Le ministre algérien de la Communication répond aux allégations de RSF sur la liberté de la presse

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Ammar Belhimer a répondu aux accusations de RSF sur les limitations de la liberté de la presse, notamment dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, accusant «cette ONG française» d’être un instrument «d’influence et de propagande» versé dans la promotion «des révolutions colorées».

L’ONG française Reporters sans frontières (RSF) a classé le 21 avril l’Algérie à la 146e place sur l’échelle mondiale de la liberté de la presse comprenant 180 pays. Dans son rapport, RSF affirme que l’incarcération à Alger du journaliste Khaled Drareni, leur correspondant local qui alimente également des médias français comme France 24, «a montré comment les autorités de certains pays profitaient de l’épidémie de Covid-19 pour régler leurs comptes avec le journalisme indépendant».

Le ministre algérien de la Communication et porte-parole du gouvernement Ammar Belhimer a répondu aux accusations de Reporters sans frontières, affirmant qu’«on sait que RSF, bien que ce soit une ONG, est un élément de la chaîne d’expression du soft power français à travers le monde», indique un communiqué du ministère publié jeudi 23 avril sur son site officiel.

«Cheval de Troie par excellence des révolutions colorées»

Tout en rendant hommage aux nombreux adhérents de RSF qui «forcent le respect pour leur engagement sincère et désintéressé pour la défense de la liberté de la presse», M.Belhimer affirme que cette ONG «ne défend pas avec la même énergie et avec la même constance d’autres journalistes respectables dans d’autres pays, notamment arabes ou africains, alors même qu’ils sont bâillonnés et réellement harcelés».

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Cette sélectivité dans l’action de RSF, le ministre l’explique par la nature des organismes qui soutiennent financièrement l’ONG. Et d’expliquer que cette dernière «bénéficie du soutien, sous une forme ou sous une autre de l’Agence française de développement (AFD), de TV5 et de TV5 Monde, chaînes de l’Audiovisuel extérieur français (AEF), de Radio France, de la Fondation de France, de l’entreprise publique EDF, du ministère de la Culture, du Conseil de l’Europe, de l’Instrument européen pour la démocratie et des droits de l’Homme (IEDDH) et, aux États Unis, de la Fondation Ford, de l’American Express et surtout de la NED, la fameuse National Endowment for Democracy», «le cheval de Troie par excellence des révolutions colorées dans le monde, Maghreb et monde arabe en première ligne», ajoute-t-il.

Selon le responsable, ce sont ces «attaches qui ont permis à un fils et petit-fils de colons [Robert Ménard, ndlr], qui ont fait couler le sang des Algériens dans la Mitidja, d’accéder à sa présidence, avant de terminer comme maire d’extrême-droite d’une commune française [Béziers, ndlr] et agent d’influence d’une petite pétro-monarchie [le Qatar, ndlr]», conclut-il.

«Des martyrs de la liberté de l’information»?

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Ammar Belhimer reproche aux ONG internationales, dont RSF, de ne jamais voir «les facteurs favorables» que l’État algérien met en œuvre pour favoriser «le développement et l’épanouissement» de la liberté de la presse. De plus, il indique que sur les 8.000 journalistes que compte la profession en Algérie, qui selon lui «ne souffrent pas de conditions de travail et de liberté rédhibitoires par rapport à bien d’autres pays dans le monde», «on ne met en avant que trois ou quatre journalistes en vue». «Toujours les mêmes d’ailleurs, pour mieux en faire des martyrs de la liberté de l’information», s’étonne-t-il.

Pour M.Belhimer, «ces journalistes, en réalités des activistes et des professionnels de la subversion, sont distingués en raison de leurs attaques acharnées contre les symboles de l’État algérien». «Ce sont ces mêmes journalistes sous protection permanente de puissances étrangères que RSF défend inlassablement, certains étant des correspondants attitrés», dénonce-t-il.

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Enfin, Ammar Belhimer — journaliste de carrière, professeur de droit public à l’Université d’Alger, fondateur et directeur de plusieurs journaux, notamment de La Nation qui sera interdit par les autorités algérienne dans les années 1990, et enfin l’un des animateurs du Mouvement des journalistes algériens, premier syndicat indépendant de la presse — rappelle que «nulle part au monde, la liberté de la presse n’existe dans une forme absolue». «Partout dans le monde, elle est corrélée, à des degrés divers, à la notion de responsabilité», explique-t-il. Il estime que la liberté de la presse ne peut en aucun cas être «un alibi pour l’irresponsabilité individuelle».

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