintes à la laïcité sont collectives et très bien organisées.» Un professeur de philosophie à Trappes, qui parle du danger de la présence islamiste dans la ville, se rend à son travail sous escorte policière depuis le mois de novembre. Pour Le Point, il a accepté de témoigner.

Didier Lemaire, professeur de philosophie à Trappes (Yvelines) depuis près de 20 ans, se trouve sous protection policière depuis novembre. Ne se sentant plus en sécurité, l'enseignant «jette l'éponge».

«Je suis sous escorte depuis le mois de novembre. Chaque fois que je monte en voiture, je vérifie que mes portières sont bien fermées, que je ne suis pas suivi. Je ne veux pas vivre dans la peur. Je n'attends plus qu'une chose: mon exfiltration», confie-t-il en exclusivité au Point.

Lettre ouverte après le meurtre de Samuel Paty

En 2018, M.Lemaire rédige une lettre avec Jean-Pierre Obin, auteur de l’ouvrage «Comment on a laissé l’islamisme pénétrer l’école», destinée au Président français afin d’exhorter le gouvernement à prendre des mesures et à protéger la jeunesse «de l'influence des intégristes». En novembre 2020, il publie une lettre ouverte après l’assassinat de Samuel Paty pour dénoncer le manque de stratégie de l'État face à l'islam politique.

Selon Le Point, la menace est bien «réelle» et «plane» sur le professeur depuis la diffusion d'un documentaire réalisé par la télévision néerlandaise sur l'«emprise islamiste» à Trappes. Dans ce film, il parle de la situation, défend la liberté d'expression, fustige la pression sociale et religieuse sur ses élèves et raconte la «réalité du danger de la présence islamiste» sur cette ville. Après que la journaliste a reçu «de nombreux messages haineux» en référence à l'intervention du professeur dans ce documentaire, il n’est plus diffusé. L’enseignant est lui placé sous protection policière.

«En colère», Didier Lemaire ne veut pas garder le silence. «Je reste un prof de philo. Je ne pourrai jamais me taire. Je vais toujours l'ouvrir. Mais je considère que Trappes est une ville définitivement perdue». Il fustige «les tentatives d'intimidation» de certains habitants de la ville ainsi que l'intervention du maire lui-même, Ali Rabeh.

«Le maire colporte dans la ville des accusations mensongères et haineuses qui me désignent en tant que cible potentielle. Il m'a traité d'islamophobe et de raciste. Il a le droit de le penser. Mais cette pensée est une arme de guerre idéologique et c'est de la calomnie. C'est surtout un procédé dégueulasse, après ce qui est arrivé à Samuel Paty. Il me jette en pâture et me met en danger. C'est absolument irresponsable de la part d'un élu de la République.»

Joint, le maire n'a pour le moment pas répondu aux sollicitations du Point.

«Processus de purification»

M.Lemaire évoque les années d'une lutte amorcée dès les premiers jours de sa nomination à ce poste. «Il y a 20 ans, tout a commencé pour moi avec l'incendie de la synagogue en octobre 2000. Après ça, il n'y a plus eu de juifs à Trappes. Et finalement, plus d'inscriptions antisémites sur les murs de la ville. Maintenant, ce sont les athées et les musulmans modérés qui partent. Les intégristes sont en train de réussir leur processus de purification. C'est effrayant!»

D’après lui, tout s'accélère. En deux ans, il dit avoir vu «plus de transformation chez les jeunes et dans l'espace public que ces dix-huit dernières années. Aujourd'hui, les atteintes à la laïcité sont collectives et très bien organisées».

«On n'a plus beaucoup de temps avant que cela ne dégénère. Nombre de ces enfants sont élevés dans la haine de la France. Nous ne sommes pas loin d'un scénario à l'algérienne et nous ne sommes plus dans un état de paix. Il nous faut des lois d'exception qui visent l'ennemi et ne s'appliquent qu'à l'ennemi.»

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала