BringBackOurTrees: le hashtag écolo du moment en Côte d’Ivoire

© Photo Alain-Richard Donwahi / Le ministre des Eaux et forêts Alain-Richard DonwahiLe ministre des Eaux et forêts Alain-Richard Donwahi
Le ministre des Eaux et forêts Alain-Richard Donwahi - Sputnik Afrique
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Ministre, préfet, star de beauté, entrepreneur de premier plan, lycéens… ils sont nombreux à se prêter à l’initiative lancée début novembre par Sarah Traboulsi. L’Ivoirienne veut fédérer autour du hashtag #BringBackOurTrees un élan citoyen pour une prise de conscience collective contre la déforestation dans son pays. Entretien.

La forêt ivoirienne est menacée d’extinction. De 16 millions d’hectares en 1960, le couvert forestier est aujourd’hui évalué à moins de 3 millions d’hectares. C’est donc plus de 80% de ses forêts que la Côte d’Ivoire a perdues en à peine un demi-siècle. Essentiellement au profit de la culture du cacao.

Rien qu’en 2017, la déforestation a concerné près de 14.000 hectares dans le sud-ouest du pays, soit l’équivalent de 15.000 terrains de football.

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Devant l’ampleur du désastre, les autorités ivoiriennes ont décidé de réagir en adoptant notamment en mai 2018 une politique de préservation, de réhabilitation et d’extension des forêts. Et le 15 novembre prochain, à l’occasion de la journée nationale de la paix, une campagne nationale de reboisement est prévue avec pour objectif de planter un million d’arbres.

Sputnik s’est entretenu avec Sarah Traboulsi qui a fondé en 2019 Seedballs Côte d’Ivoire, une entreprise citoyenne œuvrant à la reforestation du pays. À l’occasion de la campagne nationale de reboisement à venir qui mobilise l’attention des autorités, l’Ivoirienne de 49 ans a lancé le hashtag #BringBackOurTrees, pour sensibiliser les citoyens à la cause environnementale. Une initiative qui a très vite séduit des internautes de Côte d’Ivoire, lesquels d’ailleurs n’hésitent à poster leur photo sous le hashtag.

© Photo Roland Klohi / Sarah Traboulsi avec une seedball devant son panneau de campagne de reforestationSarah Traboulsi avec une seedball devant son panneau de campagne de reforestation
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Sarah Traboulsi avec une seedball devant son panneau de campagne de reforestation

Sputnik: Comment vous est venue l’initiative de créer ce hashtag? Et quand l'avez-vous lancée?

Sarah Traboulsi: «Le 15 novembre prochain sera la journée nationale de la paix et à cette occasion, le gouvernement a organisé une journée nationale de reboisement. Vu qu’on ne pourra pas tous être en train de planter des végétaux ce jour-là, avec des ONG de jeunes qui aiment être utiles à la cause environnementale, on a décidé de faire quelque chose. Je les ai contactés, je leur ai demandé si ça les intéresserait de faire de la sensibilisation ce jour-là et ils ont donné leur accord. Ensemble, on a commencé à réfléchir. Il fallait trouver un hashtag pour fédérer autour du concept. C’est ainsi qu’on a sorti #BringBackOurTrees et un slogan que vous devriez découvrir le jour de l’événement. Notre souhait est vraiment de faire prendre conscience aux Ivoiriens de la situation de la forêt en Côte d’Ivoire, de leur inculquer l’envie de planter des arbres.»

© Photo Sarah Traboulsi / Un florilège de participants à la campagne #BringBackOurTreesUn florilège de participants à la campagne #BringBackOurTrees
BringBackOurTrees: le hashtag écolo du moment en Côte d’Ivoire - Sputnik Afrique
Un florilège de participants à la campagne #BringBackOurTrees

Sputnik: Vous attendiez-vous à un tel engouement de la part des citoyens ivoiriens autour de cette campagne?

Sarah Traboulsi: «Oui, on s’y attendait assez. C’est un type de campagne qui a déjà été mené à une certaine époque avec le #BringBackOurGirls. Il y a des gens qui nous reprochent un copier-coller mais ce n’est pas grave car justement, il faut copier ce qui est bon. En initiant cette démarche, on escomptait un effet boule de neige avec la participation de certaines personnalités. C’est un slogan simple, qui a un côté sympathique et qui fédère: même des enfants et des gens à l’étranger nous font parvenir leurs photos. Tout ceci nous permet de rallier progressivement plus de personnes à la cause de la forêt ivoirienne.»

