Nucléaire iranien: «Les États-Unis sont complètement isolés dans l’enceinte des Nations unies»

© AP Photo / Mary AltafferConseil de sécurité de l'Onu
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Nouvel échec onusien pour Washington. L’Administration Trump veut rétablir les sanctions contre l’Iran et prolonger l’embargo sur les armes, qui prend fin le 18 octobre 2020, mais le Conseil de sécurité a voté à une écrasante majorité contre la plainte américaine. Un signe de plus de l’isolement des États-Unis sur le dossier iranien.

Les États-Unis seuls contre tous dans l’enceinte onusienne? La plainte de Washington présentée à l’Onu visant à rétablir les sanctions internationales de l’organisation contre Téhéran et à maintenir l’embargo sur les armes a été rejetée par le Conseil de sécurité ce 25 août.

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En effet, les États-Unis ont annoncé le 20 août avoir enclenché le mécanisme de «snapback» prévu dans l’accord sur le nucléaire iranien de 2015. Cette procédure, juridiquement controversée, prévoit que l’un des pays signataires du Plan d’action global commun (PAGC) peut remettre en place les sanctions à l’égard de l’Iran si le pays en question estime que Téhéran ne respecte pas sa part du marché.

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Mais le Conseil de sécurité n’a pas donné suite à cette plainte, au motif que Washington s’est unilatéralement retiré de l’accord de Vienne en 2018, rendant leur utilisation du «snapback» techniquement impossible. Mais l’Administration Trump a la tête dure, en particulier concernant l’Iran. Malgré l’annonce du rejet, mardi, par la présidence indonésienne du Conseil de sécurité, Washington persiste à estimer qu’il peut y avoir recours, parce que l’accord de 2015 les mentionne toujours en tant que partie prenante.

​«En vertu de la résolution 2231» qui a entériné l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, «nous sommes en droit de déclencher» le retour de sanctions internationales et gardons la «ferme intention de le faire en l’absence de courage et de clarté morale de la part du Conseil», a asséné Kelly Craft, l’ambassadrice américaine à l’Onu, après avoir pris acte de la décision de la présidence du Conseil de sécurité de l’Onu.

Néanmoins, en vertu de l’accord de 2015, si une notification de violation des engagements de l’Iran est portée au Conseil de sécurité, il appartient en principe à la présidence dudit organisme de proposer une résolution. Il n’est donc en principe pas possible pour Washington d’imposer unilatéralement le rétablissement des sanctions onusiennes sur l’Iran.

Encore un revers onusien pour Washington

Au-delà des arguties juridiques autour de cette procédure, ce rejet du Conseil représente tout de même une défaite symbolique pour les Américains. Elle atteste de leur isolement grandissant à l’international sur le dossier iranien, selon Thierry Coville, spécialiste de l’Iran à Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS):

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«Les États-Unis sont complètement isolés dans l’enceinte des Nations unies, qui est tout de même la principale institution qui supervise les relations internationales dans le monde», souligne le chercheur au micro de Sputnik.

Une analyse partagée par Philippe Moreau-Defarges, ancien diplomate, qui rappelle à Sputnik France, qu’«il n’est pas nouveau que les États-Unis se prennent une claque au Conseil de sécurité de l’Onu.»

L’exemple de l’invasion de l’Irak en 2003 est en effet là pour rappeler que cette débâcle n’est pas une occurrence isolée. La frustration n’en est pas moindre pour Washington. Et ce, même si ce rejet de la plainte américaine était prévisible, compte tenu des positions officielles sur la prolongation ou non de l’embargo sur les ventes d’armes à l’Iran, en particulier de ses partenaires européens.

«D’où la colère d’ailleurs de Mike Pompeo et de la diplomatie américaine, car des pays “amis” ne les suivent pas», indique Thierry Coville. Ainsi, l’appareil diplomatique américain, par la voix de Kelly Craft, est-il monté au créneau pour dénoncer ceux qui ne soutiennent pas les efforts américains et qui «se retrouvent maintenant en compagnie de terroristes

La violence des propos américains, un aveu de faiblesse?

Mike Pompeo a quant à lui dénoncé en amont de ce vote, la «stupide minimisation» des activités iraniennes par les Européens. Une brutalité lexicale rare, surtout vis-à-vis d’alliés, mais qui en dit long sur la frustration américaine, estime Thierry Coville:

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«La violence des propos américains est un aveu de faiblesse. Le fait de dire que les Européens jouent le jeu des Ayatollahs, c’est une preuve qu’ils n’ont plus d’arguments.»

Et ce, même s’il «faut rester prudent, car l’affaire n’est pas finie. Les États-Unis ont l’intention de présenter une résolution similaire une fois que le Conseil de sécurité et sa présidence auront changé.» Le Niger, qui deviendra président du Conseil de sécurité au 1er septembre, est prévenu…

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