«L'islam politique a provoqué la division de la société tunisienne», affirme un dirigeant démissionnaire d’Ennahdha

© AP Photo / Hassene DridiRached Ghannouchi, président du parti islamiste tunisien Ennahda
Rached Ghannouchi, président du parti islamiste tunisien Ennahda - Sputnik Afrique
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L’islam politique a échoué en Tunisie, car il a «maintenu la même ligne […] d’avant révolution ne prenant pas la mesure du changement survenu dans la société», a affirmé Lotfi Zitoun, un dirigeant démissionnaire du mouvement Ennahdha à l’agence dpa.

En pleine crise interne au sein du mouvement islamiste proche des Frères musulmans* Ennahdha en Tunisie, sur fond de dissensions politiques relatives aux questions de rénovation du parti et de sa direction, Lotfi Zitoun, un de ses dirigeants et conseiller du président Rached Ghannouchi, a déclaré que «l’islam politique avait lamentablement échoué en Tunisie». En effet, dans une déclaration à la Deutsche Presse-Agentur (dpa), il a appelé ses confrères à faire d’Ennahdha un parti strictement national et développer une vision et un projet pragmatique loin de l’idéologie.

«L'islam politique a provoqué un état de division au sein de la société tunisienne à un moment où les revendications de la révolution étaient foulées aux pieds des politiciens», a affirmé M.Zitoun.

Selon lui, le mouvement Ennahdha a échoué dans la gestion du pays durant les trois années ayant suivi la révolution de 2011.

«La cause réside dans le fait que le parti a maintenu la même ligne politique d’avant révolution ne prenant pas la mesure du changement survenu dans la société», a-t-il expliqué, soulignant que ceci se greffait aussi «à son incapacité de prendre en considération les appels internes aux changements en vue de sa transformation en parti national». «L'heure est au pragmatisme et au projet», a-t-il ajouté.

En conclusion, Lotfi Zitoun a affirmé qu’«à mon avis, et selon mes conclusions personnelles, les dernières années précédant le printemps arabe, l'islam politique est devenu un facteur de division et de dissension dans les sociétés musulmanes et dans certains points chauds qui ont presque tourné en guerres civiles».

L’aveu de Moncef Marzouki

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Dans un entretien à la chaîne qatarie Al Jazeera, l’ex-Président tunisien Moncef Marzouki qui a gouverné le pays entre 2011 et 2014 avec le mouvement Ennahdha a affirmé que «ce qui a tué la révolution en Tunisie c’est la durée de trois ans qu’a pris la transition politique». «Nous avions perdu beaucoup de temps dans les questions politiques en négligeant les questions économiques et sociales».

Dans le même sens, il a affirmé que «c’est ça qui a facilité la tâche à la contre-révolution pour reprendre le pouvoir en Tunisie», a-t-il affirmé.

Le même cas a été observé en Égypte. Les Égyptiens sont sortis par millions dans les rues pour demander le départ du défunt ex-Président Mohamed Morsi également issu du mouvement des Frères musulmans*, pas pour des raisons politiques ou idéologiques, mais pour des raisons économiques et sociales.

*Organisation terroriste interdite en Russie

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