Sputnik: En collaboration avec des ONG de protection de l'environnement, vous envisagez de mener des campagnes de sensibilisation dans plusieurs grandes surfaces d'Abidjan, le 15 novembre. Pouvez-vous nous en dire plus?

Sarah Traboulsi: «Ce vendredi 15 novembre, 200 bénévoles de cinq ONG (AECI-Yirimaniloo, Golden Hearts, Green Eco, Action Verte et Yola, ndlr), ainsi que du collectif pour l’écologie du lycée français Blaise Pascal d’Abidjan, vont être déployés dans des centres commerciaux de la ville. Pendant deux heures (de 11h à 13h GMT), ils vont aborder les gens, les sensibiliser, faire de petits reportages.

Cette journée sera vraiment l’occasion pour chaque citoyen de réfléchir à l’impact écologique qu’il doit laisser aux générations futures. Et ce n’est pas seulement en ce jour que nous devons planter des arbres, c’est une action que nous devons perpétuer jusqu’à regagner notre couvert forestier. Il nous faut protéger nos forêts afin d’améliorer notre environnement et limiter les effets de la déforestation.»

© Photo Sarah Traboulsi / Des sacs de seedballs produits pour le ministère des Eaux et forêtsDes sacs de seedballs produits pour le ministère des Eaux et forêts
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Des sacs de seedballs produits pour le ministère des Eaux et forêts

Sputnik: Votre entreprise produit actuellement des seedballs pour le ministère des Eaux et forêts. Seront-ils utilisés lors de la journée de reboisement?

Sarah Traboulsi: «Lors de cette journée de reboisement, le ministère de l’Environnement et ses antennes – dont la Société de développement des forêts (Sodefor) – vont faire planter un million d’arbres sur tout le pays. Ainsi que le ministre Alain Richard Donwahi nous l’a expliqué à l’une des réunions préparatoires, il y a une partie du reboisement qui sera effectuée via un «planting» classique. Mais comme le ministère ne dispose pas d’un million de plants, les seedballs vont servir à combler le manque pour atteindre le million d’arbres à planter. Concernant la quantité de seedballs qui seront utilisées, je vais peut-être laisser le ministère en annoncer les chiffres. Une chose est sûre, nous en avons préparé beaucoup.

Le 15 novembre 2019 sera la première édition de cette campagne nationale de reboisement. On espère qu’au fil des années, l’objectif d’un million d’arbres sera chaque fois un peu plus élevé et que ce challenge deviendra une habitude pour les Ivoiriens. Pour le ministère, l’idéal serait que chacun des 23 millions d’Ivoiriens (chiffre du recensement général de 2014) puisse planter un arbre.

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Pour la petite histoire, quand j’ai commencé à communiquer sur le million d’arbres que nous comptions planter, j’ai été contactée par un Tunisien qui m’a apporté son soutien. Il m’a informée que ce 23 novembre, 12 millions d’arbres seront plantés en Tunisie pour autant de citoyens. Devant mon étonnement face à ce chiffre élevé, il m’a expliqué que si la Tunisie en est à ce stade, c’est le fruit d’une politique forestière menée de longue date. Depuis 50 ans, les autorités tunisiennes apprennent à leur population l’importance des forêts. J’ai été touchée par ce message. Par conséquent, j’espère que dans 50 ans, voire bien moins, autant d’arbres que d’Ivoiriens puissent être plantés.»

Sputnik: À partir du 20 novembre, vous interviendrez avec vos seedballs sur quatre sites pilotes qui sont des forêts classées. En quoi va consister cette expérimentation?

Sarah Traboulsi: «Il s’agit d’un projet qui va consister en des tests que nous allons mener avec le Programme d’investissement forestier (PIF) sur quatre sites, à l’initiative de la Banque mondiale. La première étape va se dérouler le 20 novembre dans le village d'Ahua (centre du pays). La deuxième aura lieu le 23 novembre à Kouaboboka (centre). La troisième se tiendra le 26 novembre à Duekoué (ouest) et la dernière le 29 novembre à Rapides-Grah (sud-ouest). Sur chacun de ces quatre sites, la Sodefor a mis à notre disposition cinq hectares où seront disséminés des seedballs de teck et d’acacia. En fonction de leur croissance, on pourra déterminer les zones les plus propices à chaque espèce et étendre l’opération à de plus grandes surfaces.»

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