«Ce qui s'est passé en Libye et en Syrie, c'est en grande partie une conséquence de l’invasion américaine de l’Irak»

© REUTERS / Khalid al-MousilyDes manifestants irakiens se rassemblent lors des actions anti-gouvernementales en cours à Bagdad, en Irak, le 6 décembre 2019
Des manifestants irakiens se rassemblent lors des actions anti-gouvernementales en cours à Bagdad, en Irak, le 6 décembre 2019 - Sputnik Afrique
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Malgré la démission du Premier ministre Abdel-Mehdi le 1er décembre, la violence a de nouveau explosé en Irak, plus d'une douzaine de personnes ayant été poignardées jeudi sur la place Tahrir de Bagdad par des étrangers qui visaient, selon des médias, des manifestants non violents. Un analyste américain a commenté la situation au micro de Sputnik.

Après deux mois de contestations à Bagdad et dans le sud de l’Irak, la rue a obtenu gain de cause sur le pouvoir, le Premier ministre Abdel-Mehdi ayant démissionné le 1er décembre. Pourtant, les affrontements entre les manifestants, d’une part, et la police et l’armée, de l’autre, se sont poursuivis. Qu’est-ce qui est à l’origine de cette puissante contestation populaire? Le journaliste et analyste politique américain Eugene Puryear a essayé de répondre à cette question dans un entretien avec Sputnik.

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Les Irakiens veulent récupérer leur pays

«Depuis la mise en place d’une structure électorale coloniale en Irak, après l'invasion américaine en 2003, plus de 400 milliards de dollars ont été pillés dans le pays, et nous assistons maintenant à un mouvement de protestation de personnes qui cherchent à récupérer l'identité irakienne qui a été, à bien des égards, amoindrie à la suite de cette invasion», a déclaré l’interlocuteur de l’agence.

Et d’ajouter que, dans cette situation, même le grand ayatollah Ali al-Sistani, plus haute autorité religieuse chiite d’Irak, avait pris ses distances avec une classe politique conspuée par la rue. Il a appelé à «une refonte constitutionnelle totale» et a averti que la répression «meurtrière» des manifestations par le gouvernement pourrait entraîner une escalade encore plus grande de la violence.

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Il faut une nouvelle Constitution et une nouvelle classe politique

«Une boîte de Pandore a été ouverte en Irak après la formation du gouvernement post-invasion, suivie par l'emprisonnement de ceux qui n’étaient accusés que de "crimes politiques" ou de ceux qui n’étaient pas alignés sur de "bonnes personnes"», a estimé l’expert.

Pour lui, dans une certaine mesure, cette «politique d'excommunication» a généré les noyaux de groupes tels que Daech*.

«Au lieu d’étudier l’Irak pour mieux le comprendre, les États-Unis vivaient dans leur monde impérialiste, totalement fantastique, persuadés que l’énorme machine américaine ne pouvait faire rien de mal et qu’elle ne pourrait jamais échouer. […] Ils croyaient même que les Irakiens voudraient même que les gouvernements leur soient imposés par un autre pays», a expliqué M.Puryear.

Il a rappelé qu’un million de personnes, peut-être, avaient péri en Irak.

«Ce qui s'est passé en Libye et en Syrie, c'est en grande partie une conséquence de l’invasion américaine de l’Irak, des millions de personnes tuées. Les vrais résultats que nous constatons depuis sont absolument criminels et moralement répréhensibles», a résumé l’interlocuteur de Sputnik.

Les médias font état de 17 manifestants tués vendredi à Bagdad. Selon Ali al Bayati, membre de la Haute Commission irakienne indépendante des droits de l'Homme (IHCHR), au moins 460 manifestants ont été tués en octobre et novembre dans diverses villes du centre et du sud de l’Irak, y compris à Bagdad.

*Organisation terroriste interdite en Russie

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