Casque Adrian: les GI’s bientôt à la mode française?

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Les futurs casques de l’armée américaine seront-ils inspirés par l’Adrian? Outre-Atlantique, le casque français de la Première Guerre mondiale est jugé supérieur au modèle US contemporain. En effet, son cimier lui permet autant de mieux protéger la tête des soldats des éclats d’obus et des ondes de choc dues aux explosions.

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La caboche des poilus français mieux protégée que celle des GI’s contemporains? Aussi surprenante soit-elle de prime abord, c’est la conclusion d’une étude de chercheurs de la Duke University, publiée le 13 février dans la revue scientifique PLOS ONE.

En effet, selon ces chercheurs, le casque dont étaient équipés les soldats français durant la Première Guerre mondiale (l’Adrian, du nom de son concepteur le sous-directeur de l’intendance au ministère de la Guerre, Louis Adrian) amortirait bien mieux les effets des ondes de choc dues aux explosions que ses homologues britannique (le Brodie), allemand (le Stahlhelm) ou même que le casque actuellement utilisé par les GI américains, l’un d’eux figurant également au banc d’essais.

Placés sur la tête d’un mannequin équipé de capteurs de pression, lui-même placé sous un tube à choc simulant une explosion d’une force capable de provoquer une hémorragie cérébrale, il s’est avéré que le risque de subir une telle lésion serait de 50% sans casque, moins de 10% avec les casques allemand et britannique, de 5% avec le casque moderne américain et de 1% seulement avec le casque français. Des résultats issus de 46 essais, dans trois configurations différentes, le tube à choc devant reproduire les effets de souffle provoqués par l’explosion des obus allemands les plus communément tirés sur le front de l’Ouest.

«Le résultat est surprenant, parce que le casque français a été fabriqué avec les mêmes matériaux que ses équivalents allemand et britannique et que sa coque était plus fine», note l’un des auteurs de l’étude, Joost Op't Eynde.

Principale différence de l’Adrian qui, aux yeux du chercheur, peut expliquer une telle différence entre les résultats du casque français et ceux de ses concurrents: son cimier, fixé par deux rivets, conçu à la base pour cacher une ouverture d’aération au faîte du casque. Ajoutée pour protéger des éclats d’obus, cette partie, qui épouse l’arrondi du casque, «pourrait dévier l’onde de choc sur le côté de la tête», en somme offrir une première couche de protection contre l’onde de choc avant que celle-ci ne vienne frapper le casque lui-même.

Un résultat particulièrement intéressant pour les chercheurs, ceux-ci s’intéressant exclusivement à la protection offerte par les casques contre les dommages dus aux ondes de choc des explosions d’obus. Si les casques modernes sont conçus avec le souci d’atténuer ces dernières, en plus d’offrir une protection balistique, les casques de la Première Guerre mondiale le furent avant tout pour protéger le soldat contre les éclats d’obus.

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Lorsque éclate la Grande Guerre, aucun belligérant ne dotait son infanterie de casque, seules les troupes montées (dragons, cuirassiers) étaient dotées de casque visant à protéger des coups de sabre. Les couvre-chefs des soldats se résumaient alors à un simple habit (képi), voire à des casques rudimentaires, tels que le célèbre casque en cuir bouilli à pointe métallique (Pickelhaube) des fantassins allemands, qui protégeait mal des éclats d’obus.

Or, à l’époque le constat tombe rapidement: dans les rangs des soldats français, près de 77% des blessés le sont à la tête et 80% de ces blessures s’avéreront mortelles. En somme, durant la première année du conflit, plus de 50% des pertes sont alors provoquées par des blessures à la tête, comme le rappelle l’étude. Pour endiguer cette hécatombe, la France devient à la fin de l’été 1915 la première nation à doter ses soldats de casques d’acier, suivi des Anglais à l’automne. Les Allemands ne commenceront à distribuer les leurs qu’au début de l’année suivante. Les soldats français ne seront pas les seuls à s’en équiper: Belges, Italiens, Roumains, Russes et Yougoslaves, tous dans l’Entente, adopteront ce qui s’avérera être un best-seller, produit à 20 millions d’exemplaires durant le conflit. Un réel succès porté par l’effort de guerre français.

Dans leur conclusion, les auteurs de l’enquête estiment ainsi que la protection des casques contre les ondes de choc pourrait être améliorée à travers le choix des matériaux, mais souligne également que «des caractéristiques de conception simples peuvent améliorer ces capacités pour les futurs systèmes de casque», résumaient-ils dans l’abrégé de leur publication. Des résultats qui furent présentés au moment de l’annonce par le Pentagone que 109 militaires américains présentaient des blessures traumatiques du cerveau (TBI) –en somme, une commotion cérébrale– suite à l’attaque de leur base en Irak par des missiles iraniens le 8 janvier. Un nombre qui n’a cessé de croître depuis l’attaque.

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