Coopération militaire entre Pékin et Bangkok: «la suite logique du rapprochement politique sino-thaïlandais»

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Les forces armées thaïlandaises ne cessent de se doter de matériels chinois, dont 34 véhicules d’infanterie blindés VN-1 qui seront livrés la semaine prochaine. La Chine fournira aussi sous peu au royaume 10 chars de combat VT-4 supplémentaires. Deux analystes chinois et russe commentent la situation pour Sputnik.

Au lendemain des négociations du 17 novembre à Bangkok entre le ministre chinois de la Défense, Wang Fenghe, et le Premier ministre et ministre thaïlandais de la Défense, Prayut Chan-o-cha, a été annoncée la signature d’un gros contrat d’achat par la Thaïlande de matériels militaires chinois, échelonné sur plusieurs années. Il s’agit entre autres de chars de combat VT-4 et de véhicules d’infanterie blindés VN-1. Le montant total de la commande reste inconnu, alors que son premier lot est évalué à 76 millions de dollars (69 millions d’euros).

La dérive chinoise de la Thaïlande

«La coopération militaire sino-thaïlandaise se poursuit depuis 2007. La Thaïlande achète à la Chine des armements, y compris des sous-marins. […] Les échanges entre Pékin et Bangkok dans le domaine militaire ne sont que la suite logique du rapprochement politique sino-thaïlandais», a déclaré à Sputnik Zhu Zhenming de l'Institut de recherche sur l'Asie du Sud et du Sud-Est basé à Kunming.

Selon certains analystes, la Thaïlande, qui est la plus ancienne alliée des États-Unis en Asie du Sud-Est, se rapproche progressivement de la Chine dans de nombreux domaines économiques, mais aussi militaires. Bangkok achète à un prix défiant toute concurrence des chars de combat chinois pour remplacer les M41 américains obsolètes et invite la Chine aux manœuvres internationales «Gold Cobra», exercices militaires les plus importants d’Asie qui étaient à leurs débuts, en 1982, exclusivement américano-thaïlandais.

Les USA perdants dans la concurrence avec la Chine

La Chine concurrence sérieusement les États-Unis en Thaïlande, estime dans un entretien accordé à Sputnik Elena Fomitcheva de l'Institut des études orientales de l'Académie des sciences de Russie.

«Les Américains sont perdants dans cette concurrence et en premier lieu en raison de leur politique de grande puissance», précise l’experte.

Comme elle le rappelle, les États-Unis ont décidé de punir la Thaïlande lorsqu’en 2014, les militaires avec Prayut Chan-o-cha à leur tête ont pris le pouvoir au royaume. Washington a frappé la Thaïlande de sanctions, y compris dans le domaine militaire, arguant de «violations des droits de l’Homme et de la démocratie». À la différence des États-Unis, la Chine s’est abstenue à l’époque de tout commentaire négatif. C’est ainsi que les liens entre Bangkok et Pékin se sont resserrés, y compris dans le domaine militaire.

«Les Américains ont besoin de conforter leurs positions non seulement en matière de livraisons d’armements [au royaume, ndlr], mais aussi de confirmer que la Thaïlande reste leur partenaire stratégique. À part des objectifs économiques, la principale tâche des Américains consiste à s’opposer à Pékin en mer de Chine méridionale. Ils s’appliquent également à être soutenus par les pays de l’ASEAN», indique Mme Fomitcheva, commentant la récente visite à Bangkok du secrétaire américain à la Défense, Mark Esper.

Depuis 2003, la Thaïlande a le statut d’allié majeur non-membre de l’Otan des États-Unis, ce qui veut dire que ses forces armées travaillent étroitement avec leurs homologues américains, notamment via l’organisation d’exercices militaires conjoints.

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