«L’Italie a payé […] l’arrivée de très nombreux migrants»

Le Désordre mondial avec Rachel Marsden
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La commedia dell’arte n’en finit plus en Italie suite aux élections de mars. Le 27 mai, le président Mattarella refusait le nouveau gouvernement de la coalition populiste, provoquant une grave crise. Retrouvez notre débat à ce sujet avec Emmanuel Goût, homme d’affaires français et Michel Taube, fondateur du site ‎Opinion Internationale.

Mais que se passe-t-il donc en Italie? Aucune crise depuis le Brexit n'avait autant secoué l'Europe. Aux dernières élections générales de mars 2018, le Mouvement 5 Etoiles obtenait 33% et la Ligue remportait 17%, suffisamment alors pour former une coalition, sauf que… Sergio Mattarella en a décidé autrement. En principe titulaire d'une fonction plutôt honorifique, le Président de la République a refusé la désignation de Paolo Savona au ministère de l'Économie, sous prétexte de son euroscepticisme.

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Quels sont les facteurs de l'arrivée des partis populistes au pouvoir? Pour Emmanuel Goût, homme d'affaires français, président de Cinecittà World à Rome, c'est à cause des partis traditionnels, qui depuis des dizaines d'années avec des gouvernements très différents, n'ont pas su améliorer la situation macroéconomique de l'Italie, en rappelant notamment le gouvernement technocratique de Mario Monti:

«En Italie, il y a un vrai problème de classe politique et forcément, des partis qui semblent être populistes peuvent catalyser tout un électorat. […] l'Italie s'est sentie abandonnée quel que soit le gouvernement.»

Un problème économique en fait, mais pas seulement. La question de la crise migratoire a en effet cristallisé le scrutin, à un moment où l'Italie a dû affronter seule les arrivées massives d'immigrés venus d'Afrique, le principe de solidarité cher à Bruxelles faisant défaut:

«Trop souvent, c'est vrai qu'en Italie on peut avoir l'impression que l'Europe intervient dans la gestion des pays pour dicter les règles dans un certain sens, ou ne pas intervenir quand il est nécessaire qu'elle intervienne et donc les gens ne comprennent plus l'Europe.»

Une thèse que défend également Michel Taube, fondateur du site d'information ‎Opinion Internationale. Pour lui, les causes sont multiples, mais la pression migratoire est vraiment le premier facteur:

«Il y a une pression migratoire très forte, l'Italie a payé un peu pour tous les membres de l'Union européenne l'arrivée de très nombreux migrants venant des côtes africaines. Je pense que les citoyens italiens en veulent beaucoup aux citoyens européens de n'avoir pas partagé le fardeau et la lourdeur de cette pression migratoire.»

Le journaliste estime ainsi que le vote italien est «un vote de protestation à la fois contre la pression migratoire, mais également contre le fait que l'Union européenne n'a pas joué le jeu et n'a pas joué la solidarité.»

​«Je crois que l'Italie veut redéfinir son rôle en Europe.» Emmanuel Goût considère que le contrat de coalition des 5 Étoiles et de la Ligue n'est pas si délirant, comme l'assurent les élites européennes, et que la Ligue, qualifiée de parti d'extrême-droite, a déjà participé à plusieurs gouvernements:

Il note ainsi une «volonté de sortir des critères de Bruxelles pour pouvoir donner des mécanismes de relance à l'économie: investissements dans les infrastructures, mécanismes de flat tax.» Il rappelle en outre que «la Ligue lombarde est allée plusieurs fois au gouvernement, qu'elle a envoyé des gouvernants et des ministres qui ont acquis une réputation très professionnelle, je pense à Maroni qui a été un ministre de l'Intérieur estimé par la droite et par la gauche. Donc c'est un parti de gouvernement.»

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