«Les États-Unis instrumentalisent l’instabilité au Liban pour en ruiner l’économie»

© REUTERS / Andres Martinez CasaresLes manifestations de rue contre le pouvoir au Liban
Les manifestations de rue contre le pouvoir au Liban  - Sputnik Afrique
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Les manifestations de rue contre le pouvoir au Liban se poursuivent dans les villes libanaises, alors que la situation économique du pays est critique, selon le Président, en raison du blocus financier et des sanctions. L’analyste économique libanais Iskander Kfuri livre à Sputnik sa vision des faits.

Washington s’applique à instrumentaliser les manifestations continues contre la classe politique au Liban et exerce des pressions de plus en plus puissantes sur l’économie du pays afin d’y modifier le rapport de forces politiques et de renforcer l’influence de l’Occident, a estimé dans un entretien accordé à Sputnik l’analyste économique libanais Iskander Kfuri.

Une manifestation au Liban  - Sputnik Afrique
Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, compte présenter sa démission sur fond de manifestations - images

Blocus financier  et sanctions US

«Tout cela a été précédé par les sanctions que l’administration américaine avait imposées à la banque libanaise Jammal Trust, ainsi que par sa fermeture ultérieure. Cette menace était également adressée à d’autres banques du pays sous prétexte d’avoir des comptes du Hezbollah. […] Les États-Unis instrumentalisent l’instabilité au Liban pour en ruiner l’économie», a relevé l’expert.

Et de supposer que les États-Unis voulaient changer de pouvoir au Liban pour ne pas lui permettre de renouer des relations avec la Syrie.

Entraver le dialogue entre Beyrouth, Damas et Bagdad?

«Il s’agit sans doute de la volonté des pays occidentaux de garder leur influence sur le Liban et d’entraver la création de ponts entre Beyrouth, Damas et Bagdad», a expliqué Iskander Kfuri, ajoutant que Washington faisait pression sur le Liban pour le contraindre à renoncer à des gisements de pétrole et de gaz «au profit d’Israël».

Il rappelle que l’actuelle crise bancaire affecte entre autres les entreprises travaillant avec le pétrole, le blé et les médicaments, en les privant de devises étrangères indispensables pour acheter des matières premières et des marchandises à l’étranger.

Pendant près de deux semaines, le Liban est resté quasi paralysé par un soulèvement inédit, provoqué par le ras-le-bol de la population face à une économie au bord du gouffre et des services publics en déliquescence. Le pays a retrouvé quelques jours de vie normale avec la réouverture des banques et des écoles après la démission du Premier ministre Saad Hariri et de son gouvernement, mais pas pour longtemps.

Un mouvement social a éclaté au Liban le 17 octobre, suite à l’instauration de nouvelles taxes, dont celle de six dollars par mois sur les appels en ligne via WhatsApp. Devenant violentes, les manifestations de masse se sont vite transformées en un mouvement antigouvernemental. Réclamant la démission du Premier ministre Saad Hariri, les protestataires ont rejeté l'appel au dialogue du Président Michel Aoun. Ils ont bloqué des routes, revendiquant le renvoi du gouvernement et la dissolution du parlement, ainsi que l’annulation des quotas confessionnels en politique.

Bien que le ministre libanais des Télécommunications, Mohammad Choucair, ait annoncé l’annulation de la taxe envisagée sur les messageries telles que WhatsApp, cela n’a toutefois pas mis fin à la révolte en cours contre la classe politique du pays. Et même la démission de Saad Hariri n’a pas calmé la situation.

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