Pourquoi la Russie reste-t-elle encore aussi peu connue des Français?

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Si le nombre de touristes français en Russie va croissant, le pays de Pouchkine reste globalement peu connu des habitants de l’Hexagone qui ne sont pas très nombreux à s’y expatrier. Avec Catherine de Loeper, psychologue, spécialiste des relations interculturelles et de la culture russe, nous avons cherché à comprendre les origines de ce phénomène.

Elle est loin, l’époque du pays des Soviets avec son rideau de fer. Mais la Russie reste toujours une terra incognita pour les Français. Ils étaient un peu plus de 5.000 à résider dans ce pays en 2018. Un chiffre en baisse de 4,6% par rapport à l’année précédente, selon les données du registre du ministère des Affaires étrangères. La majorité écrasante (80%) de ces expatriés est installée à Moscou, près de 10% à Saint-Pétersbourg et les autres un peu partout ailleurs sur une superficie de 17,1 millions de kilomètres carrés, mais principalement dans la partie européenne.

Moujiks, vodka… et politique

«La Fédération de Russie est un pays trop peu connu de la plupart des Français», a constaté Catherine de Loeper, psychologue et psychosociologue, née d’un père russe, dans son livre «Vivre et travailler avec les Russes. Petites idées pour approcher un grand peuple». L’auteur qui s’est rendue à Moscou fin octobre pour donner une conférence sur les ressorts culturels dans l’interaction entre les Français et les Russes estime que les deux peuples se heurtent aux stéréotypes ancrés dans leurs sociétés. «Il est question d’une âme russe mystérieuse, de moujiks, de vodka, de belles femmes blondes aux pommettes hautes», note l’auteur qui indique que le mythe construit autour de la Russie est toujours assez partagé.

Mais au-delà des clichés culturels, c’est la politique qui met son grain de sel, et sur ce terrain-là, les médias sont loin d’être une aide pour briser les stéréotypes.

«On a des mass média, dont certains sont peut-être moins dans l’analyse et plus dans les stéréotypes et, grosso modo, je pense qu’on véhicule en France une image plutôt de crainte par rapport à la Russie», affirme Catherine de Loeper interrogée par Sputnik. «J’ai analysé dans mon livre que plus on va vers l’est et plus les Français en ont peur», poursuit-elle.

«De façon générale, les Français ne sont pas très attirés par la Russie. On est depuis longtemps et sans s’en apercevoir les ʺvassauxʺ des États-Unis, selon la formule de Régis Debray, ceux-ci nous ayant beaucoup influencés après la Première Guerre mondiale, et on reste très influencés», poursuit-elle.

Pour la psychologue, les contacts entre les peuples ne font pas disparaître les clichés, car les êtres humains n'aiment pas remettre en question leurs idées. Mais est-ce un mal? Bien au contraire: l’absence de stéréotypes signifierait que l'autre pays n'a aucun intérêt et laisse totalement indifférent, juge-t-elle. Et d’ajouter: «On est frappés par le dynamisme de la production de stéréotypes entre la Russie et la France, témoignant de la vitalité des investissements réciproques».

Explorer le pays de Pouchkine

Si la levée du rideau de fer n’a pu faire disparaître les stéréotypes sur la Russie, le nombre de curieux cherchant à découvrir comme touristes le pays de Pouchkine va croissant.

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D’après le Service fédéral statistique russe, 207.000 Français ont foulé le sol russe en 2018, soit 21% de plus qu’en 2015. Nombre d’entre eux ont été attirés par la Coupe du monde, mais la tendance ne semble pas s’inverser au premier semestre 2019. Sur cette période, 106.000 touristes de l’Hexagone ont traversé la frontière russe, soit 6.000 de plus par rapport à la même période de l’année précédente.

Pour doper leur intérêt, les autorités russes ont offert dès octobre la possibilité de se rendre à Saint-Pétersbourg avec un visa électronique à procédure d’obtention simplifiée. À partir de 2021, ce régime s’étendra à toutes les régions du pays.

Il n’est certes pas facile d’aller au-delà des stéréotypes ni d’apprendre une langue étrangère, de s’adapter aux mœurs. Or, y a-t-il un mal à sortir des sentiers battus? Car comme l’a noté Catherine de Loeper, «les rapports sont toujours un peu passionnés entre Français et Russes».

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