Troubles au Chili: «Il ne s’agit pas des 30 pesos, mais des 30 années de corruption et d’arbitraire»

© REUTERS / Edgard GarridoManifestations contre le gouvernement chilien à Santiago
Manifestations contre le gouvernement chilien à Santiago - Sputnik Afrique
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Les violentes manifestations antigouvernementales reflétant l’explosion de colère populaire se poursuivent au Chili, sans que la crise sociale ne s’apaise. Le problème ne réside pas dans les 30 pesos, mais dans les 30 années de corruption et d’arbitraire des autorités, de l’Église et de l’armée, a expliqué à Sputnik un dirigeant syndical chilien.

Le Chili connaît des violences sans précédent depuis la fin de la dictature du général Augusto Pinochet le 11 mars 1990, rappelle à Sputnik Esteban Maturana, président de la Confédération nationale de la santé municipale (Confusam), l’un des syndicats-organisateurs de la grève générale déclarée le 22 octobre.

Une explosion de haine

«En une trentaine d'années, il n’y a pas eu de telle explosion de haine au Chili», constate le dirigeant syndical.

Pour lui, l'annonce d'une hausse — suspendue depuis — de 30 pesos chiliens (3,75%) du prix du ticket de métro a provoqué une première vague de protestations des étudiants, soutenus par les syndicats.

«Il ne s’agit pas des 30 pesos, mais des 30 années de corruption et d’arbitraire de la part des autorités, de l’Église et de l’armée», estime M.Maturana.

Et d’ajouter que les protestataires exigent à présent de «modifier la Constitution datant des temps de la dictature» et de lancer des réformes dans la santé et l’éducation.

Écouter et analyser les revendications des manifestants

Le président de la Confusam estime que dans la situation présente, la seule issue pour les autorités consiste à analyser les revendications des manifestants, notamment concernant la semaine de travail de 40 heures, et de convoquer la Chambre des députés du Chili.

émeutes à Santiago - Sputnik Afrique
Trois morts dans des émeutes à Santiago, au Chili

Comme toute la population, il condamne la décision d'imposer l'état d'urgence dans neuf des seize régions du pays, de recourir au couvre-feu et de faire intervenir les forces armées. Les Chiliens réclament l'abandon de ces mesures d'exception et le retour des militaires dans leurs casernes.

Que les militaires retournent dans leurs casernes

Selon le syndicaliste, le niveau de répression ne fait que «refléter la lenteur du gouvernement qui s’est limité à adopter des lois sur l’instauration d’un couvre-feu et d’un état d’urgence».

Les troubles ont déjà fait au moins 18 morts, selon l'Institut national des droits humains (INDH), et le nombre de victimes peut encore augmenter.

«Des choses pareilles arrivent toujours quand les militaires sortent dans la rue. […] Et quand le dirigeant se cache derrière l’armée, c’est toujours le peuple qui paie pour les conséquences de ses actions», résume Esteban Maturana.

Des milliers de personnes ont manifesté à Santiago et dans d'autres villes du Chili mercredi, au premier jour d'une grève générale. Liées à une explosion de colère populaire qui se traduit par des protestations et des pillages, ces troubles ne montrent aucun signe d’essoufflement malgré les gestes du Président Sebastian Pinera en vue d'apaiser la situation.

Quelque 20.000 militaires sont déployés dans les rues des villes chiliennes.

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