Aux États-Unis, le FISA Act et le Patriot Act «permettent facilement des abus du gouvernement central»

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Quelle est l’origine du récit de la soi-disant ingérence russe dans la campagne électorale américaine de 2016? William Barr, le ministre de la Justice américain, mène l’enquête sur ses propres subordonnés, le FBI et les procureurs. Marc Ruskin, ancien agent spécial du FBI, dévoile le dessous des cartes au micro de Rachel Marsden.

Le ministre de la Justice nommé par Donald Trump prend des mesures pour le moins étonnantes. William Barr est en guerre ouverte avec le FBI (la police fédérale) et les procureurs fédéraux, deux administrations dont il a la responsabilité.

 Il est accusé d’ingérence dans les dossiers de collaborateurs de Trump qui ont été condamnés au cours de l’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur une prétendue ingérence russe lors de l’élection présidentielle de 2016. Si la justice américaine a récemment abandonné ses poursuites de certains «trolls Russes», des subordonnés de Trump ont été reconnus coupables de crimes sans rapport avec la Russie, comme d’avoir menti aux enquêteurs ou d’avoir réalisé de fausses déclarations de revenus.
Mais qu’en est-il des Américains ordinaires qui sont envoyés en prison pour de tels crimes? Vont-ils également recevoir l’attention particulière du ministre de la Justice? Ou est-elle uniquement réservée aux amis de Trump?
Marc Ruskin, ressortissant français fort d’une carrière de 20 ans en tant qu’agent spécial du FBI –au cours de laquelle il a reçu cinq éloges–, réagit aux récentes manœuvres du ministre de la Justice: 

«Barr est en train de mener une enquête qu’il a commencée déjà il y a plus d’un an, qui commence à effrayer beaucoup de politiciens et d’officiels, qui ont beaucoup de pouvoir à Washington. Pour pouvoir gérer une enquête quasi indépendante, il a choisi des procureurs qui sont en dehors de Washington et qui ont des réputations d’intégrité impeccable.» 

L’ancien procureur de district adjoint à Brooklyn, New York, et auteur du livre The Pretender: My life undercover for the FBI (Éd. Thomas Dunne Books), revient notamment sur le cas du général Michael Flynn. Il fut le conseiller à la sécurité nationale de Trump, mais a quitté son poste après avoir avoué qu’il avait menti au vice-Président Mike Pence au sujet d’une conversation avec l’ambassadeur russe à Washington, pendant la période de transition entre les Administrations Obama et Trump.
Ce dernier a également affirmé en décembre 2017 qu’il avait renvoyé Flynn, puisqu’il avait menti au FBI, ce qu’il a confirmé devant un juge en plaidant coupable. Le juge était censé prononcer son verdict sous peu, mais le département de la Justice a abandonné les poursuites, une démarche attribuée à Barr. Le juge, pour sa part, n’a pas encore accepté cette décision.
Ruskin commente cette décision originale du FBI d’inculper Flynn:

«Le fait que l’enquête a été fermée et qu’on l’a rouverte donne l’impression qu’il a été piégé.»

Le FBI américain - Sputnik Afrique
Vers une habilitation du FBI à fouiller l'historique de navigation des internautes sans aucun mandat
Barr s’en prend aussi aux méthodes de surveillance utilisées contre la campagne de Trump. Cependant, le Sénat américain à majorité républicaine, malgré son opposition ouverte aux tactiques du FBI contre l’équipe de Trump, a récemment voté en faveur d’un texte donnant carte blanche au FBI pour accéder aux données de navigation Web des Américains sans mandat judiciaire. Le citoyen lambda, n’a-t-il pas droit aux mêmes considérations que les amis du Président? Ruskin réagit: 

«Quand les gens ont peur, ils sont prêts à sacrifier leur liberté individuelle pour la sécurité et c’est ce qui s’est passé avec cette loi. Il y a le FISA Act et le Patriot Act, ces deux lois travaillent ensemble et donnent beaucoup de pouvoir au gouvernement fédéral pour des enquêtes de contre-terrorisme et contre-espionnage.
Ce sont des lois qui permettent facilement des abus du gouvernement central. Mais puisque la population avait peur, elle a permis à ces lois d’être promulguées. Mais ce ne sont pas des lois qui durent à jamais, elles doivent être renouvelées. Il doit y avoir des extensions toutes les quelques années, sinon elles expirent toutes seules.» 

Et de poursuivre:

«Alors, dans les derniers mois, la loi FISA et le Patriot Act étaient en train d’expirer, il était nécessaire d’avoir une extension. Il y a eu beaucoup de discussions au Congrès et au Sénat […] et il n’y a pas eu d’accord entre les Démocrates et Républicains avant la date d’expiration, alors ils ont décidé de reporter la décision.»
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