En colère après la décision de Johnson, les Britanniques lancent une pétition contre la suspension du Parlement

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La décision du Premier ministre Boris Johnson de suspendre le Parlement jusqu'au 14 octobre, soit deux semaines seulement avant la date du Brexit, a déclenché une vague d'indignation au Royaume-Uni où une pétition contre cette mesure recueillait jeudi plus d'un million de signatures, annonce l'AFP.

La livre sterling a chuté de 0,6% face à l'euro et au dollar après l'annonce de la suspension qui a renforcé l'hypothèse d'un «no deal», faisant craindre des pénuries et le rétablissement de droits de douane.

Sur le site officiel petition.parliament.uk, une pétition contre la décision, qualifiée par les opposants de «coup d'État», dépassait jeudi matin les 1,1 million de signatures. Au Royaume-Uni, toute pétition atteignant 100.000 signatures peut déclencher l'ouverture d'un débat parlementaire.

Des milliers de personnes ont manifesté mercredi soir à Londres, Manchester, Edimbourg et d'autres grandes villes. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant le Parlement en scandant «Arrêtez le coup d'État» et en brandissant le drapeau européen, puis à Downing Street où est installé le Premier ministre.

Si le Parlement britannique est habituellement suspendu en septembre en raison des congrès annuels des partis, l'extension de cette suspension jusqu'au 14 octobre a été qualifiée de «scandale constitutionnel» par le président de la Chambre basse, John Bercow.

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«C'est un scandale et une menace pour notre démocratie», a aussi réagi Jeremy Corbyn, le chef du Labour, principal parti d'opposition. M. Corbyn a écrit à la reine pour lui demander un entretien, selon une source au sein du Labour. Il espère obtenir le soutien des députés pour déposer une motion de censure contre le gouvernement, mais devra désormais y parvenir avant la suspension le 9 septembre.

«Ça va être très compliqué pour Jeremy Corbyn (...) d'obtenir un vote de défiance (...) d'autant plus que Boris est exactement ce que le Royaume-Uni cherchait», s'est réjoui sur Twitter le Président américain qui a, à plusieurs reprises, fait miroiter un accord de libre-échange ambitieux avec le Royaume-Uni après le Brexit.

«Je pense que ce que le président américain veut dire, c'est que Boris Johnson est exactement ce que lui recherchait, un Premier ministre docile qui remettra les services publics britanniques aux mains des entreprises américaines», a rétorqué Jeremy Corbyn sur Twitter.

Dans les rangs conservateurs modérés, la suspension a aussi été dénoncée.

L'ex-ministre des Finances Philip Hammond, opposé à un «no deal», l'a qualifiée de «scandale constitutionnel».

Boris Johnson s'est défendu en affirmant sur la chaîne Sky News que le calendrier fixé «laissera amplement le temps aux députés de débattre de l'UE et du Brexit».

Des recours en justice ont déjà été annoncés, par plus de 70 parlementaires écossais devant la plus haute instance civile d'Ecosse d'un côté, et de l'autre par Gina Miller, une femme d'affaires et militante anti-Brexit, devant la justice anglaise.

Boris Johnson a demandé à la reine Elizabeth II, qui a accepté, de suspendre le Parlement après les débats du 9 septembre et jusqu'au 14 octobre. La session reprendra avec le traditionnel discours de la reine, dans lequel elle expose le programme du gouvernement.

La date du retour a été choisie le 14 octobre pour que le Parlement siège avant le Conseil européen et puisse, en cas d'un nouvel accord avec l'UE, adopter la loi nécessaire à sa ratification avant le 31 octobre, date à laquelle le Royaume-Uni doit quitter l'UE, selon un communiqué gouvernemental.

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