Un «chasseur un peu rougeaud, qui picole et tire sur tout ce qui bouge»: une image dénaturée de la chasse?

© Photo Pixabay / lagunabluemollyChasse. Nature. Image d'illustration
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Les attaques contre les chasseurs, qui se déclarent pourtant comme étant les «premiers écologistes» et les «représentants de la ruralité» en France, sont-elles justifiées? Pour le président de la Coordination rurale, il s’agit de la cohabitation naturelle entre «le monde sauvage et le monde des champs».

Le nombre d’accidents de chasse, «légèrement en hausse cette saison» en France, et plusieurs publications sur la détresse des animaux traqués relancent une fois de plus la polémique sur la chasse. Les médias critiquent de plus en plus les chasseurs qui «se coupent du monde et de ses enjeux». Certains accusent le parti politique Mouvement de la ruralité, ancien parti Chasse, pêche, nature et tradition, de «s’être autoproclamé comme étant le représentant du monde rural».

Au micro de Sputnik, Bernard Lannes, président du syndicat agricole La Coordination rurale, précise qu’«aujourd’hui, il n’y a pas une majorité d’agriculteurs chez les chasseurs» et que leur nombre était beaucoup plus important «autrefois».

«Les chasseurs sont nos amis»

Un fusil - Sputnik Afrique
En chassant des sangliers en Dordogne il glisse avec son fusil armé et se tire dessus
Il y a deux ans, une importante campagne de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) avait été violemment critiquée. L’accroche présentait les chasseurs comme les «premiers écologistes de France» et les qualifiait d’«acteurs majeurs de l’équilibre agro-sylvo-cynégétique». Pour le président de la Coordination rurale, les chasseurs «font partie de notre ruralité» en tant que régulateurs de la cohabitation entre le monde sauvage et le monde des champs.

«Nous autres, agriculteurs, avons toujours dit: ‘Les chasseurs sont nos amis.’ On a besoin d’eux pour la régulation des espèces animales invasives qu’il faut maîtriser», explique-t-il.

La rupture apparaît néanmoins avec les «gens de la ville» et le «matraquage médiatique d’une certaine catégorie de personnes» qui ne supportent pas que l’on «tue des animaux» et que la chasse «excite».

«On caricature le chasseur un peu rougeaud, qui picole et qui tire sur tout ce qui bouge avec son fusil. C’est une image fausse, même s’il y a parfois des dérives», signale Bernard Lannes.

Le chef de l’organisation agricole signale que «dans la grande majorité», les chasseurs aident à maîtriser la reproduction des animaux sauvages. «Surtout le sanglier, le chevreuil et autres nuisibles» qui depuis une dizaine d’années «causent énormément de problèmes dans l’agriculture».

Référendum d’initiative partagée

Un cerf (image d'illustration) - Sputnik Afrique
«Corrida dans les forêts»: le cliché d'un cerf épuisé déclenche des appels à interdire la chasse à courre
Un sondage IFOP publié en juillet 2020 révélait que parmi les 73% de Français soutenant le référendum d’initiative partagée (RIP) pour les animaux (dont la fin de la chasse à courre et du déterrage de renards et de blaireaux), 77% viennent des zones rurales. 

Pour le président de la Coordination rurale, certains modes de traque (comme la chasse à la glue), sont minoritaires par rapport à «la chasse en général». À l’instar de la chasse à courre, qui «fait appel à un certain monde».

«Si l’on n’a plus de chasseurs, qui se chargera demain de gérer les sangliers?», interroge Bernard Lannes.

Le représentant du syndicat agricole considère que les modes de chasse controversés «sont le problème du législateur et un problème politique – les garder ou pas».

Le changement de nom du parti des chasseurs

Le parti Chasse, pêche, nature et tradition (CPNT) a changé de nom il y a un an pour devenir Le Mouvement de ruralité. Cette «appropriation par les chasseurs» de l’univers rural a fait couler beaucoup d’encre.

«Ce choix est politique pour ceux qui le font. Mais cela n’a rien à voir avec une vision globale de la ruralité parce j’estime que c’est un ensemble de professions et un ensemble de modes de vie en dehors des grands centres», rétorque, pour sa part, Bernard Lannes.

Une fois de plus, le président de la Coordination rurale souligne que les deux mondes ne sont pas en opposition, «parce que la ruralité est une continuité de la ville».

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