Trump soupçonné de vouloir laisser la Syrie «à la merci» de Poutine

© AP Photo / Hussein MallaUS-Einheiten in Syrien (Archiv)
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L'un des résultats de la première rencontre en plein format entre Vladimir Poutine et Donald Trump à Helsinki pourrait être l'«abandon» du nord-est de la Syrie par Washington, estime l'ancien représentant spécial du département d’État américain pour la Syrie Frederick Hof.

L'ex-représentant spécial du département d'État américain pour la Syrie Frederick Hof note que le retrait des forces américaines, s'il était présenté comme une concession, aiderait Trump à sauver la face. Mais dans ce cas, la Russie devrait prendre plusieurs engagements, écrit Nezavissimaïa gazeta.

«Le régime syrien, l'Iran et la Russie poursuivent un grand objectif. Ils craignent que le succès de la stabilisation du nord-est de la Syrie après l'élimination de Daech puisse créer quelque chose d'unique dans la crise syrienne: une alternative viable et attractive à el-Assad et son entourage. Ils voudraient que le Président Trump fasse confiance à son instinct et rende le nord-est au régime du Président Bachar el-Assad. De son côté, Moscou pourrait étudier l'option d'assurer la sécurité d'Israël et de la Jordanie au sud-ouest pour stimuler les USA à renoncer au nord-est», note l'ancien diplomate au sujet des régions syriennes sous «protectorat» américain.

Et d'ajouter: «Trump est obsédé par l'idée de retirer les forces américaines de Syrie et de faire cesser leur participation aux affaires liées au conflit armé. En analysant ses déclarations publiques concernant le retrait de Syrie, je soupçonne qu'il a l'intention de sauver la face.»

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La Russie s'était engagée à empêcher la concentration des forces iraniennes et pro-iraniennes (comme le Hezbollah libanais) dans les régions sud-ouest frontalières avec Israël et la Jordanie. Leur accumulation préoccupe particulièrement l'État hébreu: les positions des forces loyales à l'Iran au sud sont régulièrement ciblées par Israël. Le journal saoudien Asharq al-Awsat a rapporté que sous l'impulsion des USA avait récemment été avancée la proposition de remettre les provinces du sud, dont une partie était jusqu'à récemment sous le contrôle de l'opposition modérée, à Damas. De son côté, la Russie devrait assurer le retrait des forces iraniennes de la frontière avec Israël et la Jordanie. La dynamique militaire dans ces régions indique qu'il n'y resterait, effectivement, pas d'opposition.

Trump a mentionné à différentes occasions son intention de réduire au minimum la participation américaine au règlement du conflit syrien: la mission de lutter contre le «califat» autoproclamé est pratiquement remplie et, selon lui, les contribuables américains ne doivent pas porter le fardeau financier des affaires en Syrie. Le gouvernement américain songe à remplacer son contingent, qui collabore étroitement avec l'alliance militaire multinationale Forces démocratiques syriennes (FDS) au nord-est, par un autre — arabe cette fois. Cette proposition aurait été faite à l'Arabie saoudite et à l'Égypte. Il semblerait que Riyad ait même pris ce plan au sérieux. «Nous avions fait une proposition à l'administration de Barack Obama: si les USA renvoyaient leurs forces, l'Arabie saoudite serait prête à étudier avec d'autres pays l'option de déployer les siennes», a déclaré en avril le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Joubeir, en ajoutant qu'actuellement Riyad était prêt à aider la Syrie.

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Les experts soulignent que le scénario du départ des USA de Syrie avec un transfert de responsabilité ressemble aux événements irakiens. «Obama avait déjà transféré la «responsabilité» de l'Irak à l'Iran, rappelle Kirill Semenov, directeur du Centre d'études islamiques à l'Institut du développement innovant et expert du Conseil russe pour les affaires internationales. Évidemment, à l'époque, cela ne ressemblait pas à la conclusion d'un accord mais, de facto, c'était le cas. Les USA n'étaient pas non plus opposés à l'arrivée au pouvoir en Irak de forces pro-iraniennes et avaient «sacrifié» leurs «proxys» du mouvement sunnite al-Sahwah qui avait repoussé Al-Qaïda dans la clandestinité. On peut donc tirer des parallèles. Les Américains prenaient tout autant soin d'al-Sahwah que des FDS en Syrie. Le résultat que cela a entraîné est une autre question. Dans la situation actuelle, Bachar el-Assad, contrairement à Saddam Hussein, est resté au pouvoir en conservant d'une manière ou d'une autre les institutions. Mais il existe un autre problème: l'Iran et sa présente multi-échelonnée en Syrie.»

Toutefois, le scénario où la Russie assumerait la responsabilité de la sécurité d'Israël et de la Jordanie soulève la question de savoir combien cette responsabilité pourrait lui coûter. Les services secrets israéliens assurent que les combattants iraniens et pro-iraniens restent dans les provinces du sud en se faisant passer pour des soldats syriens ordinaires. Il ne faut pas non plus oublier le haut niveau d'intégration des combattants du Hezbollah et de la milice chiite dans différentes unités de l'armée de Bachar el-Assad. Les observateurs remettent en question la capacité de la Russie à les influencer et à garantir leur retrait total des frontières sud de la Syrie, conclut le journal.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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