La raison pour laquelle la France a mis 50 ans à reconnaitre sa responsabilité dans la déportation des Juifs

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Le 16 juillet 1995, Jacques Chirac admettait la participation de l’État français à la déportation des Juifs, durant la Seconde Guerre mondiale. L’aboutissement d’un long processus, selon plusieurs experts interrogés par BMT TV.

Il y a 25 ans, lors d’une cérémonie commémorative de la rafle du Vel' d'Hiv, Jacques Chirac déclarait que l’État français avait secondé «la folie criminelle de l’occupant» pendant la Seconde Guerre mondiale. 

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Il devenait ainsi le premier Président à reconnaître la responsabilité des autorités françaises dans la déportation des Juifs.

Une position qui tranchait alors avec l’attitude ses prédécesseurs. Depuis le général de Gaulle, qui avait déclaré en 1944 que le régime de Vichy était «nul et non avenu», aucun chef d’État n’avait en effet osé franchir ce pas.

«L'État de Vichy était vu comme exceptionnel, déconnecté de l'Histoire française, donc ce n'est pas nous», explique à BFM TV Myriam Cottias, historienne et directrice de recherches au CNRS.

Une question de génération?

François Mitterrand avait déjà esquissé un début de reconnaissance en 1992, en se rendant pour la première fois à une commémoration de la rafle du Vel d’Hiv.

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 Mais il faudra attendre son successeur pour que la responsabilité française soit explicitement reconnue.

Un changement dans les mentalités qui peut s’expliquer par un décalage entre deux générations.

«Contrairement à François Mitterrand, Jacques Chirac n'a pas vécu comme adulte la Seconde Guerre mondiale […] François Mitterrand a son propre vécu avec cet événement, il est plus facile pour Jacques Chirac de prendre du recul», explique ainsi à BFM TV Sarah Gensburger, chercheuse en science politique au CNRS.

Un cheminement difficile

Le processus vers la reconnaissance de la responsabilité française a donc connu un tournant dans les années 90. Selon Myriam Cottias, c’est en partie le fait de la société civile, les associations ou les descendants ayant donné «l’impulsion» nécessaire, avant d’être suivis par les pouvoir publics.

«La reconnaissance des crimes historiques se fait toujours dans un rapport de force, jamais de façon sereine», explique-t-elle à BFM TV.

Même après les reconnaissances officielles, des tensions entre différentes façons d’appréhender la mémoire peuvent subsister, précise encore l’historienne.

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