«Pantouflage»: une ministre de François Hollande soupçonnée de «prise illégale d'intérêts»

© AFP 2023 PATRICK KOVARIKParis
Paris - Sputnik Afrique
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L’ex-ministre française de la Culture Fleur Pellerin s’est retrouvée dans le viseur de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, à cause d’un contrat conclu avec une société sud-coréenne. Mme Pellerin est soupçonnée d’avoir tissé des liens avec ce partenaire avant de quitter le gouvernement.

La conversion dans le privé de Fleur Pellerin, ex-ministre de la Culture, a attiré l'attention de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), rapporte l'AFP. Cette instance française la soupçonne de «prise illégale d'intérêts» en raison de ses liens avec un géant du web sud-coréen, liens qu'elle aurait établis avant l'abandon de sa carrière politique.

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Dans son rapport publié mercredi, la HATVP estime que l'ancienne ministre a «méconnu [ses] réserves en prenant pour client une entreprise privée avec laquelle elle avait conclu un contrat ou formulé un avis sur un contrat» dans le cadre de ses fonctions gouvernementales.

La société d'investissements Korelya Consulting, créée par Mme Pellerin après son départ de la scène politique, gérait depuis septembre 2016 un fonds «intégralement doté par la société Naver Corp», un poids lourd du Web sud-coréen.

Selon les médias français, Korelya Consulting a levé ensuite un total de 200 millions d'euros en 2016-2017 auprès de cette entreprise, qui gère le premier moteur de recherche local.

Néanmoins, selon la HATVP, les liens entre Mme Pellerin et le géant sud-coréen ont été tissés plus tôt. L'organisme indique que, lors de sa visite en Corée du Sud en octobre 2015, Mme Pellerin a évoqué «un projet de partenariat en vue de la diffusion» par le groupe asiatique «des événements de l'année France-Corée». Un mois plus tard, elle signe «pour le gouvernement français» une «lettre d'intention» avec Naver Corp pour l'hébergement de contenus vidéo.

Ce dossier de la HATVP a été transmis au procureur de la République de Paris, qui doit décider d'ouvrir ou non une enquête judiciaire.

Auparavant, la HATVP, chargée de contrôler pendant trois ans les reconversions dans le privé d'anciens responsables publics, avait émis un avis de compatibilité pour la société de Mme Pellerin, mais «sous réserve d'un certain nombre de précautions visant à prévenir l'infraction de prise illégale d'intérêts». Elle ne peut notamment, et ce jusqu'au 11 février 2019, fournir de prestations à des entreprises qui «ont bénéficié» d'aides financières ou de décisions de la part du ministère de la Culture et de la communication ou «conclu des contrats» avec ses services.

En mai 2018, Mme Pellerin a expliqué que la lettre d'intention évoquée par la HATVP ne présentait «en aucune façon le caractère d'un contrat».

Selon L'Obs, c'est la première fois que la Haute autorité signale à la justice une possible situation de prise illégale d'intérêts dans le cadre de son contrôle du «pantouflage» d'ex-responsables publics.

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