Le «faucon» Bolton: un personnage digne de Game of Thrones devient conseiller de Trump

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Vous connaissez probablement Ramsay Bolton, le bourreau sadique de Game of Thrones. L’administration de Donald Trump a promu le «faucon» Bolton comme nouveau conseiller à la sécurité nationale. Portrait d’un homme qui fait peur, non pas à cause de ses chiens de chasse mangeur d’homme, mais de ses opinions tranchées et belliqueuses.

En politique américaine, un «faucon» est un homme partisan d'une politique étrangère agressive. Dérivé du mot «hawkish», qui signifie belliqueux, ce terme redevient récurrent du fait des récents changements dans l'administration Trump.

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Après Tillerson, McMaster: Trump remplace son conseiller à la sécurité nationale
Après Mike Pompeo, nommé Secrétaire d'État en remplacement de Rex Tillerson, Donald Trump s'est entouré d'un autre «faucon», John Bolton, pour succéder à Herbert R. McMaster en tant que conseiller à la Sécurité nationale. C'est donc à M. Bolton que reviendra la lourde tâche de conseiller le Président Trump sur toutes les questions ayant trait à la sécurité des États-Unis.

Quel est le plus méprisable des deux Bolton?

Sa nomination à un tel poste inquiète de nombreux partenaires de Washington partout dans le monde, car, sur de nombreux dossiers, cet ancien —et éphémère- ambassadeur américain auprès des Nations unies est connu pour des positions extrêmement fermes et arrêtées, y compris parmi les néo-conservateurs dont il est issu. Nombreux sont ceux qui craignent que ce va-t-en-guerre ne puisse convaincre Donald Trump de déclencher un conflit majeur.

La nomination de John Bolton en tant que conseiller à la Sécurité nationale de Donald Trump garantit plus ou moins que nous commencions la Troisième guerre mondiale.

Son bref passage aux Nations unies avait pris fin au bout d'un an, après que le Sénat n'ait pas ratifié sa nomination. Un refus compréhensible au vu des propos tenus par le faucon Bolton sur l'organisation.

Dès sa nomination, le nouveau conseiller de Donald Trump avait en effet été qualifié d'ambassadeur «le plus controversé que les États-Unis n'aient jamais envoyé à l'ONU» par The Economist pour des propos tenus dix ans plus tôt, lorsqu'il avait estimé:

«Il n'y a pas de Nations unies. Il y a une communauté internationale qui peut, dans certaines occasions, être dirigée par la seule vraie puissance restante au monde —les États-Unis- lorsque cela sert nos intérêts et que nous pouvons rallier à notre cause.»

Plus récemment, il s'était illustré par une déclaration à peine croyable contre l'organisation. Alors que la communauté internationale montrait son désaccord à la décision de Donald Trump de déménager son ambassade en Israël à Jérusalem, John Bolton avait considéré qu'il ne s'agissait ni plus ni moins que d'un sentiment anti-juif, expliquant:

«L'antisémitisme est rampant aux Nations unies, il l'est depuis longtemps.»

Le faucon, en ligne avec les néoconservateurs, prêche les actions préventives des États-Unis contre d'éventuelles menaces. S'il défend encore aujourd'hui la pertinence de la guerre d'Irak de 2003, ce qui lui avait valu le surnom de «parrain des guerres stupides», c'est sur des dossiers plus actuels que ses positions inquiètent.

​Interrogé par Fox News sur les principales menaces pour les États-Unis actuellement, M. Bolton indiquait qu'il s'agissait selon lui de l'Iran, de la Corée du Nord, de la Chine et de la Russie. Mais pourquoi ces pays?

Dans la ligne des conservateurs américains et de son passé au sein de l'administration de George W. Bush, il défend le fait que Téhéran ne puisse pas être digne de confiance. Comment un État de «l'axe du mal» le pourrait-il, après avoir été «pendant des décennies la Banque centrale mondiale du terrorisme» et avoir enfreint les règles du Traité de non-prolifération pour son programme nucléaire?

Selon Bolton, Téhéran représente une menace que l'accord sur le nucléaire iranien n'a pas fait disparaître, puisqu'il n'est pas juridiquement contraignant. Dans une interview accordée à Fox News le 13 octobre dernier, il pointait la nécessité pour Washington d'abroger ce texte pour neutraliser l'Iran grâce à un texte plus ferme.

«On doit abroger l'accord [sur le nucléaire iranien] et on doit en sortir. Cet accord ne veut rien dire pour les Iraniens. L'Iran est membre du Traité de non-prolifération, et pourtant…»

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Désignation de Mike Pompeo: à quoi s’attendre au Moyen-Orient?
Concernant le dossier nord-coréen —un autre État-voyou de «l'axe du mal» de George W. Bush- le dernier faucon du Président Trump a déclaré à de maintes reprises qu'il ne croyait pas à d'éventuelles négociations pour dénucléariser le pays et s'est prononcé pour une action préventive contre le régime de Pyongyang.

«Le temps de mener des négociations qui vont aboutir à […] un sommet d'ici à deux ans, la Corée du Nord aura déjà des armes nucléaires fonctionnelles. On ne peut pas tolérer cela.»

Son argument est que si la Corée du Nord cherche à négocier, ce n'est en rien parce qu'elle envisage de renoncer à l'arme nucléaire, mais qu'elle a besoin de plus de temps pour développer une capacité de frappe sur les États-Unis. Pour lui, la tentative diplomatique produira «une courte rencontre improductive ou une longue rencontre improductive».

La Russie et la Chine représentent des menaces d'un autre genre que purement militaire. Lors du Congrès des conservateurs américains CPAC 2018, Bolton rappelait que Pékin se pose comme le concurrent direct des États-Unis, tant sur le plan commercial que diplomatique, militaire ou scientifique. Une concurrence qui doit être tuée dans l'œuf, à en croire ses déclarations.

«Du point de vue militaire, il est important que l'on envoie à la Chine un seul court et simple message: vous en l'emporterez pas sur les États-Unis d'Amérique.»

Le faucon s'était engagé en 2013 en faveur d'un assouplissement du permis de port d'armes en Russie. Il s'était pour l'occasion mis en scène dans une vidéo où il s'adressait au «grand peuple russe».

Mais son opinion des Russes semble avoir évolué, puisqu'il expliquait trois ans plus tard que les ingérences présumées dans l'élection présidentielle américaine de 2016 représentaient «un réel acte de guerre, un que Washington ne tolèrera jamais».

C'est, pour moi, l'aspect le plus fascinant de la nomination de John Bolton en tant que conseiller à la Sécurité intérieure. Il a affirmé à plusieurs reprises que l'ingérence russe dans les élections américaines était un «acte de guerre».

Une ligne qui semble toujours être la sienne puisque, interrogé sur les mesures de Theresa May après l'affaire Skripal, il estimait que le gouvernement britannique n'avait pas été assez loin et se faisait l'avocat de mesures plus sévères au nom de la solidarité entre le Royaume-Uni et les États-Unis.

«Ce que les Britanniques devraient faire, c'est fermer entièrement l'ambassade russe et tous les consulats, les renvoyer en Russie, geler tous les avoirs russes qu'ils trouvent dans leur système financier et amener leurs alliés les plus résolus à faire de même.»

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