Les faits sont tragiques et la liste des victimes ne cesse de s’allonger. Depuis quelques mois, au Cameroun, les personnes souffrant d’insuffisance rénale peinent à se faire soigner. Du coup, elles côtoient au quotidien le couloir de la mort. Dernier drame en date, vingt patients suivis à l’hôpital régional de Maroua, tout au nord du pays, sont décédés en un mois, faute de kits d’hémodialyse. Dans ce centre hospitalier, apprend-on de sources locales, seuls trois appareils sur les huit existants sont opérationnels. Pour une quarantaine de patients, c’est largement insuffisant. Outre les pannes de machines, on déplore nombre de coupures d’eau et d’électricité.
15 morts à Bertoua, 20 à Maroua par manque de dialyse suite à une insufisance reinale dans ce dernier mois, pour ne compter que ceux là.
— ⛩(天)⛩ (@A_zTwT) December 2, 2020
Un appareil de dialyse coute 2 millions de fcfa.
En 2005 le CHU yde n'en comptait que 2, un pour le directeur seul et l'autre pour les autres.
Un drame national
Révoltés par ces décès en cascade, les malades de cette région ont manifesté leur exaspération le 1er décembre devant l’établissement incriminé. Dans la foulée, le directeur du centre d’hémodialyse de l’hôpital a annoncé des travaux de réparation et un retour progressif à la normale. Hélas, le calvaire décrié à Maroua est loin d’être un cas isolé! Fin novembre 2020, un autre cri de détresse a retenti dans la ville de Bertoua, région de l’est du pays. Là aussi, le bilan s’avère alarmant. En l’espace de sept mois, près d’une quinzaine de malades ont péri faute de traitement. Dans cette partie du pays, le seul centre existant est à l’arrêt depuis mai 2020, à cause du manque d’équipements opérationnels. Si les autorités sanitaires n’ont pas réagi au sujet des nombreux décès annoncés, elles reconnaissent néanmoins la multiplication des défaillances au niveau des centres d’hémodialyse. Elles promettent d’y remédier.
@DrManaouda 15 malades d’insuffisance rénale décédés faute de soins à Bertoua.Le centre d’hémodialyse de la région de l’Est serait à l’arrêt depuis près de cinq mois
— mohamadou ahmadou (@mohamadouahma11) November 20, 2020
Dans une interview accordée début décembre au quotidien gouvernemental, Cameroon Tribune, le docteur Huguette Claire Nguele Meke, directrice de l’hôpital régional de Bertoua, annonçait avoir réceptionné, depuis le 21 novembre, des kits d’hémodialyse malheureusement non compatibles avec l’appareillage du centre. De plus, l’arrivée de nouvelles commandes est différée à cause de la pandémie de coronavirus, précise-t-elle. En attendant, les malades sont automatiquement redirigés vers les villes de Douala ou de Yaoundé, la capitale.
«On invoque plusieurs raisons aujourd’hui comme le Covid-19, des problèmes de maintenance des appareils, mais elles ne sauraient justifier ces crises à répétition. Les autorités sanitaires auraient dû anticiper. Malheureusement, on attend toujours d’arriver à des situations dramatiques. On reste dans l’urgence. Ce qui entraîne des morts qu’on aurait pu éviter», peste-t-elle au micro de Sputnik.
Un problème de santé coûteux
L'insuffisance rénale constitue un problème majeur de santé publique dans le monde de par sa prévalence, sa mortalité élevée et les coûts de sa prise en charge. Dans les pays en voie de développement, et notamment en Afrique subsaharienne, la mortalité liée à la maladie est élevée du fait de l'insuffisance des ressources matérielles, financières et humaines. Au Cameroun, l'hémodialyse est le seul traitement de substitution rénale disponible.