Espionnage saoudien de Twitter: «Tous les soupçons s’orientent vers les Mukhabarat»

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La justice américaine accuse des employés de Twitter d’espionner les utilisateurs du réseau social pour la famille royale saoudienne, tandis que la directrice de la CIA, Gina Haspel, se rend en Arabie saoudite. Éric Denécé, Directeur du CF2R, éclaircit les zones d’ombres de cette affaire au micro de Rachel Marsden.

Gina Haspel, la directrice de la CIA, s’est rendue en Arabie saoudite pour discuter avec des responsables du Royaume, notamment le roi Salmane, le ministre des Affaires étrangères et le chef du renseignement.

Pourquoi? D’après Éric Denécé, Directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), cette rencontre s’est déroulée sous prétexte de coopération «contre-terroriste», mais elle cache d’autres vérités:

«Si Washington décidait de ne plus soutenir ce régime, il tomberait en quelques semaines. C’est là la grande différence avec le régime iranien. Malheureusement, pour des raisons géopolitiques et surtout financières et énergétiques, les Américains ne sont pas du tout déterminés à laisser tomber ce régime.»

D’ailleurs, deux anciens employés de Twitter et un troisième individu, tous d’origine saoudienne, ont été accusés par la justice américaine d’avoir espionné et démasqué des opposants à Mohammed Ben Salmane. L’auteur du livre «Le renseignement au service de la démocratie» dévoile qui aurait pu piloter l’opération:

«Dans le cas présent, tous les soupçons s’orientent vers les Mukhabarat, le service qui intervient à l’étranger qui aurait manipulé les trois individus qui auraient été suspectés aux États-Unis.»

D’après Denécé, les Saoudiens sont parmi les plus actifs au monde sur Twitter. D’ailleurs, en 2015, le prince saoudien al-Walid ben Tatal est devenu, avec sa holding, le deuxième actionnaire du réseau social. L’intérêt de la famille royale dans les investissements technologiques et les opérations de renseignement qui les exploitent n’est donc guerre surprenant:

«Ils sont dans cette logique permanente de vouloir assurer le maintien du régime à tout prix, et donc de surveiller avec une espèce de passivité, si ce n’est une forme de bienveillance, des Américains, tous ceux qui sont opposés à Ben Salmane, afin de les identifier et de s’assurer qu’ils ne représentent pas un danger pour la famille Al Saoud.»

Est-ce que de tels investissements technologiques aux États-Unis, en France ou ailleurs, pourraient porter atteinte à la sécurité nationale de ces pays? Denécé répond:

«Bien sûr, dans tous les domaines. Dans le fait que [l’Arabie saoudite, ndlr] est un soutien du terrorisme, un soutien de l’Islam radical dans nos banlieues et en Afrique. Twitter sert à diffuser un certain nombre de discours de prédicateurs sunnites ou d’imams sunnites radicaux.»

L’expert explique que des «ententes entre des opérateurs privés israéliens et le régime saoudien ne sont pas fortuites et ne sont pas nouvelles.» Le dernier exemple est souligné par des rapports d’ONG qui accusent le NSO Group d’Israël d’avoir aidé les Saoudiens à espionner Jamal Khashoggi, le journaliste assassiné dans un consulat saoudien, un acte que le PDG d’Uber a récemment qualifié de «grave erreur». Il a comparé le meurtre à l’erreur d’Uber d’avoir tenté de déployer des voitures autonomes. L’Arabie saoudite est le cinquième actionnaire d’Uber.

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