Un conflit nucléaire entre les États-Unis et l'Iran est-il possible?

© Flickr / Sandia LabsA test B61-12 nose assembly fired from Sandia National Laboratories’ Davis gun splashes water from an 8-foot-deep pool as a 2,000-pound reaction mass sails into the air from the other end of the gun in a successful impact test at New Mexico Tech’s Energetic Materials Research & Testing Center
A test B61-12 nose assembly fired from Sandia National Laboratories’ Davis gun splashes water from an 8-foot-deep pool as a 2,000-pound reaction mass sails into the air from the other end of the gun in a successful impact test at New Mexico Tech’s Energetic Materials Research & Testing Center - Sputnik Afrique
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Compte tenu de la nouvelle aggravation des relations entre Téhéran et Washington, des frappes aériennes américaines contre l'Iran ne sont plus à exclure, écrit la presse russe.

Toutes les autres mesures (sauf des frappes) prises par la Maison-Blanche contre Téhéran semblent épuisées; il ne reste donc plus que la voie militaire pour régler les différends irano-américains, selon le site d'information Gazeta.ru

Toutefois, les États-Unis n'ont pas encore entamé le déploiement opérationnel des forces sur l'éventuel théâtre des opérations, c'est-à-dire la création des unités nécessaires pour le groupement opérationnel adapté. Or les forces du Pentagone présentes dans la région ne suffisent pas pour une frappe efficace contre l'Iran. C'est pourquoi les activités militaires entre Washington et Téhéran ne sont pour l'instant à évoquer que de manière hypothétique.

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L'administration Trump considère l'Iran comme la menace principale pour la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient. Les alliés américains dans cette région explosive, Israël et l'Arabie saoudite, considèrent l'Iran comme leur ennemi principal. Enfin, Washington, Tel-Aviv et Riyad soupçonnent l'Iran d'élaborer une arme nucléaire.

C'est pourquoi le but militaro-politique principal des États-Unis et de leurs alliés consiste à réduire significativement le rôle de l'Iran au Moyen-Orient, à l'écarter de la scène politique en tant que leader régional et à le priver de la possibilité — même hypothétique — de posséder l'arme nucléaire.

Il est possible d'y parvenir en accomplissant les tâches suivantes: perturber la gouvernance publique et militaire de l'Iran; détruire son potentiel militaire et économique (en détruisant avant tout les entreprises de l'industrie nucléaire de ce pays); et infliger une défaite par les forces aériennes, aéronavales et l'armée de terre.

En l'occurrence, les frappes chirurgicales de l'aviation américaine contre l'industrie nucléaire iranienne ne suffiraient certainement pas, car il est fort probable que l'Iran riposte contre les alliés américains dans la région, contre les terminaux gaziers et pétroliers des monarchies du Golfe, et par un éventuel blocus du détroit d'Ormuz.

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C'est pourquoi, pour dompter l'Iran, les États-Unis devront mener une vaste opération aérienne stratégique en faisant appel à une grande partie de ses forces terrestres et navales. Tout porte à croire qu'il s'agirait d'une version d'une frappe globale rapide de par la forme, mais ciblée sur la région du Moyen-Orient.

Dans ce cas les forces américaines devraient détruire l'aviation, la flotte et les forces de missiles iraniennes au sol, en mer et dans les airs, les réserves, les éventuelles forces de débarquement aériennes et navales, ainsi que protéger leurs propres troupes contre les attaques de l'aviation iranienne.

Il ne fait aucun doute qu'une grande quantité de munitions aériennes de haute précision sera utilisée lors de la toute première attaque, notamment de bombes antibunker, y compris la «mère de toutes les bombes»: la GBU-43/B Massive Ordnance Air Blast.

Et comme l'adversaire hypothétique de l'Amérique s'est retranché trop profondément, il ne faut pas exclure que les États-Unis s'engageront dans le conflit à venir avec des armes conventionnelles et nucléaires, que le Pentagone a récemment dotées de propriétés de haute précision.

