Bilan mitigé pour le RN aux Municipales: le cordon sanitaire est-il vraiment mort?

© Sputnik . Kristina Afanassieva / Accéder à la base multimédiaMarine Le Pen
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Résultats mitigés aux Municipales pour le Rassemblement national. Alors que le parti de Marine Le Pen se félicite de la fin du «cordon sanitaire» à son égard, l’ancrage local du RN s’est amenuisé par rapport à 2014, malgré son succès à Perpignan. Le front républicain est-il vraiment mort ou a-t-il gagné en subtilité? Analyse.

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«Le plafond de verre et le “front républicain” appartiennent au passé!» tweetait dimanche soir Marine Le Pen.

Elle réagissait à la victoire de Ludovic Pajot à Bruay-la-Bruissière, dans le Pas-de-Calais, face à Bernard Cailliau, candidat divers gauche. Le maire sortant de ce bastion socialiste s’était pourtant retiré le soir du premier tour pour faire «barrage» au Rassemblement national (RN). Après Hénin-Beaumont remporté en 2014 par Steeve Briois, le jeune député du RN obtient donc une deuxième ville dans ce département pour le parti mariniste.

​Un succès qui s’ajoute à celui de Perpignan, où Louis Alliot affrontait le maire sortant, soutenu par la gauche (EELV-PS) et LREM, les deux candidats ayant retiré leur liste à l’issue du premier tour et appelés à faire barrage au Rassemblement national. En l’emportant avec 53,09% des voix au second tour, avec un rebond de huit points de participation dans la cité catalane, Louis Aliot décroche une nette victoire face au fameux «front républicain».

Quant à la ville de Moissac, également remportée par le RN et son jeune candidat Romain Lopez, les perdants du premier tour, dont le candidat LREM, un ex-journaliste de France Télévision, avaient sans succès appelé la candidate de gauche à faire «un front républicain anti-RN».

Un Front républicain «fissuré»?

Pour autant, le tableau de la soirée est quelque peu terni pour le RN par la perte… de trois villes et de nombreux élus. Lors de ces élections municipales, le Rassemblement national a présenté bien moins de listes qu’en 2014 (420 contre près de 600). Le recul en termes d’élus n’en demeure pas moins particulièrement significatif. À en croire les données compilées ce lundi matin par Franceinfo, le nombre de conseillers municipaux du parti d’«extrême droite» serait en net recul, passant de 1.438 sièges dans 463 communes en 2014 à 840 sièges dans 258 communes dorénavant.

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En Île-de-France, le RN perd sa seule agglomération, Mantes-la-Ville, dans les Yvelines. Dans le Var, au Luc, Pascal Verrelle a été sèchement battu, 56% contre 44%, par Dominique Lain (DVD). Sans oublier le revers à Marseille, avec la perte du 7e secteur. Stéphane Ravier s’y incline, à moins de 400 voix près, face au candidat Les Républicains (LR) David Galtier, conduisant une liste de «rassemblement». Dans la cité phocéenne, l’abstention n’a clairement pas joué en faveur du RN. Déjà plus faible qu’à l’échelle nationale au premier tour (28,06% contre 43,98%) la participation a encore reculé au second (26,05%). On remarquera en effet que dans les villes remportées au second tour par le RN, notamment à Moissac, la participation a bondi et à chaque fois, les nouvelles voix engrangées par les candidats RN furent plus nombreuses que du côté de leurs opposants.

Pourtant, certains espéraient justement la mise en place d’un cordon sanitaire. Fin octobre 2019, une note interne au parti présidentiel fuitée dans Le Monde révélait l’existence de plusieurs scénarios d’alliance avec des maires, ainsi que de «désistement républicain» dans une centaine de communes où le RN risquait de l’emporter.

En off, au RN, le cordon sanitaire se serait fait ainsi «peu ressentir» lors de ces élections, confiait à Sputnik le directeur de campagne d’un candidat, pourtant défait dans l’une des principales villes de France. Même son de cloche de la part d’un candidat RN dans une grande métropole, qui évoque auprès de Sputnik un «relâchement général», tant du côté de la presse locale que des consignes de vote entre les deux tours.

Un entre-deux exceptionnellement long à cause de la crise sanitaire provoquée par le Covid-19. Si Emmanuel Macron avait pris la décision de maintenir le premier tour le 15 mars, celui-ci fut marqué par une abstention historique et bon nombre de polémiques sur des contaminations de candidats et d’assesseurs.

«Désistement républicain» & fronts républicains officieux

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Pour autant, ce ressenti est-il généralisable à l’ensemble des candidatures du Rassemblement national en France? Si la mobilisation anti-RN n’a pas été aussi «religieuse» que par le passé, celle-ci était-elle inexistante? On remarque ainsi qu’à Mantes-la-Ville, si les listes de gauche n’apportèrent pas leur soutien au candidat centriste qui affrontait le maire sortant RN de la commune, leur retrait a bénéficié à son challenger, Sami Damergy. Déjà soutenu par LREM, Le Modem et LR, à participation égale, il double son nombre de voix au second tour (2.755 contre 1.326 au premier) pour finalement l’emporter, passant de 27% à 56% des suffrages exprimés. Même situation dans le 7e district de Marseille où, si en apparence, le front républicain «prend l’eau», le candidat LR David Galtier finira là aussi par l’emporter, en bondissant de 18,22% à 50,98% des votes (10.080 contre 4.199 lors du premier tour).

Ainsi, les défaites du Rassemblement national lors du second tour furent principalement dues à des «fronts républicains» taisant leur nom. Dans les onze communes de plus de 10.000 habitants dirigées par un maire RN ou affilié, quatre ne furent pas réélus dès le premier tour et durent se confronter à un second scrutin.

Seul Étienne Lansade, à Cogolin, dans le Var, en est sorti vainqueur. Et pourtant, il est le seul à avoir fait face à un «front républicain» clairement déclaré, réunissant pas moins de quatre listes d’opposition. Comme quoi, le cordon sanitaire, s’il n’a pas totalement disparu, peut paradoxalement mobiliser l’électorat frontiste.

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