Par exemple, en Iran, l'armée de l'air américaine pourrait tout à fait lancer des frappes contre les sites nucléaires du pays avec des bombes aériennes B61-12. Les moyens nucléaires américains accroissent considérablement les capacités de l'aviation américaine et permettent de détruire à la fois les effectifs et l'infrastructure de l'ennemi, remplissant ainsi tous les objectifs qui incombent à l'aviation dans les opérations aériennes uniquement grâce à des moyens conventionnels.

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Bref, les objectifs principaux de l'armée américaine dans ce conflit pourraient être résumés ainsi: grâce à une première frappe aérienne subite et très puissante, détruire le plus rapidement possible le potentiel balistique et la défense antiaérienne de l'Iran; affaiblir les capacités opérationnelles de l'armée de l'air et de la marine de la République islamique; avant d'entamer la destruction progressive du potentiel militaro-économique de Téhéran.

Il ne faut pas s'attendre à l'invasion du territoire iranien avec d'importantes unités terrestres. Les États-Unis chercheront à remplir leurs objectifs militaro-politiques en ne recourant qu'aux forces aériennes et navales, ainsi qu'aux moyens spatiaux. En cas d'opérations interarmées sur le territoire iranien, le Pentagone perdrait en grande partie son principal avantage: sa supériorité technologique.

Quelle serait l'issue

Concernant l'éventualité d'une campagne aérienne des États-Unis contre l'Iran, il n'est pas utile de compter le nombre et le type d'avions, d'évoquer les caractéristiques des missiles de croisière navals et aériens, d'énumérer les différentes munitions aériennes, les caractéristiques de la DCA iranienne, d'analyser le rapport des forces et des moyens, ni de prédire le début et l'évolution du conflit armé: l'essentiel n'étant pas là.

Supposer que Téhéran est capable d'opposer une forte résistance à l'agresseur américain potentiel est très exagéré. Les forces armées iraniennes et le Corps des gardiens de la révolution islamique seront rapidement écrasés par la puissance militaire américaine et israélienne unie. L'éventuelle riposte de l'Iran paraîtrait minime. Et pour cause.

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Les États-Unis possèdent une large supériorité sur n'importe quel ennemi en matière de guerre électronique. Aussi bien technologiquement (le fossé est énorme) que quantitativement. Tous les radars et le matériel radiotechnique de l'Iran seraient tout simplement aveuglés dès le début du conflit. Le brouillage serait si puissant, intense et diversifié que dès la première seconde du conflit les systèmes de gestion des forces armées iraniennes seraient complètement hors service. Le commandement de l'armée de l'air serait privé de la possibilité de désigner des objectifs pour l'aviation de chasse et les bombardiers.

Il convient de noter également un autre point central. Les USA chercheront à lancer des attaques depuis la frontière et des régions hors d'atteinte pour la plupart des moyens offensifs iraniens.

Sur ce point, la tâche principale du Pentagone consiste à neutraliser littéralement dès les premières minutes de la campagne toutes les unités des forces iraniennes dotées de missiles à longue portée. Les frappes de missiles iraniens auraient pu être efficaces si ces derniers avaient été dotés d'ogives nucléaires. Mais les ogives conventionnelles, de quelques centaines de kilogrammes, qui plus est avec de sérieuses lacunes, ne représenteront pas une grande menace pour l'armée américaine et ses alliés.

L'issue finale d'un conflit armé entre l'Iran et les USA serait encore incertaine si Téhéran disposait de moyens pour attaquer en continu les postes de commandement, les centres de communication, les aérodromes, les groupes offensifs aéronavals et navals des USA et de leurs alliés.

Mais à ce que l'on sache, l'Iran ne possède pas de moyens offensifs de longue portée en nombre suffisant capables de fonctionner dans le cadre d'une guerre électronique active. C'est pourquoi il n'y aura pas de confrontation armée équitable entre les USA et l'Iran.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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